Gonet: l'actualité des marchés au 20 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,31%, S&P 500 -0,44%, Nasdaq -0,57%, Russell 2000 +0,15%, Sox -0,63%, Eurostoxx 10,85%, SMI +1,39%.

Wall Street boude la Fed, qui plombe quelque peu l’ambiance “records” du moment.  La Réserve Fédérale des Etats-Unis publie les minutes de sa réunion de juillet. On y apprend qu’elle fait preuve d’un optimisme tempéré quant au redémarrage de l’économie américaine au deuxième trimestre et semble avoir renoncé à clarifier ses objectifs en matière de taux. La Fed discute bel et bien d’une nouvelle stratégie, mais elle navigue aux instruments, le virus a déployé un voile d’incertitudes devant elle, qui ne peut que souligner l’importance de la réponse des autorités, suivez mon regard en direction du Capitole…Jerome Powell et ses collègues sont inquiets quant à l'emploi. En outre, les minutes confirment le maintien des perfusions de la réserve fédérale à l'économie. Pas de réelle surprise donc hier soir, mais ce rapport laisse plus ou moins tout le monde sur sa faim. Les partisans d’un rebond de l’économie en V sont clairement déçus alors que les adeptes d’une politique monétaire encore plus accommodante le sont tout autant. 

Résultat des courses, le dollar repart à la hausse (dead cat bounce?), ces minutes ne sont pas suffisamment «dovish», «colombe» et le Dollar Index (DXY) revient à 93. La paire eur/usd revient à 1,1839 mais ce matin les indicateurs techniques sont déjà haussiers sur l’euro contre le billet vert et montrent un support à 1,1829 – 1,1811. Le retour de forme du greenback pénalise l’or, qui revient à 1942 dollars par once, également impacté par les taux réels qui bougent ma foi beaucoup ces jours. Ils passent de -1,06% hier à -0,99% actuellement. Le marché obligataire réagit tout d’abord aux minutes par une baisse, le rendement de l’emprunt US à 10 ans remontant à 0,69% pour revenir ce matin à 0,66%, son niveau d’hier matin…Le pétrole ne semble pas concerné et stagne à 42,50 dollars le baril de WTI Light Crude. Selon le dernier rapport du Département à l'Energie, les stocks domestiques américains de brut hors réserve stratégique ont décliné de 1,6 million de barils sur la semaine close au 14 août, alors que les stocks d'essence ont reculé de 3,3 millions de barils. 

Au chapitre du marché des actions, on se met à prendre des profits après les minutes de la Fed. On se gratte aussi pas mal la tête dans les salles de marchés, en considérant avec scepticisme Apple, qui atteint la capitalisation boursière surréaliste de 2’000 milliards de dollars en séance, pour entamer une baisse immédiatement après. Le titre clôture tout de même en hausse de 0,13%. Le simple fait que la barre des 2 trillions de dollars ait été franchie peut potentiellement provoquer une prise de conscience chez certains investisseurs, les prochaines séances du titre AAPL seront fort intéressantes…Tous les 11 secteurs de l’indice S&P500 (SPX) terminent la journée dans le rouge avec les financières qui limitent la casse, au contraire des valeurs de l’immobilier, qui chutent de 2%. Nouvelle encourageante pour l’industrie du tourisme, les actions de croisiéristes bondissent de 5% après l’annonce que les réservations pour l’an prochain sont robustes. Tel une pomme…le marché semble mûr pour une consolidation bien méritée, les indices NY FANG, Nasdaq100 (NDX) et des semi-conducteurs (SOX) ont tous envoyé un signal de «Tom Demark Buy Exhaustion» hier soir. De leur côté, le SPX et le Nasdaq Composite ont envoyé le même signal il y a quelques jours. En outre, le SPX est en train de remettre en cause le canal haussier entamé à la fin du mois de mars, mais comment donc les robinhooders vont-ils réagir à la première situation potentielle de consolidation de ce marché, qui les a emmené au pays des rêves depuis le 23 mars? Gueule de bois au réveil? Les volumes d’échange restent faibles avec 8,8 milliards d’actions traitées sur le NYSE. 

