Gonet: l'actualité des marchés au 21 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow -0,03%, S&P 500 -0,22%, Nasdaq -0,33%, Russell -0,65%, SOX -0,72%, Eurostoxx -1,02%, SMI +0,43%.

Le président des Etats-Unis fraichement intronisé semble déterminé à tout casser dans tous les sens, il tente même de démanteler le ministère de l’éducation. La sidération générale face à la brutalité du locataire de la Maison-Blanche provoque un nombre incalculable de réactions autour du globe. Concentrons-nous sur le marché, qui comme tout un chacun est de plus en plus «perdu dans la traduction» (imaginons un instant Bill Murray président…). L’écran de brouillard dressé devant Wall Street par les annonces incessantes de Donald Trump, principalement au sujet des tarifs douaniers, implique un manque de visibilité rare pour les investisseurs, qui détestent cela plus que tout au monde. Mercredi soir Jerome Powell, patron de la Fed, a bien tenté de trouver des mots rassurants, il a tout de même dû aussi dire que l’incertitude a augmenté, que la croissance américaine est en danger et que l’inflation semble en forme olympique. Depuis, en l’absence de statistiques macro-économiques majeures et à environ trois semaines de la saison 1 des résultats trimestriels de sociétés, le marché est livré à lui-même et commence à sérieusement douter.

La première conséquence de ce flou artistique total provoqué par qui vous savez est le pas en arrière fait par un nombre toujours plus croissant d’acteurs du marché, les volumes de trading ne cessent de reculer sur le NYSE. En parallèle, les gains boursiers enregistrés depuis l’élection du 5 novembre se sont évaporés, le Nasdaq100 (NDX) par exemple, là où nichent les mastodontes de la tech, est désormais en baisse de 2,4% depuis cette date, ce qui n’est absolument pas grave, depuis le 1er janvier 2024 il progresse encore de 18%, ce qui prouve une fois de plus que seul le long terme paie lorsqu’il s’agit d’investir en bourse. Cela étant dit, il est plutôt désagréable d’apprendre ce matin que Nike et FedEx émettent tous deux des avertissements sur bénéfices hier après la cloche, leurs lendemains seront plus difficiles à cause de coûts en hausse et d’une consommation plus prudente, suivez mon regard en direction d’un grand blond. Pire encore, Accenture fait pareil, la firme de Dublin cotée à New York avertit qu’elle souffre déjà des conséquences du gel des dépenses des administrations publiques américaines, suivez mon regard. Au final, Nike perd 4,5% dans les échanges après-bourse, FedEx en abandonne 5,7% et Accenture 7%.

L’administration Trump tente de calmer son monde en répétant à l’envi que «oui ça va être difficile dans un premier temps mais rassurez-vous braves gens, ensuite ce sera Broadway…». Downtown Manhattan on n’est manifestement pas convaincu, ce d’autant que la saison des résultats de sociétés au premier trimestre est en vue, imaginez un peu la réaction du marché si le plus grand nombre nous fait le coup de Nike, FedEx et Accenture…

La séance de trading d’hier est à oublier. Les indices démarrent leur journée sur une note d’optimisme pour repartir assez rapidement vers le sud, incertitude quand tu nous tiens. Les mastodontes de la tech sont globalement faibles, on observe un retour des intervenants dans les bons du Trésor US à 10 ans, dont le rendement revient ce matin à 4,23%, c’est précisément là que sa moyenne mobile à 200 jours se trouve. La volatilité reste présente, le VIX évolue légèrement au-dessus de 20, il a cependant rendu un peu de terrain récemment. D’un point de vue technique, le SPX et le NDX voient tous deux des death cross en approche. Même contexte pour le S&P500 équipondéré (SPW) avec en plus une bagarre de rue en cours autour de la 200 jours, qui se situe à 7103 points contre une clôture à 7054 pts hier et un top en séance à 7097 pts. Le dollar tente un rebond, la paire EUR/UD traite ce matin à 1,0837, son principal support se trouve à 1,0726, c’est là que passe sa moyenne mobile à 200 jours.

