Deux dossiers préoccupent particulièrement les investisseurs en ce moment, les taux obligataires aux Etats-Unis et la déconfiture du secteur immobilier chinois. Dans le premier cas, on commence à se demander dans les chaumières financières si le maintien de taux élevés sur une longue durée, disons 5% et plus, ne pourrait pas devenir la norme. Rappelons ici que cette configuration prévalait avant la crise de 2008. Quoi qu’il en soit, en l’état appelons cela un mauvais rêve mais comme la psyché est reine sur les parquets de trading, la place est laissée aux vendeurs depuis quelques séances. Le 2 ans US traite ce matin à 4,90%, hier il est venu chatouiller les 5% de très près. Le 10 ans décolle à 4,32% hier, pour revenir à 4,22% ce matin, le 10 août il évoluait à 3,94%. On sent combien les intervenants sont sensibles aux statistiques macro-économiques. Prenez le chiffre d’hier, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage, qui ressortent très légèrement plus faibles que prévu et paf le repli du future SPX! Ce marché semble tendu comme une corde de violon. La politique monétaire de la Fed prend donc encore plus d’importance dans les esprits, dans cette optique marquez vos agendas au 24 et 25 août d’une croix, le symposium de Jackson Hole se tiendra à ces dates. Il est organisé par la Fed et rassemble les dirigeants des banques centrales du monde entier.

En Chine, la faiblesse du secteur immobilier semble faire tache d’huile sur un peu toute l’économie. Les promoteurs immobiliers en sont venus à demander l’aide du pouvoir central, ce dossier ne peut être ignoré, tant le secteur de la construction est surdimensionné dans ce pays. Pour le moment Pékin leur demande de faire des efforts…l’aide de la banque centrale est aussi sollicitée, la PBOC a réduit ses taux et tente de soutenir le yuan, mais les marchés aiment le goût du sang plus que tout, pour le moment ils jugent que la réaction des autorités politiques et monétaires chinoises est trop timide. Les traders vont mettre la pression sur la Chine jusqu’à ce qu’une réponse «sérieuse» soit fournie par Xi Jinping.

Satané marché immobilier, bien malgré lui il nous a tant fait souffrir en 2008 et ensuite. Les financiers s’en souviennent, qui craignent un bis repetita comme la peste. Dans un tel contexte, la réaction des indices semble plutôt contenue. Certes le Nasdaq100 (NDX) n’avait plus autant reculé en trois séances depuis février dernier, mais il reste en hausse de 35,25% depuis le premier janvier (du recul prendre il faut, une vision à court terme ne jamais adopter). Je lis ce matin que le VIX (l’indice de la peur du SPX), est au plus haut depuis mai. Si on s’arrête à cela, on pourrait être tenté de se dire «courage fuyons!». En prenant du recul, on constate que son niveau actuel (17,89) est ridiculement bas d’un point de vue historique. Voyez plutôt: 21 septembre 2001, Wall Street rouvre après les attentats du 11 septembre, le VIX décolle à près de 50 points. Octobre 2008, Lehman Brothers part en fumée, mise en orbite du VIX à quasiment 90. Même scénario en mars 2020 avec le covid. Disons que les épisodes de volatilité à 90 sont à mettre de côté, tellement ils furent rares. Ensuite nous avons les moments chauds de type 50, puis le niveau de 30 – 35, qui survient de temps en temps. Il est bien souvent opportun d’acheter le marché lorsqu’ils se produisent. Donc, pour revenir au niveau actuel du VIX, force est de constater qu’il ne reflète qu’une peur toute relative, peur qui a le don de gonfler extrêmement rapidement lorsqu’un fâcheux imprévu survient, et là je crois qu’il faut garder un œil attentif à la Chine et son secteur immobilier, à suivre donc…et souvenez-vous que lorsque le VIX décolle d’un coup, il ne se maintient jamais longtemps en orbite, c’est à ces moment-là que les plus belles opportunités d’investissement se présentent.

Le SPX clôture proche de son plus bas du jour, à 4370 points. Il a cassé sa moyenne mobile à 50 jours qui se situe actuellement à 4450 pts, son prochain support est à 4292 pts. Le dollar s’est renforcé, la paire eur/usd traite à 1,0869, cela peut ajouter de la pression sur les actions. L’or reste faible, l’once ne parvient pas à repasser au-dessus des 1900 dollars ce matin, le pétrole revient à 80,65 dollars le baril de WTI Light Crude.

Le marché est entré sur un territoire qu’il abhorre, un territoire aride et sec, dépourvu de nouvelles, les boussoles des investisseurs. La prochaine réunion de la Fed se tiendra dans plus d’un mois, la saison 2 des résultats de sociétés est quasiment terminée et il ne reste guère que la macro-économie pour montrer la voie, sachant que la performance des indices depuis le premier janvier est si bonne que le sentiment général s’est de facto complètement laissé aller et que les rendements obligataires mettent un joli bâton dans les roues des taureaux. Et puis il y a la Chine….Tout cela pourrait inciter le plus grand nombre à fuir les actions et c’est bien pour cela qu’il ne faut probablement surtout pas se précipiter, gardez toujours en tête l’exemple de Warren Buffet, qui adore faire ses emplettes lorsque le reste de la planète se cache au fonds d’une grotte, le shopping n’est-il pas beaucoup plus agréable lorsqu’on privatise le magasin?

Au menu macro-économique du jour, la version définitive de l'inflation européenne de juillet sera publiée à 11h00.

Applied Materials gagne 2,4% hors séance après ses trimestriels. Emmi enregistre une hausse de son bénéfice et de son chiffre d'affaires au premier semestre. Mobilezone affiche des résultats en baisse au premier semestre et réduit ses prévisions. Ross Stores gagne 5% hors séance après avoir relevé ses prévisions. Microsoft fermera la boutique en ligne de la Xbox 360 l'année prochaine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, l’ombre de la Chine plane sur la psyché générale. Tokyo perd 0,55% à la cloche, Hong Kong recule de 1,7%, Shanghai abandonne 0,7% et Séoul se replie de 0,61%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe ouvre en repli de 0,3%. Il ne vous aura bien évidemment pas échappé qu’aujourd’hui nous sommes le troisième vendredi du mois, jour d’expiration mensuelle des options, le marché sera donc probablement saupoudré d’un zeste supplémentaire de volatilité.