Wall Street célèbre le jour de la marmotte. Il ne manque plus que Bill Murray pour sonner la cloche de fin de séance. En un mot : records. Et oui, encore des records historiques en clôture, postés par le S&P500 (SPX), le Nasdaq100 (NDX) et même l’indice Russell3000 (RAY), qui représente à lui tout seul 98% des valeurs mobilières dans lesquelles on peut investir aux Etats-Unis. En bref, la bourse américaine dans son ensemble est au sommet de sa vie. Mais qu’est-ce qui motive donc les intervenants à entrer encore et toujours dans ce marché qui évolue déjà dans la Thermosphère? L’espoir, tout simplement l’espoir. L’espoir que le virus perde du terrain. L’administration américaine, sous la pression de Donald Trump, ouvre la possibilité d’injecter du plasma de patients convalescents aux malades du COVID-19. L’efficacité de ce traitement n’est pourtant toujours pas prouvée. Les investisseurs savent que des résultats de candidats-vaccins vont commencer à arriver et que les autorités leur ouvriront un boulevard réglementaire. L’espoir aussi car l’on note dans les salles de marchés que le dialogue reprend entre Washington et Pékin, grâce à une communication du bureau du représentant américain au Commerce, qui fait état d’une discussion téléphonique entre Robert Lighthizer et Steven Mnuchin d’un côté et Liu He de l’autre. Les négociateurs saluent les avancées obtenues et réitèrent leur volonté de voir se concrétiser l’accord commercial de «phase un» conclu en janvier. C’est fou comme le hasard fait bien les choses quand même, nous sommes à 70 jours de l’élection présidentielle américaine, Donald Trump reste 7,6% derrière Joe Biden dans les sondages (source : Realclearpolitics.com) et voilà que cela se réchauffe entre Washington et Pékin. 

Revenons au marché. L’Europe participe à la fête et plutôt bien, elle regarde le SPX dans les yeux en termes de performance depuis le début du mois. Pas de record pour l’Eurostoxx et le 39e de l’année pour le NDX, qui est en hausse de 33% sur l’année…Le SPX gagne désormais 6,2% sur la même période et le vénérable Dow Jones se hisse aisément au-dessus des 28’000 points, son meilleur niveau depuis les bas de mars. Pour la première fois en 6 séances, on observe un retour marqué des intervenants dans les titres dits de valeur. Le podium du jour du SPX se compose des secteurs de l’énergie, des financières et des industrielles. L’économie est en train d’être rouverte aux forceps, les compagnies aériennes en profitent, qui décollent hier. Seul secteur de l’indice à reculer hier, les valeurs de la santé, tout un symbole. On observe des couvertures de positions short (vendues à découvert) qui alimentent encore un peu plus la hausse. La volatilité fait du surplace, l’indice VIX (volatilité du SPX) traite à 22,37, mais pourquoi donc ne baisse-t-il pas ? Pourtant les indices grimpent chaque jour. On peut penser que certains intervenants restent attentifs et achètent de la protection, ils refusent de baisser la garde et accompagnent cette hausse historique par des achats d’options put. On assiste à un quasi krach de l’action Tesla, qui recule de 1,7%. Même topo du côté de Apple, qui ne progresse que de 1% sur la séance…Morgan Stanley relève son objectif de cours sur le titre de 431$ à 520$, clôture hier soir à 503,43$. Alibaba atteint également un record à la cloche, Susquehanna relève son objectif de cours, Facebook est aussi de la partie grâce à Jefferies et Citi. On peut continuer longtemps ainsi, en citant par exemple Wedbush qui émet un commentaire positif sur Tesla. On peut aussi mentionner le stratège de Citi, qui relève son objectif de cours sur le SPX pour la fin de cette année de 2’900 à 3’300 points. En résumé, le marché est en train de forcer les analystes à le suivre.

Impossible de ne pas vous dire que l’action Apple a gagné en 16 séances de trading l’équivalent de ce que valait la firme en bourse lorsque Tim Cook a rejoint la compagnie, Isaac Newton si tu nous regardes…

Le dollar se stabilise, même si graphiquement il a très mauvaise mine, surtout le Dollar Index (DXY), qui traite à 93,16 ce matin. La paire eur/usd évolue à 1,1806. Le marché du crédit est inchangé et le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte légèrement, à 0,66%. Le future du SPX envoie un signal (Demark 13 Buy Exhaustion), l’indice cash fera de même s’il clôture en hausse ce soir. Les volumes d’échanges restent faibles et évoluent en-dessous des 10 milliards de titres sur le NYSE. Après la clôture, on apprend que trois membres du Dow Jones vont le quitter à la fin du mois : Exxon, Pfizer et Raytheon. Ils seront remplacés par Salesforce, Amgen et Honeywell. 

Les opérateurs pourront suivre aujourd’hui les indices des prix de l’immobilier, l’indice de confiance des consommateurs américains, les ventes de logements neufs ou l’indice manufacturier de la Fed de Richmond. Avant cela, L’indice Ifo de la confiance des milieux d’affaires allemands sera publié à 10h.

Selon CNBC, le patron de la Fed Jerome Powell s’apprête à prononcer un discours «profondément conséquent», qui annoncera un changement dans la façon dont la Fed considère l’inflation - Powell s’exprimera jeudi lors d’une version virtuelle du symposium annuel de la Fed à Jackson Hole. Il devrait décrire ce qui pourrait constituer les efforts les plus intenses jamais déployés par la banque centrale pour ramener l’inflation à un niveau sain. Le ciblage de l’»inflation moyenne» signifie que la Fed permettrait à l’inflation d’être plus élevée que la normale pendant un certain temps. Le US Breakeven Rate remonte du coup à 1,68%. L’or revient à 1’932 dollars par once, un niveau intéressant ?

Au registre du jour de la marmotte, on apprend l’annonce du premier cas confirmé de réinfection au COVID-19 identifié à Hong Kong . Des chercheurs de l’université de Hong Kong annoncent qu’ils ont confirmé le cas d’un patient de 33 ans qui s’était remis d’un cas de coronavirus léger, puis a contracté à nouveau l’infection 4,5 mois plus tard. Les chercheurs ont pu conclure que le patient avait été infecté par deux souches distinctes du virus. Les chercheurs précisent que cela ne signifie pas que les vaccins seront inutiles, mais qu’ils pourraient conférer un niveau de protection différent de celui de la guérison d’une infection naturelle. Il est à noter que les coronavirus communs froids sont connus pour provoquer des réinfections en moins d’un an, selon le NY Times.

En cette année d’élection présidentielle aux Etats-Unis, rappelons que le SPX affiche un rendement moyen annuel corrigé de l’inflation de 10,8% sous présidence démocrate contre 5,6% sous présidence républicaine depuis 1947. Etonnant, non ? Même en supprimant les deux crises les plus récentes intervenues sous George W. Bush (2008) et Donald Trump (2020), les travaux du bureau d’étude Liberum montrent que les périodes «dems» surperforment en moyenne de 4,4% par an. Cela s’explique, notamment, par une croissance moyenne supérieure lorsque le parti démocrate est au pouvoir, croissance sans doute accentuée, estime Liberum, par le multiplicateur fiscal.

Nintendo va rajeunir sa console Switch et sortir des jeux majeurs en 2021. Selon le Wall Street Journal, les fonds General Atlantic et Sequoia, actionnaires de ByteDance, sont en première ligne pour aider Oracle à racheter TikTok. Selon le Financial Times, l’Inde veut bannir à son tour Huawei de ses réseaux. Le géant français du luxe LVMH et la chaîne de joaillerie américaine Tiffany vont se donner trois mois supplémentaires pour conclure leur accord de 16,2 milliards de dollars, l’accord n’ayant pas été finalisé à la date du 24 août indiquée dans les documents de l’accord, selon Reuters.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le vert avec Tokyo qui progresse de 1,35% à la cloche, Hong Kong qui recule de 0,15%, Shanghai qui perd 0,43% et Séoul qui progresse de 1,58%. Le future SPX gagne 16 points et l’Europe ouvre en hausse d’environ ½ pourcent. FOMO (Fear Of Missing Out) et TINA (There Is No Alternative…but stocks) quand vous nous tenez…