Après un 3e trimestre solide, Geberit manque de visibilité

AWP

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Le bénéfice net reflue de 6% sur un an, à 503,9 millions de francs, mais dépasse largement les attentes des analystes.

Le spécialiste des installations sanitaires Geberit a résisté à la crise pandémique sur les neufs premiers mois de l’année en décoiffant les prévisions grâce à des ventes et à un bénéfice net solides. Le brouillard conjoncturel provoqué par la seconde vague de COVID-19 rend toute perspective difficile alors que le quatrième trimestre s’annonce déjà en repli.

Le chiffre d’affaires du groupe saint-gallois s’est inscrit en baisse de 5,0% sur un an à 2,26 milliards de francs, d’après un communiqué publié jeudi. Le résultat brut d’exploitation (Ebitda) est quasiment stable par rapport à l’année dernière avec une légère régression de 0,9% à 726 millions de francs. Le résultat opérationnel (Ebit), lui, a reculé de 2,1% à 613 millions.

Quant au bénéfice net, il atteint 503,9 millions de francs, en baisse de 6% sur un an. Si ce chiffre et les autres sont plus faibles que ceux de l’année dernière, ils sont en revanche bien supérieurs aux prévisions des analystes.

Les liquidités et équivalents ont bondi de 252,9% à 210,7 millions de francs. Le bénéfice par action (BPA) s’est toutefois contracté de 5,5% à 14,06 francs par action.

Dans l’ensemble, ces résultats font dire au patron de la société Christian Buhl, qui s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique jeudi, que le fabricant est «bien placé pour sortir plus fort de cette crise économique mondiale».

Les effets de la récession se sont surtout fait sentir au deuxième trimestre, qui a concentré le recul des ventes et du bénéfice. A partir du mois de mai, les effets de rebond ont permis de compenser, plus ou moins, les pertes engendrées par les mesures de confinement.

Le coronavirus a toutefois instauré une dichotomie durable entre les différents marchés de Geberit, avec une Europe de l’Ouest qui se porte bien entre l’Allemagne (+5,8%), l’Autriche (4,8%) et la Suisse (+2,7%) tandis que la Grande Bretagne et l’Irlande (-22,1%), la Péninsule ibérique (-12,9%) ou encore la France (-10,4%) ont enregistré une régression continue des ventes durant les neufs premiers mois de 2020.

Pas de visibilité, perspective brouillée

Au vu de la récente deuxième vague de contaminations qui s’abat sur l’Europe et de l’incertitude générale qu’elle provoque, «toute déclaration concernant l’année prochaine ne serait pas professionnelle», a asséné M. Buhl.

Le dirigeant s’attend à un quatrième trimestre plus faible puisque les effets de la reprise économique se sont concentrés au troisième trimestre. L’augmentation des salaires devraient plomber la marge brute d’exploitation (Ebitda).

«Nous voulons continuer à poursuivre nos priorités stratégiques et opérationnelles sans changement», a assuré le patron du groupe. Mais dans l’incertitude du COVID-19 et avec un carnet de commandes sans horizon à long terme, difficile d’émettre des perspectives.

Geberit s’est donc contenté d’annoncer un chiffre d’affaires annuel ajusté des taux de change qui devrait être «légèrement inférieur à l’année dernière» tandis que la marge Ebitda devrait s’enregistrer au-dessus de celle de 2019.

A 12h36, la nominative Geberit prenait 0,3% à 526,00 francs dans un SMI en baisse de 0,24%.

La banque Mirabaud estime qu’il s’agit là d’un «excellent résultat» qui «montre la haute qualité de l’entreprise» et maintient une recommandation neutre. L’enthousiasme est partagé par Credit Suisse tandis que Barclays souligne surtout «la forte discipline opérationnelle» du fabricant d’installations sanitaires.

Patrick Rafaisz d’UBS estime que ses résultats supérieurs aux prévisions et la perspective dévoilée par la direction de Geberit devraient être «bien reçus» par les investisseurs.

Seule voix discordante, celle de l’américain Morgan Stanley, qui estime que l’action Geberit est déjà pleinement appréciée et observe «de meilleurs opportunités de croissance et d’expansion de marge ailleurs».

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