Gonet: l'actualité des marchés au 17 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,65%, S&P 500 +2,13%, Nasdaq +2,61%, Russell +2,53%, SOX +3,27%, Eurostoxx +1,42%, SMI +0,63%.

Le rebond marqué de Wall Street vendredi cache une forêt d’incertitudes et de craintes montantes d’une communauté financière de moins en moins à l’aise avec le comportement du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Les incertitudes économiques s’amoncellent, les innombrables tarifs annoncés, retirés, modifiés, réitérés, voire doublés, empêchent d’y voir à trois mètres. En parallèle, le paysage macro-économique s’assombrit depuis quelques temps tandis que le consommateur américain est en train de reconstruire son épargne, lui aussi échaudé par les vocifération tous azimuts de qui vous savez, dont la cote de popularité commence déjà à tanguer, selon un sondage CNN.

Ce weekend l’hebdomadaire Barron’s aborde la stratégie du président des Etats-Unis et son impact sur les marchés financiers. L’article indique que Trump et son équipe demandent aux Américains de supporter les turbulences économiques en promettant des jours meilleurs. Leur vision inclut la réduction de la dette fédérale, la diminution de l’influence du gouvernement sur l’économie et la révision des relations commerciales pour relancer l’industrie manufacturière aux États-Unis. Cependant, la mise en place chaotique des tarifs douaniers et la gestion imprévisible du gouvernement ont provoqué une forte baisse des marchés boursiers, effaçant les gains réalisés après son élection. Le S&P500 a chuté de 10,1% et le Nasdaq de 14,2%, en partie à cause des taxes sur l’acier et l’aluminium et des menaces de tarifs «réciproques» sur d’autres pays. Ces politiques risquent de ralentir la croissance économique et d’augmenter l’inflation, selon J.P. Morgan. Le gouvernement minimise l’impact des baisses boursières, mettant en avant un taux de chômage toujours bas (4,1%) et parlant d’une «période de transition». L’article de Barron’s indique que des signes inquiétants apparaissent: l’incertitude économique augmente chez les petites entreprises et les CEOs, et la popularité de Trump décline (52% d’opinions défavorables selon un sondage CNN/SRSS). En parallèle, le Congrès peine à adopter un nouveau budget, préférant prolonger l’existant sans grandes réformes, malgré la volonté de Trump et d’Elon Musk de réduire drastiquement certaines agences fédérales. L’opposition du public à ces mesures se fait sentir lors des réunions locales avec les élus.

C’est dans cette atmosphère légère et joyeuse que les principaux indices américains d’actions bouclent leur quatrième semaine consécutive de repli. La séance de vendredi met un peu de baume au cœur, le rebond est marqué mais les volumes d’échanges vraiment faibles, indiquant une participation clairsemée à la hausse du jour. Les mastodontes de la tech retrouvent quelques couleurs, le podium du jour du SPX se compose de la tech, de l’énergie et des financières, la volatilité chute de 15%, pour déjà récupérer près de 5% ce matin, ça tangue de plus en plus sur le NYSE, la nervosité se fait clairement sentir. Au chapitre du marché obligataire, le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4,30%, sa 200 jours évolue à 4,23%, il sera probablement mis à rude épreuve cette semaine, la Fed est de sortie mercredi, personne ou presque n’attend qu’elle baisse ses taux, mais le discours de Jerome Powell sera décortiqué sous tous les angles, on cherchera à percevoir le mieux possible ce que la Réserve Fédérale a en tête pour la suite des événements monétaires. La Fed ne sera pas seule cette semaine, on attend aussi les décisions de la Banque du Japon, la Banque d’Angleterre, la BNS et la Banque du Brésil.

