Le yen poursuivait sa forte remontée mercredi, porté par les attentes du marché d’une éventuelle hausse de taux de la Banque du Japon (BoJ) la semaine prochaine, et face aux perspectives d’un assouplissement monétaire américain qui fragilise le dollar.
Vers 13H00 GMT (15H00 à Paris), la monnaie japonaise bondissait de 1,15% face au billet vert, à 153,81 yens pour un dollar, après avoir touché 153,76 yens, un plus haut depuis la mi-mai.
Il grimpait également de 1,11% face à la devise européenne, à 167,01 yens pour un euro, peu de temps après avoir atteint 166,93 yens, également un sommet depuis mai.
Entre «les attentes selon lesquelles la Banque du Japon pourrait encore relever ses taux lors de sa réunion» des 30 et 31 juillet, et celles, largement intégrées par le marché, que la Réserve fédérale (Fed) réduise ses taux en septembre, le «changement potentiel des écarts de rendement favorise le yen», explique Charu Chanana, de Saxo Bank.
En mars dernier, la BoJ avait mis un terme à sa politique de taux négatifs qu’elle pratiquait depuis 2016.
La récente hausse de l’inflation dans l’archipel en juin pourrait jouer en la faveur d’une nouvelle hausse, selon les analystes.
Comme plusieurs de ses confrères, Mme Chanana estime également que «les autorités japonaises sont apparemment de nouveau intervenues sur les marchés des changes», «pour contribuer au renforcement du yen».
Selon elle, de telles interventions pourraient contribuer à diminuer les positions spéculatives sur le yen, qui a souvent fait l’objet de «carry trade», qui consiste à emprunter de l’argent dans une monnaie dont la banque centrale pratique des taux faibles pour l’investir dans une devise aux rendements plus élevés.
La devise américaine se repliait face aux principales devises dont la livre, qui prenait 0,16% à 1,2928 dollar, et la monnaie unique européenne, qui grappillait 0,04%, à 1,0858 dollar pour un euro.
La probabilité d’une réduction de taux américains en septembre a été renforcée par plusieurs données publiées mardi, dont celles sur les reventes de logements, qui ont continué de reculer au mois de juin aux Etats-Unis, plongeant même plus qu’anticipé.
L’indice PCE de juin, mesure privilégiée de l’inflation par la Fed, est quant à lui attendu en léger ralentissement sur un an vendredi, après avoir déjà surpris à la baisse en mai à 2,6% sur un an.
Cependant, «l’économie américaine reste résiliente», ce que devraient confirmer jeudi les chiffres sur la croissance du second semestre, tempère Antje Praefcke, analyste chez Commerzbank.
Enfin, le marché évalue encore les conséquences d’une possible victoire du camp républicain, après la tentative d’assassinat de l’ancien président Donald Trump, ou démocrate, qui pourrait être représenté par Kamala Harris, depuis le renoncement du président sortant Joe Biden.
Les analystes s’attendent en outre à ce que la Banque du Canada abaisse mercredi son taux directeur de 25 points de base.