Si tout cela vous déprime, prenez une minute pour regarder le SMI, l’indice des blue chips helvétiques qui se porte comme un charme, porté hier notamment par Novartis et Nestlé. La BNS a baissé ses taux comme prévu, la paire EUR/CHF traite ce matin à 0,9568, il semble que, plus que jamais, la Suisse paraisse rassurante face à un navire USA en pleine tempête trumpienne…

Au chapitre macro-économique, les nouvelles demandes d'allocations chômage aux Etats-Unis atteignent 223’000, en ligne avec les attentes, tandis que les demandes continues augmentent légèrement mais restent sous les prévisions. L’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie progresse à 12,5, contrastant avec la baisse inattendue de l’indice Empire State. Les ventes de logements anciens dépassent les attentes grâce à une offre accrue et une forte demande. Aucun indicateur majeur n’est prévu aujourd’hui, John Williams (Fed) prendra la parole. La semaine prochaine, plusieurs publications économiques sont attendues, dont les PMI, la confiance des consommateurs, les commandes de biens durables, le PIB final et l’inflation PCE core.

L’aéroport de Heathrow à Londres restera fermé jusqu’à minuit après qu’un incendie dans un poste électrique a provoqué une panne de courant «significative». Les passagers sont priés de ne pas se rendre à l’aéroport, et d’importantes perturbations sont attendues dans les prochains jours. Les avions en route sont déroutés et plus de 1’300 vols devraient être affectés. Dix camions de pompiers et 70 pompiers combattent l’incendie au nord de Heathrow.

Donald Trump dément un article du New York Times affirmant qu’Elon Musk est informé des plans de contingence militaire en cas de guerre avec la Chine. Pete Hegseth indique que Musk se rendra au Pentagone pour une réunion informelle sur l’innovation et l’efficacité. Trump invoque des pouvoirs d’urgence pour accroître la production de minéraux critiques – et potentiellement de charbon. Par ailleurs, il déclare qu’il signera prochainement un accord sur les ressources naturelles avec l’Ukraine.

UBS envisage de déplacer son siège si la Suisse maintient la demande de capitaux. Galderma veut élargir son conseil d'administration. Novartis reçoit la troisième approbation de la FDA pour Fabhalta par voie orale. Fedex perd 5,6% hors séance après ses trimestriels. Nike perd 5,5% hors séance après ses trimestriels. Micron gagne 4% hors séance après ses trimestriels. Apple secoue ses responsables de l'IA pour tenter de redresser Siri, selon l’agence Bloomberg. Colgate annonce une augmentation du dividende et un nouveau programme de rachat d'actions de 5 milliards de dollars. Tesla rappelle la plupart de ses Cybertrucks pour un problème de carrosserie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. En Chine Hong Kong perd 2,19% et Shanghai 1,29%. Tokyo égare 0,2%, Séoul grappille 0,23% et le Nifty50 prend 0,63%. 

Les marchés européens ouvrent sur une note hésitante et faible, en attendant la validation du plan d’investissement massif allemand par le vote du Bundesrat ce matin. Le future SPX qui perd 21 points n’aide pas, les avertissements sur bénéfices d’hier soir sont passés par là. C’est aujourd’hui la journée des trois sorcières, les options et les futures expirent, ce qui pourrait provoquer un retour de volatilité. 

Le deal de l’année? On apprend hier que les Boston Celtics ont été vendus pour 6,1 milliards de dollars à un groupe d'investisseurs dirigé par Bill Chisholm. Cette transaction établit un nouveau record pour la vente d'une franchise sportive en Amérique du Nord, surpassant les 6,05 milliards de dollars dépensés pour les Washington Commanders en 2023. La famille Grousbeck, propriétaire des Celtics depuis 2002, avait acquis la franchise pour 360 millions de dollars. Joli trade…

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