Gonet: l'actualité des marchés au 9 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow +0,25%, S&P 500 +0,16%, Nasdaq -0,06%, Russell -0,48%, SOX -0,96%, Eurostoxx -0,31%, SMI +0,38%.

Wall Street stagne avant une pause prévue aujourd’hui et la publication du rapport mensuel sur l'emploi demain. Les rendements des obligations à court terme américaines reculent (4,27% pour le 2 ans), tandis que ceux à long terme continuent d'augmenter, atteignant des niveaux records pour le Trésor à 30 ans (4,93%) et que le 10 ans grimpe à 4,7280%, sa résistance se situe à 4,73% (ça ne s’invente pas), pour se détendre quelque peu ce matin et revenir à 4,67%. C’est un journée boursière ennuyeuse que celle d’hier, l’indice S&P500 (SPX) fluctue sans réelle direction. Les chiffres de l'emploi privé (ADP) de décembre sont inférieurs aux attentes, mais tout un chacun sur les parquets de trading n’attend qu’une chose, le rapport de demain sur l’emploi (nonfarm payrolls). La Fed publie hier soir les minutes de sa dernière réunion (18 décembre). Jerome Powell et ses amis font un peu penser à Bill Murray, songeur au bar du Park Hyatt de Tokyo, ils semblent perdus dans la traduction d’une équation quasiment insoluble, composée de variables, de constantes et d’inconnues. Selon les minutes, la Fed pourrait mettre son cycle de baisses de taux sur pause, la faute à une inflation encore plus têtue et résiliente qu’un Haut-Valaisan, la faute aussi à la vague Donald Trump, actuellement en approche et menaçant de provoquer une hausse du niveau général des prix et de provoquer des conséquences économiques potentiellement fâcheuses. En bref, les membres du comité monétaire le plus influent de la planète semblent perdre le contrôle des opérations, dans ce contexte le marché ose encore espérer timidement deux baisses de 25 points de base cette année encore, probablement en seconde partie d’année, mais le cœur y est beaucoup moins aujourd’hui qu’il y a un mois. 

Pour ne rien arranger à une ambiance de plus en plus plombée, CNN nous apprend hier que Donald Trump envisagerait de déclarer une urgence économique nationale pour justifier des nouveaux droits de douane massifs, envers plus ou moins tout le monde. En bref, le président élu des Etats-Unis semble vouloir cloisonner son pays, on comprend mieux que la Fed soit sur la retenue, la visibilité est quasiment nulle quant à ce que sera la politique américaine à court terme.

En observant les indicateurs interne de marché, on remarque que la proportion d’actions de l’indice S&P500 (SPX) au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours est actuellement inférieure à 52%, une situation rare (8e occurrence depuis 1928), alors que l'indice reste proche de ses sommets. Par ailleurs, moins de 57% des actions présentent une moyenne mobile à 200 jours en hausse, le niveau le plus faible depuis décembre 2023. Historiquement, dans de telles conditions, les rendements futurs de l’indice pourraient être limités, à suivre. 

Le dollar reste fort, le Dollar Index (DXY) traite à 109,21, sa prochaine résistance se situe à 109,53 (le haut en séance du 2 janvier). La paire EUR/USD se bat actuellement avec le niveau de 1,0300, son prochain support est à 1,0226, on avoue avoir de la peine à envisager un rebond durable de l’euro dans le contexte actuel de marché.

Aujourd’hui les Etats-Unis enterrent leur ancien président Jimmy Carter, la bourse n’ouvrira pas pour l’occasion et le marché obligataire fermera plus tôt que d’habitude, à 20h, heure de Genève.

Prenons le temps de jeter un œil sur le Royaume-Uni, où la Livre se casse la figure un peu plus chaque jour, elle évolue ce matin à 1,2286 contre le dollar, a cassé un support plus visité depuis avril 2024 et surtout sa tendance légèrement haussière entamée en mars 2023. Le prochain support se situe à 1,2037, les cambistes spéculent sur la marge de manœuvre dont dispose encore le gouvernement avant de violer une règle budgétaire que la chancelière de l’Echiquier Rachel Reeves s'est elle-même imposée. Même constat de stress sur les bons du Trésor de sa Majesté. Le rendement du Gilt, l'obligation d'Etat à 10 ans britannique, connait un regain de tension et grimpe à 4,81% son plus haut niveau depuis 2008. Les inquiétudes sur le budget du Royaume-Uni sont de retour et font redouter un scénario de tension extrême comme cela s'était produit en septembre 2022 lors de l'éphémère gouvernement de Liz Truss. On rappellera au passage que la situation des finances françaises n’est guère plus enviable que celle de la «Perfide Albion». L’intérimaire Bayrou n’a toujours pas de budget en place, une bonne centaine de personnes de tous bords politiques font la queue devant son bureau, chacune avec une demande incompatible avec celle de son voisin, le spread OAT – Bund reste élevé à 82 points de base.

Un mot sur l’or, qui retrouve de jolies couleurs malgré la force du billet vert et des rendements obligataires tendus. L’once est de retour à 2664 dollars, l’imminence du retour de qui vous savez aux affaires incite probablement plus d’une ou un à ajouter un peu de cette valeur refuge dans les portefeuilles.

On jette un œil sur les performances des principaux indices d’actions depuis le 1er janvier et que constate-t-on? C’est à peine croyable mais qui donc est en train de tenter une petite échappée? Notre bon vieux SMI pardi! L’indice phare de la bourse helvétique progresse de 2,56% depuis le début de l’année, contre +0,87% au Nasdaq Composite, +0,62% au SPX et +1,86% à l’Eurostoxx 50. Le SMI boucle hier sa septième séance consécutive de hausse, jolie performance pour ce marché qui semble jouer à nouveau son rôle défensif, à suivre.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'étude Challenger sur l'emploi (13h30), les demandes hebdomadaires d'inscription au chômage sont reportée à demain.

Sika dégage une croissance organique de 1,1% en 2024 et confirme que la marge d'Ebitda s'est améliorée. Moody's a abaissé la note de crédit de Swisscom de A1 à A2 en raison de l'augmentation de la dette liée à l'acquisition de Vodafone Italia. L'administration Biden prévoit une nouvelle série de restrictions à l'exportation de puces de pointe, notamment celles de Nvidia, pour en limiter l'accès à la Chine et la Russie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Séoul qui grappille 0,03%. Tokyo perd 1,21% à la cloche, Hong Kong recule de 0,20%, Shanghai abandonne 0,58% et le Nifty50 rend 0,62%. Le future SPX perd 10 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. Les volumes d’échanges devraient être faibles ce jeudi, en l’absence du chef d’orchestre New Yorkais.

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