Les cas de coronavirus bondissent aux Etats-Unis, les tendances sont mitigées ailleurs. Les Etats-Unis ont enregistré 44’000 nouveaux cas hier, en hausse par rapport aux 35'000 de la veille. La moyenne des nouveaux cas sur sept jours reste inférieure à la moyenne sur 14 jours depuis le 26 juillet. Des épidémies se produisent dans les établissements d'enseignement, les universités, les collèges. Le virus continue de se propager dans d'autres pays, la France enregistrant son plus grand nombre de cas quotidiens depuis le mois de mai. L'Allemagne et les Pays-Bas connaissent une résurgence, tandis que la Corée du Sud enregistre sa plus forte augmentation en un jour depuis début mars. Les tendances sont meilleures ailleurs, les cas dans l'État australien de Victoria étant tombés à leur niveau le plus bas depuis un mois et l'épidémie en Nouvelle-Zélande ayant été contenue jusqu'à présent à des infections quotidiennes à un chiffre.

Les négociateurs commerciaux américains et chinois prévoient de se concerter par vidéo dans les prochains jours sur les progrès réalisés dans le respect des conditions de la première phase de l'accord commercial, à savoir les actions américaines contre les entreprises technologiques chinoises. Selon la presse, le vice-premier ministre chinois Liu prévoit de soulever des questions technologiques concernant Huawei et TikTok, et de faire valoir que la Chine travaille dur pour atteindre les objectifs d'achat de produits agricoles américains. 

Reuters et Bloomberg citent un fonctionnaire de la Maison Blanche, qui a déclaré que l'administration Trump envisage la possibilité d'un accord bipartite sur un projet de loi réduit de 500 milliards de dollars pour lutter contre le coronavirus, qui inclurait un financement supplémentaire du PPP (Paychek Protection Program), de l'argent pour l'USPS (United States Postal Services) et des fonds pour les écoles.

Les deux principaux indicateurs attendus ce jour sont les inscriptions hebdomadaires au chômage américain à 14h30 et l'indice des indicateurs avancés du Conference Board à 16h00.

Les résultats de Nvidia dépassent les attentes, mais la réaction du marché est assez tiède, le titre recule de 1,5% dans les échanges après-bourse, tout cela semble intégré dans les prix.  Goodyear chahuté en bourse après une attaque de Donald Trump, qui appelle à boycotter la marque parce qu'elle a interdit les slogans politiques au sein de l'entreprise, ça ne s’invente pas...  Delivery Hero va tenter de redorer le blason des sociétés de croissance allemandes dans le DAX, en remplacement de Wirecard.  Comme les rumeurs le laissaient supposer, Airbnb a déposé hier un dossier préliminaire pour une entrée en bourse auprès de la SEC aux Etats-Unis. Intel bondit de 3% après la clôture de Wall Street, la firme annonce un programme accéléré de rachat d’actions propres pour un montant de 10 milliards de dollars. Target dépasse très largement les attentes de marché pour son deuxième trimestre, affichant sur la période des ventes digitales en progression de près de 200%. Pour le trimestre clos début août 2020, le groupe a réalisé un bénéfice par action de 3,38 dollars (+85%), contre un consensus de marché de 1,82 dollar. Les revenus du groupe se sont littéralement envolés de 25% à près de 23 milliards de dollars sur le trimestre, alors que le consensus des analystes était à peine supérieur à 20 milliards de dollars. L’action en hausse de 12,6% sur la séance d’hier. Gilead (GILD -4,9%) décroche, mais pas autant que Galapagos qui perd près d'un quart de sa valeur boursière. La FDA a refusé d'approuver un traitement expérimental de la polyarthrite rhumatoïde que Gilead développe avec Galapagos.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge, quelque peu échaudés par les minutes de la Fed. Tokyo recule de 1% à la cloche, Hong Kong baisse de 1,92%, Shanghai rend 1,27% et Séoul chute de 3,66%. Le future SPX recule de 14 points et l’Europe est indiquée en baisse de d’un peu plus de 1% à l’ouverture.

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