La pression vendeuse provoquée par la Fed le 20 septembre est interrompue hier, ou marque une pause selon si l’on est taureau ou plantigrade. Les indices bougent peu, ne parviennent pas défendre les gains de début de séance, dans des volumes d’échanges encore plus faibles que la veille. Le podium du jour du SPX se compose de l’énergie (ô surprise), des industrielles et des services de communication. Quelques optimistes de service avancent que la baisse est terminée, il est vrai que le SPX et le NDX sont survendus à court terme mais je ne suis pas certain que le plus grand nombre mette une pièce là-dessus, pas tout de suite du moins. Les sujets du moments ne changent guère, les intervenants sont en plein processus d’acceptation que les taux US pourraient rester élevés plus longtemps que prévu. On tente de deviner si la croissance économique parviendra à résister à ce contexte et on observe d’un œil peu rassuré l’évolution des discussions budgétaires au Congrès américain, quoi qu’un article de Bloomberg attire mon attention hier, qui démontre que les fermetures partielles des administrations fédérales (shutdown) n’ont pas d’impact réel sur la bourse à terme.

Le sentiment du marché ne nous apprend rien, il est revenu en territoire neutre, autant chez les professionnels que les investisseurs du dimanche. En revanche, le calme apparent des intervenants me laisse quelque peu perplexe. Le dollar est en forme olympique, la paire eur/usd tente ce matin de casser le niveau de 1,0500, une death cross se produit en ce moment même (signal technique  baissier pour l’euro), le pétrole est en train de traverser le plafond, le baril de WTI Light Crude casse sa résistance de 93,40 dollars et évolue aujourd’hui à 94,34 dollars, la faute aux inventaires hebdomadaires qui montrent que les stocks ont fondu à Cushing, hey Joe, ça commence à se voir…inutile de dire que la prédication d’un baril de WTI à 100 dollars risque de s’auto-alimenter et que tout cela est ma foi fort ennuyeux pour la Fed, qui n’avait pas besoin, mais alors pas du tout, d’une source potentiellement inflationniste supplémentaire. Du coup les rendements obligataires poursuivent leur mise en orbite, le 2 ans US grimpe à 5,12% et le 10 ans casse sa fourchette 4,46% - 4,56% pour atteindre 4,60%, le prochain niveau technique se situe à 5%, mazette! Cela faisait 16 ans qu’on n’avait plus vu de tels niveaux, et dire que Jerome Powell s’exprime ce soir à 22 heures, à mon humble avis la journée de trading de demain sera plutôt animée, ce d’autant plus que le rapport PCE (Personal Consumption Expenditure), l’indicateur favori de la Fed, sera publié en début d’après-midi demain.

Nous avons donc des indices US légèrement survendus à court terme, assortis d’une volatilité en reprise mais toujours embourbée proche des bas-fonds (le VIX à 18,22), un dollar prêt pour Paris 2024, un pétrole qui ne demande qu’à l’y accompagner et des rendements obligataires qui y sont déjà. Et au milieu coule paisiblement un SPX, qui a certes rendu 7,2% depuis son top du 27 juillet mais progresse encore de 11% sur l’année. Et que dire du NDX qui gagne lui 33%. On consulte du coup les Fed Funds afin de déterminer quoi faire dans un tel environnement. Quelle déception ! autant poser la question à un haruspice, le marché ne sait plus du tout à quel saint se vouer quant aux prochains mouvements de taux de la Réserve Fédérale, aucune conviction claire n’en ressort. Notons tout de même que la courbe des taux US 2 / 10 ans n’est inversée plus que de 51 points de base, c’est là une amélioration notable.

Et puis il y a l’or, qui évolue ce matin à 1877 dollars par once. La relique barbare a récemment rendu un peu de terrain sous les coups de butoirs du billet vert, mais résiste étonnamment bien lorsque l’on considère le niveau actuel des taux réels américains. En grattant un peu, on constate que la prime de Shanghai est élevée. Pour faire court, le métal jaune traite environ 100 dollars plus haut à Shanghai que sur le COMEX. Si si c’est possible et cela indique que l’anxiété domestique quant à la croissance économique chinoise augmente. Du coup on se réfugie dans l’or, le marché immobilier fait peur aux locaux.

La SEC est en train de finaliser des accords avec environ deux douzaines de sociétés de Wall Street pour résoudre des enquêtes sur des manquements dans la tenue des registres, rapporte l’agence Reuters. Les accords concernent des conseillers en investissement et des courtiers en valeurs mobilières, qui paieront des amendes, reconnaîtront des actes répréhensibles et s'engageront à remédier aux lacunes. Il s'agit de la dernière mesure d'application de la loi dans le cadre d'une répression de deux ans sur l'utilisation de WhatsApp et d'autres applications de messagerie, qui a déjà donné lieu à des amendes de plus de 2,5 milliards de dollars.

Au menu macro-économique du jour, la confiance économique de la zone euro sera annoncée à 11h00, avant en Allemagne l'IPC de septembre (14h00). Aux Etats-Unis, le PIB annualisé et les nouvelles demandes d'allocations-chômage (14h30) précéderont les chiffres de l'immobilier ancien (16h00).

Les usines allemandes de la marque Volkswagen étaient l'arrêt après une panne informatique d'ampleur, mais elles ont redémarré. Apple exclu de la liste chinoise des boutiques d'applications conformes. Micron perd 3,6% hors séance après ses résultats. La plainte de la FTC contre Amazon porte sur les prix des vendeurs et la logistique. La cotation des actions China Evergrande suspendue à Hong Kong. Les défauts du Boeing 737 Max retardent les livraisons de Ryanair jusqu'en 2024. AMS-Osram cherche à obtenir un financement à long terme de 2,3 milliards d’euros. HSBC va racheter les activités de gestion de patrimoine de Citigroup en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Shanghai qui grappille 0,1%. Tokyo perd 1,54% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,33% et Séoul est fermée. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre inchangée.