Gonet: l'actualité des marchés au 17 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,52%, S&P 500 -0,76%, Nasdaq -1,15%, Russell 2000 -1,28%, SOX -2,08%, Eurostoxx -0,1%, SMI +0,06%.

La Chine est à l’honneur ces jours, probablement pour de mauvaises raisons mais que voulez-vous, si le joyeux royaume de la finance était pétri de rationalité, il m’est avis que cela se saurait…

Pendant ce temps-là, la Fed nous dit «minute papillon!». Le compte-rendu de réunion du 26 juillet de Jerome Powell et ses collègues montre que la plupart des responsables de la Réserve Fédérale considèrent que les risques de hausse de l'inflation sont «significatifs» et qu'ils pourraient nécessiter un nouveau resserrement. Toutefois, des fissures dans le consensus apparaissent. Bien que la décision du FOMC d'augmenter les taux le mois dernier ait été unanime, deux décideurs politiques du panel élargi de la Fed étaient en faveur de laisser les taux inchangés ou «auraient pu soutenir une telle proposition». Et voilà, Jerome & friends semblent se complaire dans leur rôle d’empêcheurs de monter en rond, les rendements obligataires accélèrent leur marche forcée vers le nord avec un 2 ans US qui regarde le niveau de 5% dans les yeux ce matin, tandis que le 10 ans grimpe à 4,31%. Cela nous fait un plus haut en 15 ans pour ces signatures obligataires, le grand frère du marché des actions prend acte de l’état d’esprit de la Réserve Fédérale à la fin du mois de juillet. Du côté des Fed Funds, on écoute aussi mais les prévisions n’évoluent que peu, le marché continue de prévoir une première baisse de taux de 25 points de base en septembre de l’an prochain, avec un tantinet moins d’enthousiasme certes, mais on n’observe point de retournement de veste à ce niveau.

Le dollar réagit plutôt logiquement et progresse, notamment contre euro avec une paire EUR/US qui redescend ce matin à 1,0872. L’impact sur le pétrole est immédiat, le baril de WTI Light Crude repasse en-dessous des 80 dollars, accompagné par l’once d’or qui ne résiste pas à la tentation de casser sa moyenne mobile à 200 jours, niveau de ce matin 1893 dollars avec un prochain support à… 1892 dollars, OMG! Et ensuite on regarde 1838 dollars, il s’agit de 50% de retracement Fibonnacci de la hausse de 1614 dollars à 2063 dollars.

Et les actions me direz-vous? Oh, pas grand-chose de nouveau à ajouter sur ce front, on consolide depuis le 27 juillet, le SPX a rendu 4,4% sur la période et hier il abandonne encore quelques miettes à des ours qui n’en demandaient pas tant. Les intervenants tentent bien d’acheter la faiblesse en séance mais la pression vendeuse l’emporte et les indices clôturent au plus bas du jour. Pourtant lorsqu’on relit les minutes de la Fed, on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil monétaire américain. Il est normal que Jerome Powell et ses collègues ne se laissent pas aller, après tout la bourse se porte comme un charme cette année, pourquoi diable utiliseraient-ils une cartouche pour rien ? Non, la pression vendeuse d’hier provient plutôt du sentiment général de marché, qui s’était singulièrement détendu ces dernières semaines. En bref, on avait baissé sa garde dans de très nombreuses salles de trading, du coup le sentiment s’ajuste et les actions doivent aussi tenir compte des rendements obligataires en hausse, qui ne leur font guère de bien. La volatilité remonte légèrement, le VIX progresse de 1,8% à 16,78, un niveau qui reste vraiment bas et permet encore aujourd’hui à tout investisseur désireux de protéger son exposition aux actions de le faire à bon compte.

