Gonet: l'actualité des marchés au 28 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,67%, S&P 500 -0,64%, Nasdaq -0,55%, Russell 2000 -1,29%, SOX +1,86%, Eurostoxx +2,33%, SMI +1,70%.

On reprend son souffle sur les parquets de trading américains hier, pendant que l’Europe s’offre une séance champagne notable, ce n’est pas tous les jours que le vieux continent fait un bras d’honneur à Wall Street et refuse de suivre le chef d’orchestre. Bon alors hier est un peu fouillis en termes de nouvelles, ça vient de tous les côtés, même du Japon, on y soupçonne une altération de la politique monétaire de la BoJ, qui est d’ailleurs confirmée ce matin, j’y reviens. En Europe, Christine Lagarde pique la vedette à tout le monde et indique que la BCE pourrait bientôt interrompre sa campagne d’augmentation des taux d’intérêts, ce qui constitue une superbe peau de banane pour l’euro, qui chute contre dollar, ce d’autant plus que la macro US est forte, qui nous montre en résumé que la récession prédite par les plus éminents économistes depuis plus d’un an n’est pas prête de frapper à notre porte (la lecture préliminaire du PIB au deuxième trimestre ressort en progression de 2,4% par rapport au premier trimestre, et ajustée de l’inflation s’il-vous-plait! Le consensus prédisait 1,8%, le chiffre précédent était à 2%, la croissance américaine est donc en train d’accélérer, quel satané boulot que celui d’économiste… On peut donc aussi prédire plutôt confortablement que le PIB du troisième trimestre n’annoncera pas non plus de récession).

Et donc, avec une BCE un peu plus colombe que prévu et de la macro solide as a rock aux Etats-Unis, la paire EUR/USD revient à 1,0969 ce matin, elle évoluait à 1,1150 un peu plus tôt dans la journée, un mouvement plutôt violent pour une paire de monnaies. La hausse des taux de la BCE, la neuvième d'affilée, porte le taux de dépôt de la banque à 3,75%, son plus haut niveau depuis 22 ans, alors qu'il était inférieur à zéro il y a un an. Elle fait écho à une augmentation d'un quart de point de la Réserve fédérale un jour plus tôt, bien que les taux de la zone euro restent nettement inférieurs au taux de référence de la Fed, qui se situe entre 5,25% et 5,5%. Le signal de la BCE souligne le dilemme auquel elle est confrontée par rapport à la Fed. L'inflation est plus élevée dans la zone euro qu'aux États-Unis, et la croissance y est beaucoup plus faible, reflétant en partie le choc de la guerre menée par la Russie dans l'Ukraine voisine. La BCE doit trouver un équilibre entre le risque que l'inflation reste trop élevée pendant trop longtemps et la menace imminente de récession qui plane sur l'Union européenne depuis des mois. Les rendements des emprunts d'État de la zone euro reculent logiquement, les investisseurs concluent que la BCE serait prudente quant à de nouvelles augmentations de taux.

Dans un tel contexte, le repli des indices US semble anecdotique, surtout si l’on considère les récentes hausses. Papy Dow Jones ne parvient pas à enquiller une 14e séance consécutive dans le vert, il a ceci dit réalisé sa deuxième plus belle série de son histoire, chapeau l’ancêtre! L’indice S&P500 (SPX) met en place une nouvelle résistance à court terme, qui se situe simplement à 4600 points, niveau que le SPX vient renifler en séance, pour reculer irrémédiablement dans les trois dernières heures de trading et clôturer proche de son plus bas du jour, pénalisé par le rebond du dollar mais aussi par les rendements obligataires, qui ont remarqué le PIB US et remontent à 4,02% pour le 10 ans, tandis que le 2 ans évolue ce matin à 4,88%. Notez que le spread 2 / 10 ans se replie fortement, à -87 points de base. La volatilité rebondit, le VIX gagne 9,25% à 14,41, niveau qui reste vraiment faible. Son alter ego obligataire, le MOVE gagne 6% à 111,15. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des services de communication, timidement accompagnés par la tech et l’énergie qui reculent toutes deux mais moins que le reste du peloton. Les mastodontes de la tech résistent bien, portés notamment par META qui avance de 4,4% après avoir publié d’excellents résultats. L’or chute à 1953 dollars l’once, pénalisée par la force du billet vert, le pétrole ne rend pas un centimètre de terrain et se rapproche encore un peu plus des 80 dollars le baril de WTI Light Crude.

