Gonet: l'actualité des marchés au 16 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow -1,02%, S&P 500 -1,16%, Nasdaq -1,14%, Russell 2000 -1,29%, SOX -1,7%, Eurostoxx -0,96%, SMI -1,12%.

La fin de l’été approche et c’est bien connu, «post feriatum omne animal triste est».

C’est dans cette ambiance de petite mort que le marché se laisse aller à quelque inquiétude hier, avec dans le rôle du chef d’orchestre la Chine et ses déboires de croissance. La banque centrale chinoise (PBOC) réduit ses taux hier matin, elle prend tout un chacun par surprise et on comprend rapidement dans les chaumières financières que les récentes statistiques économiques défavorables ont poussé l’institution à agir. Ajoutez à cela des tensions créées par les difficultés des promoteurs immobiliers à rembourser leurs dettes, un président en exercice pas forcément rompu aux mécanismes de la bourse et c’est parti pour un tour de frustration. En bref, on estime dans les salles de marchés que la réaction de Pékin la PBOC est trop timide et tout un chacun de franchir le Rubicon, le patient chinois est malade, courage fuyons!

Le marché s’inquiète donc de plus en plus de la capacité de la Chine à redémarrer sa croissance économique, en parallèle Fitch pourrait reconsidérer la note A+ de la Chine si la dette des banques et des entreprises devient «un véritable passif pour le gouvernement», ambiance… Aux Etats-Unis les banques souffrent des commentaires de Fitch, qui rappelle que l’agence est vigilante sur le secteur, rappelons ici que Moody’s a coupé un certain nombre de notes de banques US le 9 août. Côté macro-économique, les ventes au détail publiées aux Etats-Unis pour le mois de juillet confirment une énième fois que le consommateur américain semble inoxydable, un véritable super héros du PIB, qui incite du coup les taux obligataires à rester haut perchés, le 2 ans US traite ce matin à 4,90%, le 10 ans est à 4,18%. Le marché obligataire nous dit donc que le resserrement monétaire pourrait se poursuivre, ce que ne veulent pas voir les Fed Funds, qui anticipent le prochain mouvement vers le bas, probablement en septembre 2024. De son côté, le patron de la Fed de Minneapolis Neek Kashkari déclare que l’inflation reste trop élevée et qu’il n’est pas prêt à dire si le cycle de hausses de taux est terminé. Rien de bien surprenant dans ces propos plutôt normands mais bon, on commence à se demander au joyeux royaume des actions si le grand-frère obligataire ne serait pas dans le vrai.

À Wall Street les ours sont de sortie hier, aucun secteur de l’indice S&P500 (SPX) ne parvient à terminer la journée dans le vert, le podium des perdants du jour se composant de l’énergie (la Chine peine), les financières (merci Fitch) et les utilities. Le secteur qui s’en sort le moins mal est, ô surprise, celui de la santé. Le SPX est sous pression dès le début de la séance et jette l’éponge dans les 30 dernières minutes de trading, il casse au passage sa moyenne mobile à 50 jours à la cloche, sa configuration technique se détériore. Home Depot (HD +0,66%) confirme la statistique des ventes au détail et bat les attentes, cette semaine nous aurons aussi droit aux résultats de Target et de Wal Mart.

Les indices corrigent en ce mois d’août, il est plutôt sain et rassurant d’observer ce phénomène. Le SPX perd 3,29%, le Nasdaq Composite 4,98%, l’Eurostoxx50 4,09% et le SMI abandonne 2,87%. On dézoome un chouia et la performance calculée depuis le premier janvier apparait, toujours aussi belle, rien ne sert de s’inquiéter en l’état donc (pour autant que l’on soit un investisseur à moyen/long terme).

Penchons-nous sur les indicateurs internes de marché. La volatilité reprend du poil de la bête, le VIX gagne 11% hier et revient à 16,46, un niveau historiquement bas mais il est bon de constater que les intervenants se remettent à acheter de la protection. En revanche, le dernier sondage conduit par Bank of America auprès de gérants de fonds aux Etats-Unis montre que le sentiment «bearish» est au plus bas depuis février 2022 dans cette population d’investisseurs. Leur allocation au cash est la plus faible depuis 21 mois, une importante majorité d’entre eux ne s’attend pas à une récession aux Etats-Unis, alors que de moins en moins de gérants voient la croissance de l’économie mondiale capoter. Je vous passe les attentes d’inflation en recul, la conviction croissante de baisses de taux de la Fed à venir prochainement. Bank of America conclut fort logiquement que le pessimisme général qui a permis la forte progression des indices dans la première moitié de cette année semble s’être dissipé.

Alors certes, le terreau semble moins fertile aujourd’hui qu’il y a 8 mois pour les indices d’actions. Ceci dit la configuration technique de ces derniers reste globalement bonne et les consolidations font partie intégrante du cycle boursier. Rappelons ici que le niveau actuel de volatilité permet de mettre en place des couvertures de positions actions à bon compte. En résumé, pourquoi donc quitter une si jolie vague alors qu’on peut continuer à la surfer? Mais en portant un gilet pleeeeze.

On le sait bien, rien de plus cartésien que le joyeux royaume des actions. Hier le constructeur vietnamien de véhicules électriques Vinfast se lance en bourse sur le Nasdaq et décolle de 255%. La firme vaut désormais environ 85 milliards de dollars de capitalisation boursière, c’est plus que General Motors (46 milliards), Ford (48 millliards) et même Mercedes (79 milliards de dollars). Son fondateur Pham Nhat Vuong dispose du coup d’une fortune nette évaluée à 44 milliards de dollars. Pas mal pour une entreprise qui a produit 19'000 véhicules au premier semestre…

Au menu macro-économique du jour, l'inflation britannique (qui recule mais légèrement moins que prévu), le PIB du deuxième trimestre et la production industrielle en Europe (11h00) et un mélange de permis de construire (14h30), production industrielle (15h15) et stocks pétroliers (16h30) permettront de patienter jusqu'aux minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00).

Alcon améliore ses résultats au deuxième trimestre et revoit à la hausse ses perspectives pour l'exercice 2023. Intel se retirerait de l'acquisition de Tower Semiconductor pour 5,4 milliards de dollars, selon Reuters. Google va déployer de nouvelles fonctionnalités de recherche alimentées par l'IA. Marks and Spencer pourrait revenir dans le FTSE 100 après avoir redoré son blason financier, selon le Telegraph. Hennes & Mauritz enquête sur les abus commis dans les usines du Myanmar.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices font la moue. Tokyo recule de 1,46% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,5%, Shanghai perd 0,82%, le MSCI China revient au niveau qui fut le sien à l’automne 2022, lorsque Pékin avait annoncé mettre fin à sa politique zéro covid. Séoul rend 1,76%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en léger repli. Le dollar reste plutôt stable, la paire EUR/US traite à 1,0923, le pétrole souffre des craintes liées à la croissance, le baril de WTI Light Crude se replie à 80,83 dollars. Quant à l’or, l’once se bat avec sa moyenne mobile à 200 jours, prix actuel 1904 dollars contre la 200 dma à 1902 dollars, une tentative de cassure semble inéluctable.

A lire aussi...