Gonet: l'actualité des marchés au 14 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,16%, S&P 500 -0,13%, Nasdaq -0,23%, Russell 2000 -0,57%, Sox -1,08%, Eurostoxx -1,04%, SMI -0,04%.

Wall Street termine sa semaine dans le calme, les indices traitant en ordre dispersé à la cloche. Les volumes d’échanges passent en-dessous des 10 milliards de titres traités sur le NYSE, Noël approche et avec elle la torpeur de fin d’année qui s’empare systématiquement des salles de marchés. L’indice S&P500 (SPX) recule légèrement à la clôture mais récupère une grande partie de ses pertes du jour. