Gonet: l'actualité des marchés au 23 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,51%, S&P 500 -0,28%, Nasdaq +0,06%, Russell 2000 -0,28%, SOX -0,93%, Eurostoxx +0,84%, SMI +0,25%.

Le calme plat semble régner sur les parquets de trading mais ne nous méprenons pas, ça va swinguer dès ce soir dans les chaumières financières, la question à deux milliards est de savoir comment…

La séance de ce mardi se déroule dans le calme en termes de volumes, l’effet «Hamptons» est toujours en place. Figurez-vous que le covid a permis aux acteurs du marché basé à New-York de réaliser qu’on n’est pas plus intelligent Downtown Manhattan que dans sa maison du weekend. Les financiers New Yorkais courent se réfugier dans les Hamptons dès que l’occasion se présente, il semble qu’ils y prolongent leurs séjours de plus en plus.

Le marché des actions suit les tribulations des rendements obligataires américains avec attention et force inquiétude. Le 10 ans US rend 4,28% ce matin, il vient tester 4,36% hier et évolue à son plus haut niveau en 17 ans. Attention à 4,3354%, précisément le plus haut de la séance du 21 octobre 2022, s’il est cassé ensuite on regardera 4,50%. Test manqué hier donc, mais les actions tremblent à l’idée que ces satanés rendements grimpent encore un peu plus. D’ailleurs pourquoi sont-ils aussi élevés? On peut envisager quatre raisons à cela: la Fed tout d’abord et sa volonté de maintenir ses taux courts élevés pour une longue durée. La seconde raison reste la Fed, mais il s’agit cette fois-ci du processus de réduction de la taille de son bilan, qui tel la grenouille est devenu bien trop gros. Le but de la Réserve Fédérale est de se débarrasser de 95 milliards de dollars de bons du Trésor et de dettes d’agences par mois. La coupe de 62.5 milliards de dollars d’un coup rien que la semaine dernière n’est pas passée inaperçue. Et puis il y a la croissance des prêts des banques, qui en est à son rythme le plus faible en 12 ans, que ce soit le fait des banques ou des clients, cela aussi a un impact car ça équivaut à une hausse de taux. Enfin, les statistiques macro-économiques persistent à décrire une économie américaine en pleine forme.

L’indice S&P500 (SPX) tente plusieurs fois de se maintenir au-dessus des 4'400 points hier mais ne parvient pas à ses fins à la cloche, niveau de fin de journée 4'387 pts. La journée avait pourtant bien commencé avec les mastodontes de la tech en mode meneurs. Mais l’incapacité du SPX à se maintenir au-dessus de 4'400 points génère de la pression vendeuse. En parallèle, les taureaux ne goutent guère les signaux inquiétants envoyés par le secteur de la vente au détail. Macy’s ( M -14,1%) se casse la figure après la publication de ses résultats et surtout après avoir avoué constater un affaiblissement des conditions du crédit à la consommation dans son secteur d’activité. Inutile de vous dire que les banques, régionales ou pas, n’apprécient guère, elles qui sont déjà sous pression après que S&P a dégradé la note de plusieurs d’entre elles. L’ETF S&P Regional Bankin (KRE) perd 2,4%, le S&P Bank ETF (KBE) rend 2%). On revient aux détaillants avec Dick’s Sporting Goods (DKS -24,2%) qui plonge après la publication de ses trimestriels. La firme manque les attentes et émet des prévisions prudentes. Le déclin du marché est général hier, 7 des 11 secteurs du SPX reculent avec un podium du jour composé de l’immobilier, des utilities et des services de communication.

Le dollar retrouve des couleurs, la paire EUR/USD revient ce matin à 1,0871, le pétrole repasse en-dessous des 80 dollars le baril de WTI Light Crude tandis que la bataille technique fait rage autour de l’or, le métal jaune ne sait plus à quel saint se vouer, le niveau de 1892 dollars par once semble de plus en plus être l’arbitre de la suite des événements, ce matin on situe à 1904 dollars, malgré la hausse du billet vert, intéressant et à suivre. La volatilité recule de 1%, le VIX revient à 16,97, il est encore temps de couvrir des positions en actions à bon compte pour ceux qui souhaitent passer l’automne et l’hiver en paix.

Amis traders, prenez un instant pour jeter un œil sur Nike, qui baisse depuis 9 séances consécutives, un record historique. Alors bon, hier le titre subit la déception générale autour du secteur de la vente au détail. L’action est en train de se poser tranquillement sur le niveau de 100 dollars, un support horizontal, il a perdu 21,5% depuis son top du 1er mai et Bernstein vient de confirmer son avis positif sur le titre. Il s’agit ici d’une simple observation, n’y voyez rien de plus.