La configuration technique des indices se détériore quelque peu hier, le Nasdaq100 (NDX) casse sa moyenne mobile à 100 jours, le SPX l’a déjà fait mardi, mais si l’on prend un peu de recul, on considère que sa tendance haussière reste fermement en place. Le SPX clôture juste au-dessus des 4’400 points, le NDX casse les 15'000 pts. Les minutes de la Fed nous rappellent que le plus important désormais est de bien se concentrer sur les statistiques macro-économiques, et aussi sur le symposium de Jackson Hole, qui se tiendra à Jackson Hole (je sors…) les 24 et 25 août. Le narratif du moment est plutôt faucon, ajoutez à cela la Chine qui se paie une grosse quinte de toux (cette histoire de banque de l’ombre plombe le sentiment général) mais gardons le cap, la Fed avant tout il faut regarder, à Pékin en l’état gardons confiance en Xi Jinping pour faire ce qu’il faut afin d’éviter une débâcle immobilière. La banque parallèle chinoise dont la crise de liquidité a ravivé les craintes de contagion financière prévoit de restructurer sa dette et a engagé KPMG pour réaliser un audit, selon l’agence Bloomberg. Zhongzhi Enterprise vendra également des actifs pour rembourser les investisseurs. L'effondrement du marché immobilier, qui a contribué aux difficultés du gestionnaire de patrimoine, est bien plus grave que ne le montrent les chiffres officiels, selon des agents immobiliers et des fournisseurs de données privés. Les prix ont baissé d'au moins 15% dans les zones les plus prisées de Shanghai et de Shenzhen.

Petit rappel au passage quant à la micro-économie américaine, qui se porte plutôt super bien ma foi. La saison 2 des résultats trimestriels est sur le point de se terminer avec un superbe 80% de surprises positives, c’est mieux que les 77% de moyenne de ces 5 dernières années. Et puis la croissance des ventes est légèrement positive, mais comment font-ils donc? Cette semaine les détaillants sont de sortie et, devinez quoi, ils cartonnent (Home Depot, Target, TJX). Aujourd’hui la mère de tous les supermarchés entre dans le confessionnal, Walmart rapporte à l’heure de notre déjeuner.

Les chances du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez de conserver son poste seront testées aujourd'hui lorsque les législateurs voteront sur son choix en tant que président du parlement. Bien qu'il s'agisse normalement d'une procédure de routine, le scrutin sera cette fois le plus serré en quarante ans de démocratie et donnera une première indication sur la capacité de M. Sanchez à rassembler suffisamment de soutiens pour rester au pouvoir.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indice de la Fed de Philadelphie seront publiés à 14h30.

Cisco gagne 2% hors séance après ses trimestriels. Geberit affiche des résultats semestriels en baisse. BAE Systems discuterait d'un rachat de la division aéronautique de Ball Corp pour 4 milliards de dollars. Intel renonce à l'entreprise israélienne Tower Semiconductor, une opération à 5,4 milliards de dollars, faute d'avoir obtenu à temps l'approbation des autorités chinoises. Paramount abandonne son projet de vendre sa participation dans Bet, selon le Wall Street Journal.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, Tokyo recule de 0,66% à la cloche, Hong Kong abandonne 1%, Shanghai perd 0,27% et Séoul rend 0,26%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe est indiquée en repli de 0,9%.

L’inquiétude générale est palpable, les minutes de la Fed et la croissance chinoise en berne sont un cocktail fort amer pour les taureaux. Cela s’entend si l'on adopte une vue à court terme. En revanche à moyen/long terme, les consolidations de marché sont inévitables et saines, elles permettent aux retardataires de prendre le train en marche, mais aussi au marché de faire le ménage entre investisseurs patients et impatients. La seule et unique qualité indispensable pour faire fructifier son capital en bourse est la patience. Bien évidemment, personne ne sait quand se produira le prochain krach boursier, la question n'est pas si mais quand, même les krachs font partie du cycle d'investissement, prenez un graphique de l’évolution de l’indice S&P500 (SPX) depuis 1987. Vous souvenez-vous du krach d’octobre 1987? Voyez maintenant à quoi il ressemble sur le graphique, on le remarque à peine. Il s’agit ici de rappeler que seuls les investisseurs patients ont du succès en bourse, ce n’est pas le premier d’entre tous, Warren Buffet, qui contredira ce postulat.

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