Cette semaine les marchés seront aussi attentifs à la discussion que Donald Trump aura avec Vladimir Poutine sur le conflit en Ukraine. En parallèle, la Chine annonce aujourd’hui des mesures pour relancer les dépenses en augmentant les revenus, en stabilisant les marchés et en offrant des incitations pour augmenter le taux de natalité. Les statistiques macro du jour sont bonnes, Baidu annonce deux nouveaux modèles d’IA, joli début de semaine à Pékin.

Sur le front de l’analyse technique, on notera que le S&P500 (SPX) poste un bas à 5504 points en séance de jeudi, pour clôturer vendredi à 5638 pts, le bas de jeudi fait donc désormais office de support, ce d’autant qu’il se situe quasiment pile sur l’important niveau de 5500 points. Cela mis à part, les configurations techniques du SPX, du NDX mais aussi du Russell2000 (RTY) restent préoccupantes, les deux premiers sont sous la menace d’une death cross tandis que le RTY ne va pas y échapper, elle s’annonce à un horizon de deux voire trois jours (mais on s’en fiche, rappelons que Donald ne regarde plus la bourse, cette has been). Les monnaies restent en ordre de bataille avec une paire eur/usd qui marque une pause à 1,0883, ici aussi il s’agit de rester attentif, dans ce cas-ci c’est une golden cross qui approche, en faveur de l’euro donc, mais pas tout de suite, la Fed jouera probablement le rôle d’arbitre du billet vert dans un premier temps.

On le savait déjà, le consommateur américain boude, vendredi le marché en obtient une confirmation supplémentaire. L’indice préliminaire de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan pour mars s’affiche à 57,9, bien en dessous des 64,0 de février, qui correspondaient également au consensus. Il s’agit du niveau le plus bas depuis novembre 2022. Le rapport montre une nouvelle hausse marquée des anticipations d’inflation, avec une prévision sur un an passant de 4,3% à 4,9%. Une forte incertitude exprimée par les répondants a entraîné une chute brutale des attentes pour l’avenir. À noter que les indicateurs de confiance suscitent une attention accrue ces derniers temps, notamment en raison des inquiétudes liées à l’incertitude sur une éventuelle politique «Trump 2.0».

Au menu macro-économique de ce lundi, aux États-Unis à 13h30 les ventes au détail de février, un indicateur clé de la consommation. Le marché surveillera également l’indice manufacturier Empire State de mars. Plus tard, à 15h00, seront publiés l’indice NAHB du marché immobilier et les stocks des entreprises de janvier. Enfin, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, prendra la parole à 15h00, un événement pouvant impacter les marchés européens. 

Les familles Porsche et Piëch auraient songé à réduire leur participation dans Volkswagen, aux dernières rumeurs, mais le holding Porsche Automobil dément envisager pas de vendre des parts. Par ailleurs, la coentreprise de Volkswagen et FAW Group en Chine a prévu de lancer 11 nouveaux modèles de marque Volkswagen et Jetta adaptés au marché chinois à partir de 2026. HSBC et UBS développent leurs activités de gestion de patrimoine en Inde, souligne le FT. Les grands labos pharmaceutiques concernés, de Novo Nordisk à Teva, en passant par Pfizer et AbbVie, ont donné leur aval pour participer au deuxième cycle de négociations sur les prix aux Etats-Unis. Le Canada et d’autres pays s’interrogent sur l’avenir de leurs commandes de F35 (Lockheed Martin). GE Aerospace a obtenu un contrat de 5 milliards de dollars avec l’armée de l’air américaine pour fournir des moteurs F110-GE-129, qui équipent les avions de chasse F-15 et F-16 vendus à l’export. 

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,93%, Hong Kong avance de 0,77%, Shanghai grappille 0,19%, Séoul monte de 1,73% et le Nifty50 gagne 0,38%. Scénario différent sur les futures US, le SPX indique un repli de 0,5% tandis que l’Europe ouvre en recul de 0,13%. L’or se maintient à 2988 dollars l’once, le pétrole à 67,61 dollars le baril de WTI Light Crude.

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