Gonet: l'actualité des marchés au 25 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,52%, S&P 500 +0,40%, Nasdaq +0,19%, Russell 2000 +0,28%, SOX -0,18%, Eurostoxx -0,19%, SMI -0,26%.

Les ours aboient, la caravane des taureaux passe, tranquillement, sereine comme rarement.

Le calme prévaut Downtown Manhattan. L’été a pris les commandes des volumes d’échanges, qui fondent comme neige au soleil mais les mouvements se font et les boudeurs ont une énième fois tort de s’abstenir. Rappelons ici que la bourse a ses raisons que la raison ignore, que les tendances sont faites pour être «surfées» et qu’avoir logiquement raison n’a que très rarement enrichi quiconque dans ce marché ô combien taquin. Non, dans le marché, on a raison quand on est positionné correctement, e basta. Et depuis quelques temps voire depuis toujours,  avoir raison signifie être long ce marché sans ciller. D’ailleurs, si on prend un peu beaucoup de recul, on réalise que depuis le début du 20e siècle, un investisseur conservant sa mise sur l’indice S&P500 (SPX) durant 20 ans a historiquement zéro pourcent de probabilité de perdre de l’argent. Zéro pourcent…. ça laisse songeur et c’est au passage une petit piqure de rappel, en finance la patience est la mère des vertus.

Revenons à aujourd’hui, plus précisément à hier.

C’est dans un calme olympien que les indices démarrent une semaine extrêmement chargée en flux de nouvelles. Le SPX et ses copains poursuivent leur hausse et clôturent près de leur plus haut de la séance. Standing ovation pour papy Dow Jones, qui ne s’arrête plus, a envoyé valser son déambulateur et réalise sa 11e séance consécutive de hausse, on n’avait plus vu ça depuis février 2017. Côté secteurs, les banques poursuivent leur jolie marche en avant, les actions de sociétés internet chinoises se portent bien et les mastodontes de la tech sont en hausse pour la plupart. La performance du marché des actions est d’autant plus impressionnante que les rendements obligataires remontent, le 10 ans US revient à 3,88%, hier il évoluait autour des 3,80%. Le dollar est également soutenu, la paire EUR/USD traite à 1,1081. Le pétrole n’en a cure, le baril de WTI Light Crude remonte à 79 dollars, l’or en revanche stagne, l’once évolue à 1962 dollars. Ça sent l’appétit au risque à plein nez hier sur le NYSE, le FOMO (Fear Of Missing Out) est en marche, les investisseurs semblent plutôt lucides, la volatilité remonte quelque peu (le VIX en hausse de 2,1% à 13,91) ce qui indique que des investisseurs recherchent de la protection.

Les thèmes principaux du moment restent d’actualité (désinflation, atterrissage en douceur de l’économie américaine, Fed proche du pic de taux). On tente d’évacuer les inquiétudes de certains quant au sentiment et au positionnement, on met en avant l’élargissement de la hausse à des secteurs jusque-là boudés. La saison 2 des résultats de sociétés n’est encore qu’embryonnaire mais elle nous enseigne déjà que le consommateur américain semble faire preuve de résilience. Et on sait combien son rôle est important dans le processus de création de richesses économiques.

Au chapitre macro-économique, les statistiques d’hier sont consacrées aux indices des directeurs d’achats (PMIs), qui sont très importants car ils montrent dans quel état d’esprit les sociétés se trouvent et constituent de ce fait des indicateurs avancés. Aux Etats-Unis, le PMI manufacturier bat les attentes mais reste en territoire de contraction, tandis que son alter ego des services fait exactement l’inverse. En Europe et au Royaume-Uni, c’est la soupe à la grimace, le PMI composite recule à un plus bas en 8 mois en zone euro tandis que le Britannique est également fort mal-en-point. C’est la principale raison de l’affaiblissement de l’euro face au billet vert. Le Financial Times (FT) publie un article discutant une accélération potentielle du programme de QT (Quantitative Tightening) de la BCE, en vue de marquer éventuellement une pause dans le cycle de hausse de taux en septembre.

