Gonet: l'actualité des marchés au 16 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,65%, S&P 500 +1,83%, Nasdaq +2,45%, Russell +1,99%, SOX +2,13%, Eurostoxx +1,04%, SMI +0,68%.

Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire, un peu d’eau fraiche et de verdure et, pour Wall Street, un CPI un chouia en-dessous des attentes.

Il y a des jours comme ça où les ours (Baloo mis à part) regrettent probablement d’être nés. Hier est une journée de la sorte, toutes les étoiles sans exception sont alignées et font une haie d’honneur à des taureaux tout ébaubis. Dame inflation fait un pas en arrière, ou peut-être de côté mais ne chipotons pas, les banques américaines pètent la forme comme jamais (JP Morgan Chase devient la première de l’histoire a gagner plus de 50 milliards de dollars en une année), l’Allemagne semble sur le point de lancer un programme d’allégements fiscaux historique (le DAX au plus haut de tous les temps à la cloche hier), les shorts de tous bords semblent perdre les nerfs, même le luxe relève la tête (mazette les ventes de Richemont…), pour sa part Taiwan Semiconductor publie d’excellents résultats et prévoit des dépenses d’investissement supérieures aux attentes en 2025. C’en est trop pour les baissier qui jettent l’éponge hier, j’y reviens.

Le très attendu rapport mensuel sur les prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis tombe hier en début d’après-midi, il révèle que dame inflation n’a pas filé à l’anglaise mais qu’elle a quelque peu perdu de son allant en décembre, ce qui suffit à faire le bonheur du marché, qui se remet à rêver de baisses de taux potentielles par la Fed cette année encore. On ne le redira jamais assez, c’est la politique monétaire de la Réserve Fédérale des Etats-Unis et elle seule qui montre la direction aux actions. Au-delà du CPI un peu plus faible que pronostiqué, on retiendra surtout de cette statistique que l’inflation dite «cœur», celle débarrassée de ses composantes jugées trop volatiles comme la nourriture et l’énergie, voit sa progression fléchir en décembre pour la première fois en six mois, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour un banquier central ça veut dire beaucoup. Enorme soupir de soulagement sur les parquets de trading donc, alors qu’en parallèle Downtown Manhattan le champagne coule à flots (un peu comme en Russie, coucou LVMH), les grandes banques lancent la saison 4 des résultats trimestriels d’entreprises avec un panache susceptible de faire de l’ombre à Cyrano de Bergerac himself. Blackrock, Bank of New York Mellon, JP Morgan Chase, Wells Fargo, Goldman Sachs et Citigroup battent toutes attentes et pas de peu, le secteur profite en plein de taux d’intérêts élevés, d’un marché boursier en pleine forme et d’une économie qui continue de croître contre vents et marées. JP Morgan progresse de près de 2% sur la séance, les autres décollent entre 5 et 8%.

Wall Street ne met pas longtemps à comprendre que cette journée est la sienne. Les indices S&P500 (SPX), Nasdaq100 (NDX) et Russell2000 (RTY) réalisent tous trois leur meilleure séance de bourse depuis le jour de l’élection de qui vous savez. Le breadth est excellent, les volumes d’échanges aussi, la volatilité se ratatine, les taureaux sont lâchés dans l’arène New Yorkaise et ils font un carnage, les shorts se couvrent à tours de bras et à tous les étages (actions, obligations). Les mastodontes de la tech, qui boudaient depuis quelques séances, reviennent en force dans le game, menés par Tesla (TSLA +8,03%). Le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, des services de communication et des financières. La configuration technique des indices s’améliore nettement, le SPX se rapproche de sa moyenne mobile à 50 jours, le NDX repasse clairement au-dessus de son top du 10 juillet 2024 (@20'690 pts), clôture à 21'237 pts, ce qui lui ouvre la voie vers 21'363 points, puis 22'133 pts (top de décembre).

Au chapitre obligataire, le rendement du 10 ans US se casse littéralement la figure, il revient de 4,76% au moment de la publication du CPI à 4,66% ce matin, a donc cassé son support de 4,73% et regarde le prochain à 4,63%, puis si cela casse à 4,50%. Le dollar retrouve quelques couleurs, c’est plutôt étonnant, la paire EUR/USD repasse en-dessous de 1,0300 et regarde son prochain support à 1,0226.

L’or applaudit le repli des rendements obligataires à tout rompre, l’once revient à 2701 dollars, rappelons que son top a été atteint le 31 octobre, à 2790 dollars. Le pétrole poursuit son rebond, en toute discrétion, le baril de WTI Light Crude évolue ce matin autour des 80 dollars. Encore une dizaine de dollars et le thème des énergies renouvelables devrait revenir sur le devant de la scène.

Israël et le Hamas conviennent d'un accord de cessez-le-feu qui commence dimanche et dure six semaines, déclarent des responsables qatariens et américains.

Joe Biden envisage des moyens de maintenir l'application Tik Tok disponible aux États-Unis, rapporte NBC. Trump, de son côté, considère l'idée d'émettre un ordre pour suspendre l'interdiction, selon le Washington Post. Le CEO Shou Chew prévoit d'assister à l'inauguration, affirme le NYT

Même pas peur! Le Canada prépare une liste initiale de produits américains d'une valeur de 105 milliards de dollars à cibler avec des tarifs si Trump impose des taxes sur les produits canadiens, selon l’agence Bloomberg. Pendant ce temps, la responsable sortante du commerce américain Katherine Tai qualifie l'idée de Trump d'utiliser les revenus des tarifs pour remplacer les impôts sur le revenu de «très, très dangereuse», affirmant que cela nuirait aux travailleurs à faibles revenus.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, les nouvelles demandes d'allocations-chômage, les perspectives d'affaires de la Fed de Philadelphie et les ventes au détail, toutes prévues pour 14h30, seront suivies par les stocks d'entreprises et l'indice du marché immobilier NAHB (16h00). 

Zalando annonce que son bénéfice pour 2024 sera supérieur aux attentes, après un quatrième trimestre meilleur que prévu. ASML estime être faiblement impactée par la décision des Pays-Bas d'étendre les contrôles à l'exportation sur les équipements de semi-conducteurs avancés à partir du 1er avril. Geberit atteint une croissance du chiffre d'affaires net de 2,5% en 2024, corrigée des effets de change. Les ventes de Richemont au troisième trimestre décollent de 10% contre 0.9% attendu, le titre gagne 17% dans les premiers échanges, Richemont ne fait pas de quartier avec la concurrence…

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont tous en hausse, merci le CPI. Tokyo progresse de 0,33% à la cloche, Hong Kong gagne 1,17%, Shanghai avance de 0,28%. Séoul monte de 1,23% et le Nifty50 s’adjuge 0,45%. On citera aussi Taiwan aujourd’hui, qui grimpe de 2,27%, TSMC est passée par là. Le future SPX avance de 22 points et repasse au-dessus des 6'000 points, le cash a besoin d’encore 50 pts pour faire de même. 

Les résultats de sociétés continuent de tomber ce jeudi, avec notamment ceux de Bank of America et Morgan Stanley.

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