Le principal actionnaire de l’opérateur télécom suisse, l’allemand Freenet, s’est déjà engagé à servir ses quelque 24% du capital-actions.
Le géant anglo-saxon des télécommunications Liberty Global, propriétaire d’UPC, a lancé une offre de rachat en liquide sur Sunrise valorisant ce dernier à 6,8 milliards de francs. L’opérateur helvétique recommande à ses actionnaires de souscrire à cette proposition et son principal actionnaire, l’allemand Freenet, s’est déjà engagé à servir ses quelque 24% du capital-actions.
Le contrat prénuptial comprend un prix par action de 110 francs, représentant une prime de 32% sur le cours pondéré moyen de Sunrise sur les deux derniers mois, indiquent mercredi les deux protagonistes dans leurs communiqués respectifs. Le retour sur investissement pour les actionnaires de la première heure atteint 90%, depuis l’introduction en Bourse en 2015.
Les critères de succès de l’offre comprennent un taux de souscription d’au moins deux tiers, son approbation par les autorités de la concurrence compétentes et l’absence d’»effet préjudiciable important» défini comme équivalent ou supérieur à 10% du résultat brut d’exploitation (Ebitda) ajusté de 2019, 10% des fonds propres consolidés à fin décembre ou 7% du chiffre d’affaires relatifs au service l’an dernier.
Prompt à articuler des synergies de 275 millions de francs que générerait une fusion entre Sunrise et UPC suisse, le patron du géant anglo-saxon Liberty Global, Mike Fries, a reconnu en conférence de presse qu’il était prématuré d’en deviser les conséquences en termes d’emploi notamment.
L’identité du directeur général de l’unité fusionnée reste également à déterminer, tout comme la marque que portera celle-ci.
L’offre de Liberty Global ressuscite le projet de rapprochement abandonné en fin d’année dernière entre le numéro deux helvétique de la téléphonie mobile et le câblo-opérateur de Wallisellen. Sunrise s’était en effet heurté de manière rédhibitoire à la réticence de ses actionnaires, à commencer par Freenet, qui jugeaient notamment trop élevés les 6,3 milliards de francs placés sur la table.
L’opération avait pourtant obtenu un feu vert inconditionnel de la Commission de la concurrence (Comco). Sunrise avait dû alors s’acquitter d’une pénalité de rupture de 50 millions.
Au terme de cette nouvelle tentative de rapprochement qui donnerait naissance au numéro deux du secteur, Liberty Global entend lancer une procédure de retrait obligatoire sur les éventuels titres Sunrise résiduels et de faire décoter l’entreprise. Le mastodonte se réserve toutefois l’option de réintroduire en Bourse la future entité fusionnée une fois mené à bien le processus d’intégration.
L’offre doit être formellement lancée d’ici fin août et courra pendant au moins 20 jours ouvrés sur SIX Swiss Exchange.
Le dépôt par Liberty Global d’une offre de rachat sur Sunrise a comme effet immédiat la suspension de la collaboration entre le numéro deux helvétique des télécommunication et le petit poucet du secteur Salt dans le domaine de la fibre optique.
Le syndicat Syndicom a favorablement accueilli ce projet de rachat, qui permet de «renforcer le marché suisse des télécoms et d’assurer les emplois». L’organisation a cependant averti qu’elle allait suivre de près ce rapprochement qui va donner naissance à une «entreprise solide», car les synergies prévues et la situation économique «rendent les suppressions de postes inévitables».
L’offre d’acquisition de Sunrise ne constitue pas véritablement une surprise, éventée par la récente nomination à la tête d’UPC Suisse du pilote de la fusion entre UPC Nederland et Ziggo, relève Vontobel.
Les motivations en faveur du rachat du numéro deux helvétique par le propriétaire d’UPC étant similaires à celles pour la reprise avortée l’an dernier du câblo-opérateur par Sunrise, la banque de gestion ne perçoit pas d’obstacle réglementaire à sa réalisation.
La Banque cantonale de Zurich (ZKB) de son côté souligne que le lent processus d’imbrication des activités d’UPC et de Sunrise offre à Swisscom une occasion rêvée pour reconquérir les clients qui se sont laissés séduire par la concurrence ces dernières années.
Le prix de la transaction ne plaide pas en faveur d’une coûteuse concurrence tarifaire. L’avènement d’un second acteur dominant va de surcroît brider les capacités de Salt à venir jouer les mouches du coche, poursuit l’établissement cantonal.
A la Bourse suisse, les investisseurs ont plébiscité le titre Sunrise. Ce dernier s’est envolé à la clôture de 26,8% à 109,30 francs, alors que l’indice de référence SPI a fini en hausse de 1,07%.