Timide retour des acheteurs sur les parquets de trading hier, les taureaux remettent une pièce dans la machine Nasdaq mais on sent bien que le cœur n’y est pas, les volumes d’échanges sont en baisse et ce ne sont guère que les capitalisations boursières des mastodontes de la tech qui font illusion, en envoyant le Nasdaq100 (NDX) 1,13% plus haut à la cloche, tandis que le vénérable Dow Jones égare 0,2%, pénalisé par de vieilles entreprises poussiéreuses et tellement pas IA que sont notamment Walmart, Coca-Cola, Procter & Gamble, Johnson&Johnson ou encore Amgen. Tesla est toujours en mode «dead cat bounce», ses ventes ont globalement désormais reculé de 73%, le simple fait que Donald Trump annonce en acheter une pour montrer l’exemple (c’est vraiment mignon de naïveté) indique combien son probablement futur ex plus proche conseiller est dans la panade. Mais trêve de muskeries, si l’on gratte ne serait-ce qu’un tantinet la surface du marché hier, on constate rapidement que le plus grand nombre reste bien sagement en retrait, prenez par exemple l’indice S&P500 équipondéré (SPW) qui perd 0,46% contre +0,49% au SPX, cela nous indique que l’armée refuse catégoriquement de monter sur la colline, trop peur d’y retrouver de nouveaux tarifs, trop de brouillard, trop de nervosité, trop de trop. Tiens en parlant de nervosité, le VIX recule de 10% et revient à 24,23, c’est un petit pas mais l’indice de la peur du SPX reste clairement en altitude.
Le breadth est partagé entre un 2 – 1 positif pour le NDX et 3 – 2 négatif sur le SPX, le marché se repose aussi sur l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis, qui ressort en-dessous des attentes pour le mois de février. Là aussi on ressent le manque crasse d’envie et de conviction des investisseurs, un marché disposé à monter aurait saisi l’excuse du CPI pour se mettre en mode Space-X, hier bien au contraire on entend que l’inflation a été faible en février pour des raisons qui ne seront plus présentes en mars et que l’impact des taxes douanières de qui vous savez n’apparait pas encore dans la statistique.
Au registre obligataire, le rendement du 10 ans US remonte à 4,31%, il s’éloigne de sa moyenne mobile à 200 jours qui évolue actuellement à 4,23%. Les Fed Funds revoient leurs attentes de baisses de taux de la Fed légèrement à la baisse, ce matin ils prédisent 66% de probabilités d’une coupe de 25 points de base le 18 juin, puis 67% d’une rebelote le 17 septembre. Sur le front des monnaies, le dollar regagne un chouia de terrain face à l’euro, la paire traite à 1,0876 mais attention chers amis adeptes d’analyse technique, une golden cross (la moyenne mobile à 50 jours traverse la 200 jours à la hausse, un signal d’achat pour les chartistes) se profile à un horizon d’une dizaine de jours. J’aime bien l’analyse technique, elle est souvent soit méprisée soit dédaignée mais punaise comme elle fonctionne bien… Il faut dire que, pour aborder le futur potentiel d’une monnaie, prenons le dollar au hasard, s’appuyer sur le fondamental relève de la mission impossible par excellence, le flux de nouvelles est permanent à ce sujet, tandis qu’une bonne vieille golden cross est simple à identifier, les cambistes regardent ça de près, à suivre donc.
En Europe les indices se portent toujours plutôt bien. Le Stoxx Europe 600 (SXXP) vient de rebondir de sa moyenne mobile à 50 jours, les secteurs de la tech, des industrielles et des bancaires montrent la voie et le principal indice du vieux continent peut se féliciter de sa performance du jour car elle se fait sans les poids lourds que sont Novo Nordisk (l’action perd du poids depuis juin de l’an passé, 51% pour être précis, elle arrive dans une zone intéressante d’un point de vue technique et est de retour en territoire survendu) et Inditex, la maison-mère de Zara qui glisse de 7,5%, la faute à un démarrage timide des ventes en 2025.
Ce matin l’ambiance reste morose, les futures US sont déjà en mode rouge tandis que l’Europe ouvre en repli de 0,4%, la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump est dans tous les esprits, la visibilité du marché quasi nulle, nous nous concentrerons aujourd’hui sur la production industrielle de la zone euro (11h00) qui précèdera aux Etats-Unis les nouvelles demandes d'allocations chômage et les prix à la production (13h30).
Tiens! Le marché automobile chinois a enregistré une croissance de 27% en février, pour atteindre 1,39 million d'unités, grâce au soutien du gouvernement et à l'essor des véhicules électriques (VE). Les ventes de VE rechargeables ont grimpé de 77% pour atteindre 686’000 unités, tandis que les ventes de véhicules à moteur thermique ont diminué de 1%, reflétant l'accélération de l'adoption des VE. Depuis le début 2025, les ventes totales automobiles ont augmenté de 2% par rapport à l'année précédente, avec +35% pour les VE et une baisse de 16% pour les véhicules thermiques. Les incitations gouvernementales devraient continuer de soutenir la demande. Elon, si tu nous lis…
Generali affiche un bénéfice annuel record avant le vote des actionnaires sur le nouveau conseil d'administration. BMW absorbera les coûts des droits de douane sur certains modèles fabriqués au Mexique, selon le WSJ. Adobe perd 4% hors séance après ses résultats trimestriels. Intel nomme Lip-Bu Tan au poste de CEO. Alimentation Couche-Tard a présenté son offre de rachat de Seven & I au public japonais, pour tenter de le séduire.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse mesurée, Tokyo égare 0,08% à la cloche, Hong Kong rend 0,58%, Shanghai perd 0,39%, Séoul abandonne 0,05% et le Nifty50 recule de 0,14%. Le future SPX baisse de 0,6%, l’Europe traite en repli de 0,4%. L’or repart vers le nord, l’once est de retour à 2943 dollars, le pétrole va un peu moins mal, le baril de WTI Light Crude revient à 67,79 dollars.
Gardons enfin en tête que les inquiétudes quant à la capacité des législateurs de Washington à éviter une fermeture du gouvernement ce week-end peuvent aussi avoir un impact sur le sentiment du marché.