L’hommage quotidien rendu par qui vous savez au Muppet Show ne faiblit pas. Hier il s’en prend à nouveau au Canada en annonçant qu’il va taxer ces mécréants de canucks à raison de 50% sur leur aluminium et leur acier, et qu’on va bien voir ce qu’on va voir. Mais c’était sans compter sur un gars qui m’est de plus en plus sympathique, Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, qui avait déjà annoncé une surtaxe sur l’électricité fournie par sa province à 1,5 million de foyers et d’entreprises des Etats-Unis (Michigan, Minnesota et Etat de New York). Hier Doug Ford donne une conférence de presse (avec un très joli fond d’écran sur lequel il est inscrit «Canada not for sale» et aussi un drapeau du Commonwealth, on glousse) et menace carrément de tirer la prise, on imagine déjà New York dans le noir, même si dans les faits cela ne devrait pas se produire mais passons, on apprend un peu plus tard que le tout puissant président des Etats-Unis renonce à ses 50% de taxes, il en conserve tout de même 25 tandis que l’homme Ford de la situation renonce de son côté à surtaxer l’électricité fournie aux trois Etats précités. Doug 1 – Donald 0, ça fait sourire plus d’un sauf à Wall Street où on en a soupé des revirements de bords du grand timonier de la destruction économique et sociale, les intervenants ont la nausée, ils détestent tant l’incertitude.
On observe des tentatives de retour aux affaires des taureaux de-ci de-là mais le cœur n’y est pas, cela se voit avec un breadth nettement négatif sur l’indice S&P500 (SPX) et des acheteurs qui lâchent prise dans la dernière heure de trading. Le SPX entre même brièvement en territoire de correction un court moment dans la séance (correction = -10% depuis le récent top) mais parvient tout de même à s’en extraire. Son podium du jour se compose de la consommation discrétionnaire, de la tech et des services de communication, qui terminent tout de même leur journée dans le rouge. On notera que l’indice S&P500 équipondéré (SPW) abandonne 1.35% sur la séance, il fait nettement moins bien que le SPX et nous indique que le plus grand nombre des 500 membres du plus important indice boursier au monde reste sur la défensive. La plupart des mastodontes de la tech reprennent quelques couleurs, avec en tête de gondole Tesla (TSLA + 3,79% dead cat bounce) et Nvidia (NVDA +1,66% achats à bon compte), on est toujours sans nouvelles des «dip buyers», qui n’ont aucune raison de se ruer dans un marché pollué par un dirigeant politique imprévisible comme jamais. La volatilité rend un peu de terrain mais reste en territoire élevé, le VIX perd 3,45% à 26,92, il voit une résistance à 30,81, c’est son top en séance du 13 mars 2023.
Sur le marché obligataire, on notera que le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4,27%, il se bat toujours avec sa moyenne mobile à 200 jours qui évolue actuellement à 4,23%. Les Fed Funds prédisent 72% de probabilités d’une baisse de 25 points de base par la Fed le 18 juin, puis 66% d’une rebelote le 17 septembre. Attention à la macro du jour, le très important rapport mensuel sur les prix à la consommation aux Etats-Unis sera publié à 13h30, je n’ose imaginer la réaction du marché si le chiffre confirme que dame inflation est sous stéroïdes… A ce propos, s’il y en a un qui n’est clairement pas dopé, c’est bien le dollar, qui se languit à 1,0912 et ne semble n’attendre qu’une chose, c’est qu’on lui tape un peu plus encore sur la tête. On rappelle le niveau de 1,1050 – 1,1100, résistance très importante qui, si elle est cassée marquerait la sortie du trend baissier entamé par la monnaie unique européenne en 2008.
On garde aussi en tête l’acceptation par l’Ukraine de la proposition de trêve d’un mois faite par les Etats-Unis, la balle est dans le camp de Moscou.
J’allais oublier, hier Donald Trump indique qu’il ne s’attend pas à une récession, contredisant en partie ses propos à Fox News de dimanche, il parlait alors de période de transition. Nous voici rassurés.
Allez on cite l’ancien boss de Pimco Mohamed El-Erian qui résume plutôt très bien la situation actuelle: «la récente crise d'imprévisibilité américaine risque de priver les Etats-Unis de l'un de leurs atouts majeurs et différenciateurs, à savoir la confiance à long terme des investisseurs dans le cadre politique et la prise de décision».
Au menu macro-économique du jour, le CPI (Consumer Price Index) aux Etats-Unis, à 14h30.
Rheinmetall vise 15,5% de marge d’EBIT en 2025. Inditex publié un EBIT de 1,88 milliard d’euros au quatrième trimestre, un peu au-dessus des attentes. Puma estime que son EBIT 2025 devrait se situer entre 445 et 525 millions d’euros, loin du consensus (693 millions). Leonardo revoit à la hausse ses prévisions 2025 et à l’horizon 2029. Le fabricant de batteries Northvolt (qui compte notamment Volkswagen, Goldman Sachs et BMW à son capital) est sur le point de déposer son bilan en Suède, selon le journal DN. Kudelski conclut un partenariat dans l’intelligence artificielle. Le ministère des transports estime que Verizon n’avance pas assez vite sur le contrat de 2,4 milliards de dollars de la FAA. TSMC a proposé aux concepteurs de puces américains Nvidia, AMD et Broadcom de prendre des participations dans une coentreprise qui exploiterait les usines d’Intel, selon plusieurs sources citées par Reuters. Reliance signe un accord inattendu pour l’internet par satellite avec Starlink. Toyota envisage d’exporter du Royaume-Uni vers les États-Unis pour atténuer l’impact des tarifs douaniers de Trump, selon le FT.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo grappille 0,07% à la cloche, Hong Kong perd 0,91%, Shanghai rend 0,23%, Séoul gagne 1,47% et le Nifty50 recule de 0.3%. Le future SPX monte de 17 points et l’Europe ouvre en progression de 0.9%. L’or gagne un peu de terrain, l’once remonte à 2917$, le pétrole est toujours aussi faible, le baril de WTI Light Crude traite à 66.51$.