Depuis deux jours, Donald Trump parle beaucoup, a déjà asséché trois stylos tellement il signe de décrets, mais n’a rien fait de concret qui puisse effaroucher Wall Street, attentive comme jamais au moindre mouvement du nouveau maître de Washington DC. Les fameux 25% de droits de douane annoncés par Trump sur les importations en provenance du Canada et du Mexique ne sont pour l’instant que des mots, il n’a rien signé à ce sujet. Rappelons ici que toute taxe imposée à des produits étrangers peut y entraîner des augmentations de prix qui, au final, sont susceptibles d’être répercutées sur le consommateur… américain. Rappelons aussi que la dernière enquête de l’institut de sondage Bank of America montre que la principale préoccupation des gérants de fonds américain reste cette satanée inflation, avec en toile de fonds la Fed et sa politique monétaire, les acteurs du marché des actions ont désespérément besoin que la Réserve Fédérale reste colombe pour continuer leur marche vers les sommets. On revient à qui vous savez, qui s’abstient de prendre des engagements majeurs sur les tarifs douaniers, ce qui permet à la bourse de New York de passer une bonne journée hier.
L’indice S&P500 (SPX) repasse au-dessus des 6'000 points à la cloche, il se retrouve désormais à pile 50 petits points de son record historique, atteint en séance du 6 décembre passé. Son alter ego équipondéré (SPW) gagne 1,17%, il fait donc mieux que le SPX, c’est un bon signe, la hausse est générale hier, d’ailleurs le breadth est très nettement positif (416 membres du SPX clôturent en hausse contre 84 en repli), le podium du jour de l’indice se compose des industrielles, de l’immobilier et de la santé, seule l’énergie recule, impactée par la baisse du baril de WTI Light Crude qui recule à 75,51 dollars, impacté par coups de butoir rhétoriques du CEO (Chief Energy Officer) de la planète et son «drill baby drill».
Anecdote (on en aura plein pendant quatre ans promis). Trump fait réinstaller le bouton rouge dans le bureau ovale. Pas de panique, il ne s’agit pas ici de déclencher une guerre nucléaire mais de commander un Coca-Cola diet à son majordome lorsque l’envie le prend.
On revient au marché des actions avec la volatilité qui recule de près de 5% hier, le VIX revient à 15,06, casse ses 200 et 50 jours et regarde désormais le niveau de 12,70 comme prochain support. Le principal indice de la peur de Wall Street est donc de retour en eaux calmes, dans lesquelles il barbotait en décembre. Cette zénitude manifeste est corroborée par le marché obligataire, qui fait reculer le rendement du 10 ans US à 4.56%, le support est à 4,50%, la résistance à 4,63%. Les intervenants du marché des Fed Funds sont toujours dans le flou artistique le plus total quant aux prochains mouvements potentiels de la Fed, mais l’absence de mise en place agressive de tarifs par Donald Trump permet à tout un chacun de souffler quelque peu sur les parquets de trading.
Notez au passage la surperformance des petites capitalisations hier, le Russell2000 (RTY) gagne 1,85%, il clôture à 2317 points, tout près de sa 50 jours qui évolue à 2325 pts, les taux en berne et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche font leur effet, ce segment du marché mérite probablement que l’on s’y intéresse.
Notez aussi que l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) clôture hier à 525.98 points soit 3 tout petits points en-dessous de son record historique, qu’il pourrait bien venir chatouiller aujourd’hui au vu du comportement du marché des futures.
Notez enfin que le SMI, notre bon vieux Swiss Market Index, a gagné 6,4% depuis le 20 décembre et fait mieux que tout le monde, Eurostoxx 50 mis à part (même performance).
Au chapitre des monnaies, le dollar reste fort mais reprend son souffle depuis trois séances, la paire EUR/USD traite à 1,0414, sa moyenne mobile à 50 jours se situe actuellement à 1,0435, un niveau à suivre. Ce regain de forme apparent de l’euro est plutôt étonnant, ce matin Bloomberg parle de 4 baisses de taux potentielles par la BCE cette année, tandis que du côté de la Fed on ne s’attend à rien.
L’or ne s’arrête plus, l’once grimpe à 2752 dollars, son record historique est à 2790 dollars, atteint le 31 octobre de l’an passé. La pause marquée par le billet vert, le léger repli des rendements obligataires et la volonté manifeste d’un nombre croissant d’investisseurs de protéger une partie des portefeuilles apportent du support au métal jaune.
En fin de séance de trading hier le marché reçoit un coup de «boost» supplémentaire de la part de Donald Trump, qui annonce un gigantesque plan d’investissement à venir dans l’infrastructure autour de l’intelligence artificielle doté de 500 milliards de dollars et qui concerne Oracle, Open AI et Softbank. Le but de la manœuvre est de prendre la concurrence potentielle à contrepied et de faire des Etats-Unis la première puissance mondiale en matière d’IA. Trump a beau aussi évoquer des tarifs de 10% à l’encontre de la Chine, le marché se concentre sur l’IA, ce matin le future Nasdaq gagne 0,7%.
Les pays européens vont être soumis à des droits de douane, «seul moyen» pour les Etats-Unis «d’être traités correctement», avertit hier le président américain. Les pays européens sont «très mauvais pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait, ils ne prennent pas grand-chose», déclare-t-il. «Donc, ils sont bons pour des droits de douane».
Adidas annonce des résultats meilleurs que prévu pour le quatrième trimestre. Barry Callebaut enregistre une baisse des volumes dans un contexte de flambée des prix du cacao, et revoit en baisse ses ambitions 2025. ABB augmente ses investissements aux États-Unis pour accroître la production locale, selon son directeur financier. Porsche AG confirme ses prévisions de bénéfices pour 2024 lors d'une conférence avec les analystes. Netflix s'envole de 14% hors séance après ses trimestriels. United Airlines gagne 3,6% hors séance après ses trimestriels. Google investit 1 milliard de dollars supplémentaires dans Anthropic, selon le FT. Softbank bondit de 7% après son inclusion dans les projets IA de Donald Trump.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à part en Chine où Hong Kong recule de 1,63% et Shanghai abandonne 0,89%. Tokyo progresse de 1,58% à la cloche, Séoul gagne 1,15% et le Nifty50 traite à l’équilibre.
Le future SPX gagne 21 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%.