Le bull market en cours semble bien en place. Le «beat ratio» des résultats de sociétés est supérieur à la moyenne historique, les perspectives annoncées par les entreprises pourraient bien ne pas décevoir (le marché a déjà intégré dans les prix un ralentissement potentiel de la demande). En l’état, plus d’entreprises ont revu leurs prévisions annuelles à la hausse qu’à la baisse. Les banques centrales, Fed en tête, joueront une fois de plus le rôle d’arbitre cette semaine, mais la tendance est à l’optimisme dans les salles de marchés, le fameux «one and done» que tout un chacun espère de la part de la Réserve Fédérale ne semble pas utopique. Techniquement, les indices d’actions évoluent dans une tendance haussière et il est à noter que les rendements obligataires sont légèrement orientés à la baisse, un sacré cocktail que les taureaux devraient apprécier. Les tendances, les vagues sont faites pour être surfées. Personne ne sait combien de temps elles peuvent durer, la logique froide et cartésienne ne prévaut pas dans ce monde parallèle qu’est celui des actions. En revanche, la volatilité étant au tapis, on peut tout à fait surfer cette jolie vague en s’équipant d’un gilet à très bon compte.

«Nous nous sommes trompés» en prédisant un effondrement cette année, écrit Mike Wilson, un baissier de longue date des actions. «L'année 2023 a été marquée par des valorisations plus élevées que prévu dans un contexte de baisse de l'inflation et de réduction des coûts», déclare le stratège de Morgan Stanley. Marko Kolanovic, de JPMorgan, pense toujours qu'un repli est à venir en raison de l'impact différé des hausses de taux et d'une toile de fond géopolitique «profondément troublante», mais il ne sait pas quand.

Les actions chinoises et le yuan sont en forte hausse ce matin après que Pékin a signalé un nouveau soutien à son économie en difficulté, y compris un nouvel assouplissement des restrictions dans le secteur de l'immobilier. Une jauge des actions des promoteurs immobiliers bnodit de 8%, tandis que leurs obligations en dollars rebondissent.

Les États-Unis qualifient de «malheureux» le vote israélien limitant le pouvoir du système judiciaire du pays, dans une rare critique à l'égard de leur allié du Moyen-Orient. Le shekel chute de 1,5% alors que des dizaines de milliers de manifestants convergent vers la Knesset, où la mesure a été approuvée par 64 voix contre 0 après que les membres de l'opposition ont boycotté le vote.

Au menu macro-économique du jour, l'Ifo allemand sur le climat des affaires sera la principale statistique du matin et sera dévoilé à 10h00. Aux Etats-Unis, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board et l'indice manufacturier de la Fed de Richmond seront dévoilés à 16h00.

Schindler: Julius Baer reste à conserver et relève son objectif de 220 à 230 francs. Les ventes trimestrielles d'Unilever dépassent les estimations en raison de la hausse des prix. Adidas relève sa prévision de résultat pour 2023 en tablant sur une perte de 450 millions d'euros. Bayer revoit ses perspectives à la baisse en raison de la faible demande en glyphosates. L'inflation continue à peser sur les performances d'Akzo Nobel. Kuehne + Nagel International voit son bénéfice divisé par deux au deuxième trimestre. Logitech International relève ses prévisions de ventes pour le premier semestre 2024. Lindt relève ses perspectives de ventes annuelles. Apple (AAPL +0,41%) aurait demandé à ses fournisseurs de produire 83 à 85 millions d'iPhone 15 en 2023, soit un peu moins que l'objectif initial de 90 millions. Tesla (TSLA +3,48%) dégradé par UBS en raison de sa valorisation. Mattel (MAT +1,84%) stimulé par le bon week-end d'ouverture de «Barbie».

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont en hausse, hormis Tokyo qui égare 0,06% à la cloche. Hong Kong se remet quelque peu de ses déboires récents et rebondit de 3,81%, Shanghai progresse de 2%, l’annonce du poliburo est passée par là. Séoul grappille 0,30%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe ouvre en progression de 0,2%. Le money time du marché prend un peu plus forme ce soir avec les résultats de Microsoft et Alphabet après la clôture du NYSE, sans oublier le retour du SFC (Servette FC) en Champions League.

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