Gonet: l'actualité des marchés au 13 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,63%, S&P 500 -1,54%, Nasdaq -1,63%, Russell -2,22%, SOX -2,42%, Eurostoxx -0,81%, SMI -1,13%.

Mauvaise nouvelle pour Wall Street, l’économie américaine semble se porter comme un charme. Pire, l’inflation ne recule plus et fait montre de velléités haussière. Cela peut sembler contre-intuitif mais de ce fait les acteurs du marché des actions craignent à nouveau que la Fed ne referme le robinet de liquidités. Les statistiques macro publiées vendredi par le BLS (le bureau du travail) détériorent un peu plus encore le sentiment du marché. L’économie américaine a créé 256’000 emplois en décembre, bien plus qu’attendu, malgré une légère baisse des chiffres des mois précédents. Le taux de chômage diminue, les salaires sont conformes aux prévisions, mais l'emploi manufacturier recule. Les offres d’emploi JOLTS atteignent un sommet de six mois, et l’indice de sentiment des consommateurs s’améliore pour les conditions actuelles, mais se dégrade pour les attentes. Les prévisions d’inflation à 1 an et à long terme augmentent à 3,3%. Malgré cela, la Fed estime que le marché de l’emploi reste équilibré, avec une croissance des salaires compatible avec une inflation de 2%. Le marché obligataire ne partage pas vraiment cette vue, les taux longs se tendent un peu plus, le rendement du 10 ans bondit à 4,79%, il casse au passage sa résistance de 4,73%, le chemin technique vers les 5% se dégage un peu plus.

En parallèle, le Trésor des Etats-Unis, qui comme tout un chacun le sait a grand besoin d’argent, émet de nombreuses émissions la semaine passée, qui poussent aussi les rendements vers le nord, alors que la menace de fermeture du gouvernement (shutdown) à la mi-janvier menace, dans deux jours donc. Enfin, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche dans une semaine et avec lui une politique considérée comme inflationniste, ne peut aider le sentiment actuel. 

Au vu de ce qui précède, le repli marqué des indices américains d’actions la semaine passée n’étonne pas grand monde, les investisseurs se replient sur les valeurs européennes, essentiellement celles dont le chiffre d’affaires est principalement réalisé aux … Etats-Unis. Les indices du vieux continent sont nettement moins chers que leurs alter ego américains, la grande question qui subsiste cependant relève des perspectives de croissance des bénéfices des entreprises européennes. En revanche, la politique monétaire de la  BCE reste probablement colombe, le marché attend deux ou trois baisse de taux à court terme, alors que plus grand monde n’ose espérer que la Fed poursuive son cycle de coupes monétaires. Ceci explique en partie la force du dollar et la faiblesse de l’euro, la paire EUR/USD traite à 1,0226 ce matin, pile sur son support de 1,0226, si elle le casse à la baisse une autoroute technique vers la parité se déroulera devant elle. 

Ce weekend Bank of America revoit son scenario et annonce que la Fed ne devrait pas du tout baisser ses taux en 2025, le prochain mouvement pouvant même être une hausse, bigre! Pour sa part Goldman Sachs réduit ses attentes de trois à deux coupes cette année, tandis que Citi en voit toujours 5 (mais où donc?). On retiendra de ces prévisions que le marché semble perdu comme jamais quant aux prochains mouvements de la Fed, or il déteste le manque de visibilité. 

La séance de trading de Wall Street  de vendredi est marquée par une pression vendeuse intense, les volumes d’échanges augmentent fortement, le podium du pire du SPX se compose de l’immobilier, des financières et de la tech, seul le secteur de l’énergie parvient à clôturer dans le vert, porté par le pétrole qui se porte nettement mieux, le baril de WTI Light Crude est de retour à 77,81 dollars, il gagne plus de 6% la semaine passée, le froid s’installe, la situation géopolitique fait le reste. Le repli des actions est général, la volatilité grimpe de 8%, le VIX revient à 19,54, sa principale résistance se situe à 23,42. La tendance haussière du SPX à court terme, entamée en octobre 2023 est remise en question, c’est à suivre de près. En revanche celle du NDX reste solidement en place. 

En résumé, la semaine passée nous assistons à un retour des investisseurs dans les actions européennes au détriment des américaines, à la poursuite de la hausse du billet vert, de la baisse de l’euro, à la continuation de la progression des rendements obligataires, au retour en grâce du pétrole et à la force persistante de l’or, tandis que l’Angleterre s’enfonce dans le marasme.

La dérive budgétaire britannique semble être entrée dans une spirale inquiétante. Le 10 ans UK rend 4,89%, rien ne semble pouvoir arrêter le plongeon de la livre, qui évolue à 1,2166 contre le dollar et s’approche d’un support important à 1,2052 (octobre 2023). L’inflation de 2,6% fait douter les intervenants quant à une prochaine baisse de taux de la Banque d’Angleterre. 

Rien de bien consistant à se mettre sous la dent au menu macro-économique de ce lundi. 

UBS pourrait être considérée comme trop grande pour la Suisse à la suite de son rachat du Credit Suisse, estime l'ancien ministre suisse des finances Ueli Maurer dans les colonnes de Tages-Anzeiger. Meta et Amazon reviennent sur leurs programmes en matière de diversité, Apple le conserve. Eli Lilly est sur le point d'acquérir la biotech Scorpion Therapeutics pour 2,5 milliards de dollars, selon le FT. KKR étudie la possibilité de vendre l'entreprise britannique Viridor, selon Bloomberg. Hewlett Packard Enterprise signe un contrat d'un milliard de dollars pour fournir des serveurs optimisés pour l'IA à X. TSMC commence à produire des puces de 4 nanomètres en Arizona. BYD s'apprête à lancer le SUV compact Atto 2 en Europe en février.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo est fermée, Hong Kong rend 0,75%, Shanghai abandonne 0,25%, Séoul perd 1,04% et le Nifty50 recule de 1,11%. Le future SPX abandonne 25 points et l’Europe ouvre en repli de 0,6%. L’or reste demandé, l’once traite à 2688 dollars.

Cette semaine nous nous concentrerons principalement sur l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis (mercredi) et sur le début de la saison 4 des résultats trimestriels de sociétés, qui débute aussi mercredi avec, comme d’habitude, les grandes banques américaines (notamment Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Morgan Stanley, State Street, Wells Fargo).

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