Gonet: l'actualité des marchés au 19 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,06%, S&P 500 +0,71%, Nasdaq +0,76%, Russell 2000 +1,27%, SOX 0,13%, Eurostoxx +0,30%, SMI +1,16%.

Maintenant que Jerome Powell et ses collègues sont dans la posture d’Assurancetourix à l’heure du banquet, le joyeux royaume des actions peut s’en donner à cœur joie et se concentrer sur les résultats trimestriels de sociétés. Les moteurs de la fusée haussière tournent à plein régime (thème de la désinflation, espoir croissant d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, conviction du plus grand nombre que les taux vont cesser de monter dès après le FOMC du 26 juillet). À ces trois piliers bullish viennent s’ajouter l’enthousiasme toujours présent autour de l’intelligence artificielle et des résultats de sociétés qui commencent à «décevoir en bien», comme on dit à l’étranger dans le canton de Vaud. Les ratios de perspectives de résultats s’améliorent, le secteur bancaire montre l’exemple et une agréable brise souffle en provenance de la vieille Europe, où deux membres de la BCE tiennent des propos plutôt colombes. Selon James Gorman, CEO de Morgan Stanley, le pire est passé en ce qui concerne le ralentissement des activités de négociation et de banque d'investissement. «Je pense que le fond est atteint.» L’action (MS +6.45%) réalise sa plus forte hausse depuis novembre 2020 grâce à l'amélioration des perspectives de la banque. Bank of America bondit également (BAC +4.46%) après avoir dépassé les estimations, et le gain des actions bancaires de stimuler le marché américain dans son ensemble.

À Wall Street les indices terminent quasiment au plus haut de leur journée. Le vénérable Dow Jones boucle sa septième séance consécutive de hausse, on n’avait plus vu ça depuis 2021. Notons que le S&P500 (SPX) s’éloigne des 4500 points (4554 pts à la cloche) et qu’il a techniquement de la place jusqu’à 4800 pts. Le podium du jour du SPX se compose de la tech, des financières et de l’énergie, hier est clairement une journée dédiée à l’appétit au risque. D’ailleurs les petites et moyennes capitalisations continuent de surperformer (Russell2000) ce qui indique une conviction en hausse d’un atterrissage en douceur à venir de la croissance américaine. Les rendements obligataires sont sous pression, le 10 ans US recule à 3,74%, la courbe des taux US s’aplatit quelque peu, si même le marché obligataire déroule le tapis rouge aux taureaux, les deux ours qui restent en vie autour du globe n’ont plus grand-chose à espérer à court terme. La volatilité recule un chouia, le VIX clôture à 13,30. L’analyse technique montre un niveau de support important autour de 12. Le dollar retrouve un tout petit peu de vigueur, il faut dire qu’il a pris cher ces derniers temps, un mouvement plutôt rare et qui n’augure pas forcément de jours meilleurs à court terme pour le billet vert. La paire EUR/USD évolue ce matin à 1,1233. L’or fait de la résistance, l’once remonte à 1979 dollars, tandis que le pétrole profite de l’ambiance «apéro» qui prévaut dans les salles de marchés, le baril de WTI Light Crude revient à 75,48 dollars.

Au chapitre macro-économique, les ventes au détail américaines ratent les attentes en juin, bien que le groupe de contrôle principal ait progressé et qu'il y ait eu des révisions à la hausse. La production industrielle ressort également en-dessous de attentes tandis que la confiance des constructeurs en juillet est en hausse pour le septième mois consécutif, la plus élevée depuis juin 2022. L'enquête mondiale de juillet de Bank of America auprès des gestionnaires de fonds indique que le sentiment reste baissier, mais signale également des attentes d'atterrissage en douceur et de meilleures perspectives de bénéfices. Enfin, l’agence Bloomberg pense que les restrictions américaines sur les investissements technologiques chinois seront étroitement ciblées et ne commenceront pas avant 2024.

