Gonet: l'actualité des marchés au 4 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,29%, S&P 500 -1,37% Nasdaq -1,87% Russell 2000 -1,69%, SOX -2,10%, Eurostoxx -1,02%, SMI -0,97%.

Le toujours excellent Anthony Bondain titre ce matin que «c’est le bazar». Et comme tout un chacun le sait, c’est bien souvent dans les bazars que l’on fait les meilleures affaires (en gardant la tête froide ceci dit).

Si l’on se cantonne à la surface des marchés financiers ce mardi, cela sent la tempête à plein nez. Voyez plutôt: le Dow Jones passe en territoire négatif sur l’année, les rendements obligataires ne cessent de grimper, le dollar fait de même, la volatilité s’emballe sur les actions et les obligations, le déficit du gouvernement américain est de moins en moins ignorable et le speaker de la Chambre des représentants américaine est détrôné (par son propre camp) pour la première fois de l’histoire (lisez: le Congrès risque la paralysie, pas un très bon signe en soi). Mais pourquoi donc les rendements obligataires américains poursuivent-ils leur marche forcée vers le ciel? L’excuse avancée hier est la publication de l’indice JOLTs sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis, qui montre que le marché du travail américain est toujours déséquilibré et offre beaucoup plus de postes ouverts que prévu. Il se trouve que la surchauffe de l’emploi est un des principaux facteurs qui pousse la Fed à maintenir ses taux élevés. Le raisonnement est donc aisé et rapide, hier on se dit dans les chaumières financières que le sacro-saint robinet des liquidités va rester fermer encore plus longtemps que prévu, frustration générale et aversion au risque au menu du jour. Alors bon, on oublie de se souvenir que le rapport JOLTS est un indicateur sacrément retardé, lucidité quand tu nous manques… Ceci dit, c’est vendredi que le money time se produira à ce sujet, lors de la publication du très attendu rapport sur l’emploi du mois de septembre.

Résultat des courses, le 2 ans US décolle à 5,16%, le 10 ans s’envole à 4,85% (5,00% here we come?) et Wall Street de se lamenter, le tapis rouge est déroulé, les ours peuvent entrer en scène (ou plutôt y rester). Tous les secteurs du SPX ou presque reculent hier avec sur le podium de l’infamie la consommation discrétionnaire, l’immobilier et la technologie. Le vénérable Dow Jone chute de 430 points et passe en territoire négatif sur l’année, ça lui apprendra à ne pas être suffisamment équipé en valeurs technologiques. Le SPX clôture à 4229 points, sa moyenne mobile à 200 jours évolue à 4201 pts, c’est son prochain support, ensuite on recule d’un point pour aller sur le niveau psychologique de 4200. La volatilité est de retour, le VIX décolle de 12,3% à 19,78, son grand frère obligataire le MOVE fait de même, il bondit de 11% à 141,67. Le breadth du marché est mauvais avec un SPX à 4 – 1 négatif, les volumes d’échanges augmentent pour la deuxième séance consécutive. Le marché des Fed Funds est perdu dans la traduction et ne prévoit plus rien de concret (merci pour l’aide…), le dollar est fort comme rarement, la paire eur/usd traite ce matin à 1,0473, on peut donc affirmer que le support de 1,0500 fait quasiment partie de l’histoire, le prochain niveau se situe à … 1,0454 (50% de retracement Fibonnacci de la hausse de 0,9633 à 1,1276).

Ça, c’est pour la surface du marché.

Grattons un peu pour voir ce qui se trouve en-dessous. La volatilité du SPX décolle certes, mais en observant le marché des futures, on constate que le VIX à 3 mois traite en-dessous du niveau spot, ce qui nous indique que les traders (professionnels, pas les robinhooders qui ne sont pas retournés parier sur le foot post pandémie), pensent que le marché des actions est proche d’un plancher. Regardez maintenant la courbe des taux US, le spread 2 / 10 ans traite ce matin à -31 points de base. Il y quelques jours, il se situait à -50 bps et il y a quelques mois à -100 bps. Lorsque la courbe des taux 2 / 10 ans est inversée, cela signifie que le rendement du 2 ans est plus élevé que celui du 10 ans, le marché obligataire pensant que la récession est proche. Le fait que l’on soit passé de -100 bps à -31 bps indique que ce même marché s’attend de moins en moins à une récession. Rappelez-vous, l’inflation préoccupe certes, mais on sait qu’elle ralentit et, en parallèle le marché se préoccupe de la croissance, la courbe des taux US, pour peu qu’on l’observe, envoie un signal rassurant. Et puis il y a des titres qui, l’air de rien, sont recherchés dans ce marché nerveux. Prenez Nvidia, qui est montée 7 des 8 dernières séance, si cela n’est pas du positionnement sur faiblesse il faut m’expliquer. Côté secteurs, après la capitulation de lundi, les utilities rebondissent de 1,1% hier, là encore du positionnement est en cours, les institutionnels font leur shopping pendant que les petits porteurs commencent à perdre leurs nerfs. Ajoutez à cela que le rendement du 10 ans US est massivement suracheté, faites un pas en arrière et dites-vous que, même si la volatilité ambiante peut rester parmi nous quelques temps encore, il faut raison garder et ne pas tout jeter à la poubelle. En revanche, pour qui ne détient pas suffisamment d’obligations, c’est shopping day today, forcément.  

L’éviction de Kevin McCarthy de son poste de président de la Chambre des représentants plonge le Congrès dans une lutte de pouvoir interne alors qu’il doit éviter la fermeture du gouvernement et approuver l’aide à l’Ukraine. M. McCarthy perd son poste de président - la première destitution de ce type dans l’histoire des États-Unis - après que les républicains les plus intransigeants se sont révoltés contre le compromis qu’il avait trouvé avec les démocrates. Patrick McHenry est nommé président par intérim et M. McCarthy déclare qu’il ne se représentera pas.

Au menu macro-économique du jour, on débute avec les PMI Composite et Services de la France (09h50), de l’Allemagne (09h55), de la zone euro (10h00) et du Royaume-Uni (10h30). L’après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec la variation de l’emploi ADP (14h15), les PMI Composite et Services (15h45), les commandes de biens durables et industrielles (16h00), l’ISM des services (16h00) et les stocks de brut DOE (16h30).

Novartis achève la scission de Sandoz. Intel va scinder son unité de puces programmables en vue de son introduction en bourse en 2024. Amazon et Microsoft devraient faire l’objet d’une enquête au Royaume-Uni sur des soupçons de position dominante sur le marché de l’informatique dématérialisée. Netflix prévoit d’augmenter ses prix après la fin de la grève des acteurs d’Hollywood. AstraZeneca a accepté de régler les litiges relatifs à ses médicaments contre les brûlures cardiaques Nexium et Prilosec pour un montant de 425 millions de dollars aux Etats-Unis, sans admettre de faute. Le petit promoteur China SCE Group planche sur une restructuration de sa dette après un défaut sur un emprunt offshore. Adecco va collaborer dans l’intelligence artificielle avec Microsoft.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo abandonne 2,28% à la cloche, Hong Kong rend 1,07%, Shanghai est toujours fermée et Séoul perd 2,41%. Le future SPX rend 20 points et l’Europe ouvre en repli de 0,3%. Le pétrole glisse à 88,73$ le baril de WTI Light Crude et l’or reste faible, l’once traite à 1820$.

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