Le yen décollait lundi par rapport au dollar, profitant d’un mouvement de liquidation d’opérateurs spéculatifs amplifié par la récente hausse des taux de la Banque du Japon, en pleine turbulence des marchés qui craignent une récession aux Etats-Unis.

Vers 11H15, la devise nippone grimpait de 3,05% vis-à-vis du dollar à 142,18 yens après avoir atteint plus tôt 141,70 yens pour un dollar, un plus haut depuis janvier. Elle gagnait 2,62% contre l’euro à 155,79 yens.

Ce mouvement massif pour le marché des changes est le plus fort pour le yen sur une séance depuis décembre, quand les spéculations sur la fin des taux négatifs de la BoJ allaient bon train.

«Le chaos absolu règne (lundi) sur les marchés financiers. Au milieu de cette agitation, le yen a bondi», résume à l’AFP Stephen Innes, de chez SPI AM. «La course effrénée au désengagement des +carry trades+ a catapulté le yen» à plus de 3% face au dollar.

Le yen a en effet souvent fait l’objet de «carry trade», qui consiste à emprunter de l’argent dans une monnaie dont la banque centrale pratique des taux faibles pour l’investir dans une devise aux rendements plus élevés.

Mercredi, la Banque du Japon (BoJ) avait fait un pas résolu sur le chemin de la normalisation monétaire en relevant son taux directeur à 0,25%, un niveau plus vu depuis 2008, et ouvert la porte a des hausses supplémentaires. De quoi encourager la liquidation des «carry trades».

En parallèle, les données sur l’emploi américain en juillet publiées vendredi ont alimenté les attentes d’une baisse des taux plus importante que prévu de la Réserve fédérale américaine (Fed) en septembre.

Ce contexte contribue à «un affaiblissement plus large du dollar», et à un «environnement de réduction des risques», estime M. Innes.

Le yen bénéficie également d’un élan vers les valeurs refuge.

«Le rythme soutenu de l’appréciation du yen coïncide avec l’intensification de la liquidation des marchés boursiers mondiaux», remarque aussi Lee Hardman, analyste chez MUFG.

Le climat d’aversion extrême pour le risque a en effet entraîné la chute libre des Bourses asiatiques lundi, Tokyo subissant la plus grosse dégringolade en points de son histoire.