Les statistiques macro-économiques d’hier se limitent au rapport sur les ventes de logements existants pour le mois de juillet. Elles diminuent de 2,2% pour atteindre un taux annuel corrigé des variations saisonnières de 4,07 millions (consensus 4,15 millions) par rapport à un taux non révisé de 4,16 millions en juin. Les ventes baissent de 16,6% par rapport à la même période de l'année précédente. La principale conclusion est que le stock de logements existants à vendre reste serré et que l'accessibilité continue d'être affectée par la hausse des prix et des taux hypothécaires, ce qui a également un effet dissuasif sur les propriétaires de logements existants.

Au menu macro-économique du jour, la journée commence avec les PMI du Japon pour le mois d’août (sortis en légère progression par rapport à juillet), suivis de ceux de la France (9h15), de l'Allemagne (9h30), de la zone euro (10h00) et du Royaume-Uni (10h30). L'après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec les PMI à 15h45, les ventes de logements neufs pour juillet à 16h00, et les stocks de brut DOE à 16h30.

Zurich Insurance: BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 435 à 445 francs. Marks and Spencer, Diploma, Dechra et Hikma postulent pour le FTSE 100, aux dépens d'Abrdn, Johnson Matthey, RS Group et Persimmon. Fidèle à sa stratégie, le fonds ARK Innovation de Katie Wood a renforcé ses positions dans Adyen après l'effondrement du titre. Equinor inaugure le plus grand parc éolien flottant du monde en Norvège. La FTC américaine va enquêter sur l'achat par Qualcomm de la société israélienne Autotalks. Regeneron signe un accord de 326 M$ avec les États-Unis pour développer une nouvelle thérapie contre le COVID. Nicolas Krügel succède à Blaise Goetschin à la tête de la Banque Cantonale de Genève. EON clôture une émission d'obligations vertes de 1,5 milliard d'euros. VMware a développé un nouvel ensemble d'outils logiciels en partenariat avec Nvidia à l'intention des entreprises qui souhaitent développer l'intelligence artificielle générative dans leurs propres centres de données. Roche cherche à obtenir des accords de remboursement nationaux pour son médicament pour les yeux Vabysmo en Italie, en France, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni d'ici la fin de 2023.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,48% à la cloche, Hong Kong grappille 0,12%, Shanghai perd 1,29% et Séoul abandonne 0,41%. Le future SPX traite en hausse de 15 points et l’Europe gagne 0,3% à l’ouverture.

C’est ce soir à 22 heures que les lignes vont commencer à bouger. Nvidia publie ses résultats trimestriels à ce moment-là. Le marché des options prédit une hausse du cours du titre, qui est brièvement venu traiter à un record historique hier en séance avant de rendre un peu de terrain. Cette publication est sans conteste la plus importante de toute la saison. Nvidia, la petite chérie du conte de fées de l’intelligence artificielle, est en hausse de 212% cette année. Elle est désormais la sixième plus grosse société du monde en termes de capitalisation boursière. Vous conviendrez donc que le contexte est plutôt tendu, aucune déception ne sera pardonnée, au contraire, l’esquisse du soupçon de l’ombre d’un ralentissement devrait être sévèrement puni et contaminer tout le secteur technologique et donc plus ou moins tout le marché.

Cette publication va nettement au-delà de la société elle-même. Elle devrait nous en dire plus sur la demande réelle de produits de consommation discrétionnaires haut de gamme. Rappelons ici que, à la base, Nvidia vend des cartes graphiques à des joueurs, qui reflètent bien souvent dans quel état se trouve la demande des consommateurs dit «haut de gamme», un excellent indicateur pour déterminer si l’économie est en train d’atterrir en douceur ou pas. Sur le front de l’intelligence artificielle, Nvidia génère environ 65% de ses revenus de cette partie, c’est unique au monde et cela nous montrera donc quelle est la demande réelle actuellement dans ce domaine. Et puis il y a les crypto-monnaies, que bon nombre d’acteurs ne veulent pas regarder, mais pour Nvidia elles comptent car cette industrie est une source majeure de la demande de processeurs. Et cela à son tour permet de se faire une idée de la demande des investisseurs pour des actifs dits spéculatifs, et donc de l’appétit général au risque. Enfin, et on en parle nettement moins ces temps, il y a la chaine d’approvisionnement. À ce jour, post pénurie du covid, Nvidia n’est toujours pas en mesure de satisfaire pleinement les demandes de ses clients pour sa carte H100 ultra-haut de gamme.

En d’autres termes, l’annonce de ce soir est réellement importante pour le marché dans son ensemble, peut-être même presque autant que le discours de Jerome Powell de ce vendredi.

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