Gonet: l'actualité des marchés au 21 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,22%, S&P 500 -0,94% Nasdaq -1,53% Russell 2000 -0,90%, SOX -1,74% Eurostoxx +0,78%, SMI +0,77%.

En bon enfant gâté, le joyeux royaume des actions boude. Oncle Jerome ne lui a pas dit les mots qu’il voulait entendre, pas exactement, alors ça boude ferme dans les salles de marchés ce matin.

La Réserve Fédérale des Etats-Unis annonce hier soir qu’elle maintient ses taux en l’état (5,25% à 5,50%), ça c’était attendu par plus de 99% des intervenants. La banque centrale relève notablement ses prévisions de croissance de la première économie du monde pour 2023 et l’an prochain, elle revoit ses prévisions de taux de chômage à la baisse et réduit quelque peu ses attentes d’inflation «cœur» pour cette année et 2024. Le graphique «dot.plot», qui nous montre les attentes quant aux taux de l’ensemble des membres votants de la Fed, indique désormais qu’ils anticipent une hausse de 25 points de base cette année encore (12 sur 18 membres contre 9 lors du pointage précédent). Pour l’an prochain, 14 des 18 membres du FOMC estiment que les taux seront au mieux 50 points de base plus bas. En juin on était plus près des 100 bps. Si ces messieurs dames ont raison, les taux devraient donc évoluer dans la fourchette 5,50% - 5,75% à la fin de l’année prochaine.

En lisant ce qui précède, tout esprit rationnel et apaisé devrait conclure que la Fed fait du bon travail, que cette satanée inflation ne l’emportera pas au paradis et que la croissance économique américaine est en passe d’être sauvée. Le hic, c’est que les mots «rationnel» et «marché des actions» font rarement bon ménage. C’est là que l’idée d’un marché pourri gâté prend tout son sens. La frustration envahit la majorité des intervenants, qui abhorrent l’idée que les taux de la Fed restent élevés plus longtemps qu’ils ne l’espéraient. Et le Wall Street Journal de jouer les canards de boulevards ce matin, en publiant un article dont le titre parle de «taux élevés pour toujours», les taureaux vont avoir leur café bien saumâtre ce matin.

Et pourtant, la Fed nous dit que tout va plutôt bien, elle refuse en revanche de lâcher les taureaux et préfère s’assurer du décès (ou presque) en bonne et due forme de l’inflation avant de revenir à une politique monétaire plus expansionniste, quoi de plus rationnel non?

Le marché préfère sombrer dans une sorte de déni de réalité. Ce matin les Fed Funds refusent encore et toujours de prévoir une hausse supplémentaire cette année encore. En parallèle, la courbe des taux US persiste à prédire une récession (le spread 2 / 10 ans traite à -75 bps). Il serait peut-être temps de relire «le bûcher des vanités» de Tom Wolfe dans certaines chaumières financières.

L’indice S&P500 (SPX) clôture au plus bas du jour, il regarde désormais sa moyenne mobile à 100 jours comme son prochain support. Clôture à 4402 points contre la 100 dma à 4373 pts. Attention à sa configuration technique, détérioration potentielle en vue. Le podium des perdants du jour se compose des services des services de communication, de la tech et de la consommation discrétionnaire. Le Nasdaq100 (NDX) abandonne 1,46%, on tape fort sur les actions de croissance hier, qui détestent plus que quiconque des coûts d’emprunts élevés. Les petites et moyennes capitalisations (RTY) souffrent aussi et atteignent un plus bas relatif en 20 ans vis-à-vis des grosses capitalisations, ce qui augure de jours plutôt sympas pour les mastodontes de la cote, c’est du moins ce que dit sentimentrader.com ce matin, qui a souvent raison car se basant sur l’histoire (qui comme tout un chacun le sait a tendance à se répéter). La volatilité retrouve des couleurs, le VIX gagne 7,3% à 15,14, un niveau encore et toujours ridiculement bas. En revanche, je note avec intérêt que le MOVE, le pendant obligataire du VIX, recule de 4,2% à 97,04, ça se détend chaque jour un peu plus au sein du marché considéré comme nettement plus rationnel que celui des actions, c’est à noter. Les volumes d’échanges sont faibles Downtown Manhattan, le breadth est mauvais avec un ratio de 2: 1 sur le NDX, c’est morne plaine à Wall Street hier.

Le dollar prend de l’altitude, la paire EUR/USD grimpe à 1,0645. Quant au marché obligataire, il recule et envoie les rendements US casser leurs résistances sans grand problème. Le 10 ans traverse 4,35% et traite ce matin à 4,42%, prochaine résistance 4,50%. Le 2 ans grimpe à 5,16%, on évolue à des niveaux plus vus depuis 2006 / 2007.

Les sceptiques de la croissance, les saint Thomas de la finance avancent que la récession guette du fait du coût du crédit qui reste élevé, de l’assèchement du bas de laine d’épargne accumulé durant la pandémie, de la hausse du prix du pétrole et de la reprises des remboursement des prêts étudiants. Tout cela semble cohérent, ceci dit depuis combien de temps déjà ces aimables Cassandre nous prédisent-elles l’arrivée imminente d’une récession? Ça ne ferait pas environ deux ans? Mais suis-je bête, après le beau temps la pluie c’est bien connu…

Résumons: il semble que tout aille plutôt bien sur la planète économie, ce n’est pas moi qui le dit mais le premier banquier du monde. Le joyeux royaume des actions est en manque de liquidités, il fait donc sa petite crise et s’en prend hier soir à des firmes comme Amazon, Apple, Alphabet, Microsoft, Meta ou encore Nvidia. Peut-être faut-il simplement laisser la poussière retomber et le marché retrouver ses esprits, de jolies opportunités d’investissement devraient alors émerger.

La Pologne annonce qu'elle a cessé de fournir des armes à Kiev, ce qui aggrave le conflit sur les exportations de céréales. Varsovie n'interviendra pas dans les livraisons d'armes d'autres pays, déclare le Premier ministre Mateusz Morawiecki. Par ailleurs, Volodymyr Zelenskiy aurait rencontré des milliardaires, dont Ken Griffin et Bill Ackman, à New York, afin de discuter de l'utilisation de fonds privés pour aider à la reconstruction du pays.

La BNS, la Riksbank et la Norges Bank devraient augmenter leurs taux de 25 points de base aujourd'hui, tandis que la Turquie devrait augmenter ses taux de 500 points de base (source : Bloomberg).

Joe Biden envoie à Benjamin Netanyahu une invitation longtemps attendue à la Maison Blanche. Le Premier ministre israélien se dit convaincu qu'Israël peut parvenir à un accord de normalisation historique avec l'Arabie saoudite et le prince héritier Mohammed bin Salman se fait l'écho de ses sentiments. Des responsables israéliens travaillent avec l'administration Biden sur un plan visant à mettre en place une opération d'enrichissement d'uranium gérée par les États-Unis en Arabie saoudite, rapporte le WSJ.

Au menu macro-économique du jour, la journée débutera avec l'indice de confiance des consommateurs au Royaume-Uni (10h30). Plus tard, aux Etats-Unis, les chiffres de l'emploi non agricole seront publiés (14h30) avant l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan (16h00).

Fedex gagne 6% hors séance après la publication de ses trimestriels. La Commission européenne propose de réautoriser le glyphosate (Bayer) pour 10 ans. Seconde journée de cotation compliquée pour Instacart, dont le titre perd 11%, et revient sous le cours d'IPO de 30 USD. Klaviyo a pour sa part démarré en hausse de 9% à 32,76 USD. Walmart ouvre son premier centre de services pour animaux de compagnie à Dallas, en Géorgie. La FDA américaine épingle Novo Nordisk pour n'avoir pas traité la contamination dans l'usine de Rybelsus. Par ailleurs, Novo Nordisk et Ypsomed concluent un accord de fourniture d'auto-injecteurs à long terme. Roche obtient une décision favorable de la Cour d'appel américaine dans l'affaire de la contrefaçon du brevet Hemlibra. Safilo et Amazon lancent les lunettes «intelligentes» Carrera aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, solidaires de la frustration de Wall Street. Tokyo abandonne 1,37% à la cloche, Hong Kong perd 1,38%, Shanghai recule de 0,74% et Séoul rend 1,75%. Le future SPX se replie de 8 points et l’Europe ouvre en baisse de de 0,9%. Au-delà de l’urgence de garder la tête froide, le mieux est de suivre l’évolution des rendements obligataires US de près, ils restent probablement le chef d’orchestre actuel de ce marché.

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