Sunrise s’offre UPC Suisse et accroît la pression sur Swisscom

AWP

2 minutes de lecture

Cette acquisition permet à Sunrise de renforcer sa position de premier concurrent convergé avec une présence sur tous les éléments de l’offre combinée quadruple-play.

Sunrise se profile toujours plus comme un concurrent de poids pour Swisscom. L’entreprise de télécommunications a annoncé le rachat du câblo-opérateur UPC Suisse pour 6,3 milliards de francs, une opération qui doit donner naissance à un prestataire majeur de l’offre combinée incluant la téléphonie mobile, le réseau fixe, Internet et la télévision.

Le «mariage», annoncé mercredi soir avec des compléments jeudi, était dans l’air depuis des mois, après l’annonce de transactions avancées entre Sunrise et l’anglo-saxon Liberty Global, propriétaire à 100% d’UPC. Il doit être financé par une part en numéraire de 2,7 milliards de francs, plus 3,6 milliards en reprise de dette.

Sans Freenet

L’allemand Freenet, principal actionnaire de Sunrise à 25%, a indiqué qu’il ne participerait pas à l’augmentation de capital de l’entreprise de télécommunications, appelée à financer le rachat d’UPC Suisse.

Pour être finalisée, la transaction doit encore obtenir le feu vert de la Commission fédérale de la concurrence (Comco), qui mènera un examen approfondi à même de durer environ cinq mois, prévoit Sunrise. «Nous partons de l’idée qu’elle sera acceptée sans restrictions, car elle est de nature à renforcer la concurrence, en faisant de Sunrise un no 2 plus fort», ont estimé en substance Olaf Swantee et André Krause, respectivement directeur général (CEO) et financier (CFO) du repreneur.

Avec cette opération, le plus petit des deux acteurs en terme de valeur d’entreprise s’apprête à avaler le «gros». Sunrise apparaît cependant plus dynamique. Le groupe a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 1,9 milliard de francs, contre 1,3 milliard à UPC.

«Ce rachat permettra de nous renforcer en tant que premier concurrent convergé, avec une présence sur tous les éléments de l’offre combiné quadruple-play», a relevé Sunrise. Le rachat doit permettre à la nouvelle entité d’être «suffisamment grande pour stimuler l’innovation, investir dans de nouveaux services et de nouvelles offres, à des prix compétitifs».

L’entreprise combinée sera no 2 en Suisse aussi bien dans la téléphonie mobile, la télévision - où UPC est notamment présente avec son offre sportive diversifiée de la chaîne MySports, axée autour du hockey sur glace - de l’Internet à haut débit et des services vocaux sur réseau fixe. Aujourd’hui, la présence de Sunrise dans la télévision est relativement faible.

L’impact de l’opération sur les prix est encore difficile à évaluer. D’un côté, l’apparition du nouveau poids lourd pourrait stimuler les offres combinées qui débouchent sur des rabais, au profit du consommateur. Mais de l’autre, toute disparition d’un acteur économique est a priori de nature à amoindrir la concurrence et peut faire monter les prix. Outre Sunrise et Swisscom, le consommateur aura cependant encore le choix d’opter pour Salt, notamment.

Aux yeux de Goldman Sachs, l’opération pourrait renforcer la concurrence dans les offres bon marché de téléphonie mobile. Le bénéfice de Swisscom est susceptible d’en ressortir rogné dans une proportion de 2%, estime encore la banque d’affaires américaine.

Importantes synergies

Sunrise a été reconnu récemment comme disposant d’un réseau de téléphonie mobile de qualité pratiquement égal à celui de Swisscom. Le géant bleu est donc appelé à faire face à un défi de taille sur un marché domestique où il est déjà sous pression, malgré sa position très solide et une clientèle fidèle.

Sunrise - qui a annoncé un bénéfice net de 107 millions de francs pour 2018 - devra cependant d’abord digérer ce «gros morceau». L’opération nécessite de lever 4,1 milliards de francs par l’émission de quelque 50 millions de nouvelles actions, une opération qui risque de refroidir certains actionnaires. Elle représente aussi un important défi technique et organisationnel.

Selon la banque Jefferies, ce rachat risque de peser pendant un ou deux ans sur le bénéfice, être neutre la troisième année suivant l’acquisition et devenir rentable par la suite. Le montant total des synergies est attendu à 2,4 milliards en incluant les frais d’intégration.

L'action chute

Niveau clientèle, Sunrise a le vent en poupe. L’opérateur comptait à fin 2018 environ 1,7 million d’abonnés pour la téléphonie mobile (postpaid), 457’000 pour l’accès Internet, 244’000 pour la télévision et 468’000 pour la téléphonie fixe. UPC à l’inverse a perdu des dizaines de milliers de clients dans la télévision au 4e trimestre.

L’opération permettra au nouveau Sunrise de disposer d’une part de marché (pdm) de 30% dans l’Internet et de 31% dans la télévision. Dans la téléphonie mobile, la pdm atteindra 24%. L’entreprise mettra également la main sur environ 2,3 millions de foyers raccordés au réseau d’UPC.

Récemment, Swisscom et Salt ont déclenché les hostilités en lançant des offres à prix cassés (entre 80 et 90 francs), avec des abonnements qui suppriment totalement ou en très large partie le roaming (frais d’itinérance) en Europe.

A la Bourse, l’action Sunrise a chuté de 8,5% à 74,05 francs, dans un SPI en baisse de 0,17%.

A lire aussi...