Le 1er avril approche à grand pas mais on n’y est pas encore. L’avertissement émis par Tesla à l’administration Trump que la firme est exposée aux droits de douane du grand blond et pourrait être moins compétitive à l’international de leur fait n’est donc pas un poisson, avouez en revanche que cela prête à sourire.
On passe aux choses sérieuses avec un indice S&P500 (SPX) qui entre officiellement en territoire de correction hier, il a donc perdu plus de 10% depuis son plus haut du 19 février, tout cela n’a pas trainé mazette! On connait la raison de ce retour en grâce des ours, l’incertitude croissance générée par la guerre commerciale agressive entamée par Donald Trump à l’encontre de plus ou moins tout le monde. Cela déstabilise les marchés, qui détestent l’absence de visibilité. La macro d’hier a beau être encourageante (indice des prix à la consommation et demandes hebdomadaires d’allocations chômage), le cœur n’y est pas et la pression vendeuse bien présente, avec un breadth déplorable autant sur le SPX que sur le Nasdaq100 (NDX). Le sentiment du marché se détériore un peu plus mais pas trop, au vu de la performance du jour des indices, le VIX grappille 1,73% à 24,66, une hausse mesurée mais un niveau toujours élevé. Les indices SPX, NDX et Russell2000 (RTY) semblent en route pour leur quatrième semaine consécutive de repli, hier les mastodontes de la tech font grise mine, seule Nvdia (NVDA -0,03%) résiste à l’envahisseur, il faut dire que tout un chacun commence à réaliser qu’elle est devenue beaucoup moins chère avec la baisse récente tandis que ses perspectives de croissance sont intactes (PEG de 0,81 qui dit mieux?).
Donald Trump menace d’imposer les boissons alcoolisées en provenance de l’Union Européenne à raison de 200%, vexé que la veille Europe ait osé riposter à sa première salve de tarifs (How dare you?). La bonne nouvelle c’est qu’il y en aura du coup plus pour nous, en revanche, même si 200% paraissent inconcevables et qu’on commence à connaître la méthode d’une finesse rare du gugusse, qui consiste à annoncer des horreurs afin d’obtenir au final des méchancetés, cela reste inquiétant pour l’industrie concernée. En l’état, l’impact le plus tangible s’observe sur les actions, les intervenants n’en peuvent plus de la méthode Trump. Le SPX est donc officiellement en correction, il est aussi entré en territoire survendu, c’est le moment de regarder en arrière et de voir ce que l’histoire boursière nous raconte à ce sujet.
Les corrections sont souvent perçues comme douloureuses, mais elles sont généralement de courte durée. Selon Weitz Investment Management, elles surviennent en moyenne une fois par an et durent trois à quatre mois, avec une perte moyenne de 13% qui est généralement récupérée en quatre mois. Historiquement, après les 15 corrections depuis 2008, le SPX a progressé de plus de 15% en moyenne sur les 12 mois suivants. Certains analystes estiment que le repli actuel est une correction plutôt qu’un marché baissier, car la chute a été rapide, contrairement aux baisses prolongées des marchés baissiers. Enfin, la récente correction a rendu les valorisations du marché plus attractives. Le SPX s’échange désormais à 18 fois les bénéfices estimés pour l’an prochain, contre 23 fois il y a un mois.
Gardez un œil sur le RTY, qui clôture pile au même niveau que le bas atteint en séance du 5 août 2024, cette étrange journée de grande lessive soudaine et éphémère.
Au chapitre obligataire, le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4,28%, sa 200 jours évolue à 4,23%, sa 100 jours à 4,41%. Le dollar reprend du poil de la bête, il revient à 1,0856 contre l’euro, attention ceci dit au bull trap chers adeptes du greenback, la golden cross en faveur de l’euro approche plus vite que prévu, la moyenne mobile à 50 jours de la paire accélère sa hausse, à suivre de près. L’or continue son chemin vers le ciel, bien aidé par qui vous savez, l’once traite ce matin à 2991 dollars. Le pétrole continue de bouder, le baril de WTI Light Crude se languit à 67,21 dollars.
Au menu macro-économique du jour, les données actualisées de l'inflation européenne de février précéderont l'indice de confiance des consommateurs américains de l'Université du Michigan à 15h00.
Enel publie un bénéfice de base en hausse de 4% en 2024 et relève son dividende à 0,47 euros l'action. Ulta Beauty prend 6,5% hors séance après ses trimestriels. Tesla avertit l'administration Trump qu'elle est «exposée» à des tarifs douaniers de rétorsion. Comcast prolonge les droits médiatiques des Jeux olympiques pour 3 milliards de dollars. Apple prévoit une fonction AirPods capable de traduire les conversations en direct, selon l’agence Bloomberg.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse sauf Séoul et le Nifty50 qui égarent 0,28% et 0,33%. Tokyo progresse de 0,72%, Hong Kong gagne 2,16% et Shanghai avance de 1,81%, le marché semble retrouver quelque allant ce matin, dans l’idée qu’un accord sur le budget sera conclu à Washington DC avant minuit, ce qui éviterait une fermeture fâcheuse du gouvernement, c’est un peu maigre mais c’est tout ce que l’on a en magasin ce matin.
Le future SPX récupère 31 points, l’Europe ouvre en repli de 0,2%.
Bernard Arnault indique qu’il pourrait diriger LVMH jusqu’à ses 85 ans, il en a actuellement 76. Delphine, Antoine, Alexandre, Frédéric et Jean patienteront en regardant l’excellente série «Succession».
On reste dans le luxe et on se demande s’ils le font exprès. Kering nomme le designer Demna Gvasalia pour superviser la transformation de Gucci. Le hic c’est que l’heureux élu vient de Balenciaga, il y a boosté les ventes grâce à de nouveaux looks audacieux mais aussi en suscitant parfois la controverse. Gucci, c’est un bien plus gros navire que Balenciaga, le marché n’est pas convaincu et envoie l’action Kering 11% plus bas dans les premiers échanges.