La Banque du Japon (BoJ) maintient ce matin sa politique monétaire ultra-accommodante en prenant toutefois des mesures pour rendre plus flexible sa politique de contrôle de la courbe des taux, mettant en exergue sa préoccupation grandissante sur les effets indésirés de son assouplissement monétaire prolongé. Elle conserve par ailleurs sa directive autorisant les rendements sur dix ans à fluctuer de 0,5% autour de l'objectif de zéro, mais indique qu'il s'agissait de «références» plutôt que de «limites rigides». Cette annonce déclenche provoque des mouvements volatiles et brefs sur les actions, les obligations et le yen.

Et pendant ce temps-là, le déluge de résultats trimestriels de sociétés se poursuit et tient la route, voyez par exemple Intel, qui bat les attentes après la clôture du NYSE, annonce une marge brute nettement meilleure que prévu et relève sa croissance. Le titre bondit de près de 8% dans les échanges après-bourse, le marché salue la détermination et surtout la possibilité croissante qu’Intel récupère le leadership dans son domaine en 2025, son objectif annoncé, ça va AMD?

Les Cassandre de service ne sont jamais très loin, ils saisissent l’occasion du «quasi krach boursier» d’hier soir pour nous rappeler que les indices sont surachetés (faux! Certains en sont proches, d’autres pas du tout), que le sentiment et le positionnement sont arrivés à des niveaux extrêmes (pas forcément faux, ce qui fait de ce marché un espace de stock picking, les ETFs, solution de facilité pour flemmards des neurones, ne sont plus forcément la panacée). On nous rappelle aussi que le rendement du dividende du SPX est tombé à 1,5%, alors que le 30 ans US offre un rendement supérieur de 244 points de base, le spread entre les deux est au plus haut depuis 12 ans. Certes, mais qui va prêter massivement aux gouvernement américain pour une durée de 30 ans dans un contexte où l’éventualité d’une récession, même si elle s’éloigne, ne peut être écartée d’un revers de la main. Il faut aussi garder en tête que, le pic de taux de la Fed étant probablement atteint, ou sur le point de l’être, la prochaine étape est une pause, puis un cycle de baisses. Or, le marché des actions adore anticiper longtemps à l’avance, c’est à garder en tête avant de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Au Royaume du Muppet Show, Donald Trump fait face à de nouvelles accusations dans l'affaire des documents classifiés, y compris des allégations selon lesquelles lui et deux employés ont tenté d'effacer des séquences vidéo de surveillance dans sa propriété de Mar-a-Lago. Les avocats de Donald Trump ont déjà rencontré le conseiller spécial Jack Smith au sujet de ses tentatives d'annulation de l'élection présidentielle de 2020 et se préparent à une mise en accusation dans ce domaine également.

Au menu macro-économique du jour, les estimations de l'inflation de juillet pour la France (sorties quasiment pile en ligne) animeront la matinée, avant aux Etats-Unis l'inflation PCE, les revenus et dépenses des ménages (14h30) et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan (16h00).

Adidas: Citi est toujours acheteur et relève son objectif de 201 à 211 euros. Intel: JP Morgan relève son objectif de 30 à 35 dollars. Volkswagen: Morningstar reste à l'achat et relève son objectif de 338 à 344 euros. L'Oréal tire profit d'une reprise de la demande en Chine et va lancer un plan de rachats d'actions. Hermès International accélère ses ventes au deuxième trimestre et confirme son objectif de croissance. Sanofi relève ses objectifs pour 2023 après un premier semestre soutenu par Dupixent. Kering enregistre un repli de son résultat au premier semestre, les ventes de Gucci ont stagné. La firme acquiert 30% de Valentino pour 1,7 milliard d'euros. Bouygues confirme ses perspectives 2023 après un premier semestre meilleur que prévu. McDonald's dépasse ses prévisions pour le deuxième trimestre avec une croissance à deux chiffres des ventes comparables. AstraZeneca dépasse les attentes au deuxième trimestre. Tesla fait l'objet d'une enquête en Californie sur des problèmes de sécurité. Occidental Petroleum choisit Amazon comme fournisseur pour son cloud. Sika renforce ses capacités aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Tokyo qui digère les annonces de la BoJ et recule de 0,4% à la cloche. Hong Kong gagne 1,37%, Shanghai progresse de 1,79% et Séoul grappille 0,17%. Le future SPX récupère 15 points et l’Europe ouvre en repli de 0,4%.

 

L’actualité des marchés revient mardi 15 août.

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