Je note que le sentiment des petits porteurs (AAII American Association of Individual Investors) s’est récemment beaucoup amélioré mais que leur positionnement dans les actions reste timide. En parallèle, les investisseurs continuent d’augmenter leur levier (au plus haut depuis un an) mais on reste loin des tops de 2021. Le ratio put/call est en train de fondre comme le glacier du Rhône. En clair: les investisseurs se débarrassent de leurs puts, ils baissent leur garde. C’est toujours la même rengaine, lorsque les actions se portent bien, le FOMO (Fear Of Missing Out) a tendance à amplifier les mouvements et le plus grand nombre entre dans une sorte de joyeuse torpeur sans plus s’inquiéter de rien. Alors bien sûr, les indices vont et viennent, un jour prochain ils corrigeront c’est ainsi, mais la Fed ne peut raisonnablement plus tenir de discours trop faucon, c’est là tout ce qui compte pour les actions. Un investisseur pas trop endormi peut tout à fait rester long ce marché en achetant de la protection à bon compte, le VIX est à genoux rappelons-le.

Petit état des lieux des banques américaines: le thème de la résilience des consommateurs a été étayé par les commentaires des banques au cours des derniers jours. Ce n'est pas surprenant étant donné le marché du travail, bien qu'il y ait eu une intensification du débat et de l'examen concernant la fatigue de l'inflation, le niveau d'épargne excédentaire et la reprise imminente des paiements des prêts étudiants. JPMorgan indique que les consommateurs sont en bonne forme, qu'ils dépensent encore leurs excédents de liquidités. Les faibles niveaux d'emprunt et les prix élevés de l'immobilier constituent des amortisseurs essentiels si l'économie entre en récession. Citi annonce qu'elle considère le consommateur américain comme résilient et signale que le comportement est prudent mais pas récessionniste. Wells Fargo souligne la qualité élevée du crédit et les bilans sains des consommateurs. Bank of America déclare que les consommateurs sont toujours en bonne santé et qu'ils dépensent plus d'argent, tandis que les impayés restent bien en deçà des niveaux pandémiques.

Au registre des prévisions météo, l’agence Bloomberg annonce une tempête de 500 milliards de dollars de dettes d'entreprises qui commence à toucher terre dans le monde entier. Les grandes faillites s'accumulent au deuxième rythme le plus rapide depuis 2008, éclipsées seulement par les premiers jours de la pandémie. Well…

Au menu macro-économique du jour, l'inflation de juin au Royaume-Uni (qui ressort enfin en-dessous des attentes et en baisse, attention au Cable!) et en Zone euro (11h00) lanceront la journée, complétée par les permis de construire américains de juin à 14h30.

Richemont: Morgan Stanley reste à surpondérer. Novartis: J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 92 à 95 francs. UBS: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 25,80 à 29,90 euros. Kering annonce que Marco Bizzarri, président et CEO de Gucci, quittera la société à la fin du mois de septembre. Francesca Bellettino (CEO Yves Saint Laurent) est nommée directrice générale adjointe chargée du développement de la marque et Jean-Marc Duplaix, actuel directeur financier, est nommé directeur général adjoint chargé des opérations et des finances. Stellantis investit 10 milliards d’euros pour s'approvisionner en semiconducteurs. ASML dégage un bénéfice net de 1,9 milliard d’euros au deuxième trimestre et relève ses prévisions pour l’année, la firme envisage une croissance nette de ses ventes de 30%. Rio Tinto enregistre une hausse de 7% de la production et des expéditions de minerai de fer au premier semestre. Tesla veut doubler la capacité de production de son usine allemande. Meta ouvre largement son propre modèle d'IA, concurrent d'OpenAI et Google. Amazon et Apple condamnés à une amende de 217,9 millions d’euros pour avoir restreint la concurrence en Espagne. Amazon va ouvrir son quatrième centre de traitement des commandes dans le nord-est de l'Angleterre à l'automne, après 450 millions de livres sterling d'investissement.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent autour de l’équilibre, hormis Tokyo qui progresse de 1,24% à la cloche. Hong Kong rend 0,14%, Shanghai grappille 0,03% et Séoul prend 0,02%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe ouvre en progression de 0,5%.

Ce soir après la clôture du NYSE Netflix et Tesla publient leurs résultats trimestriels.

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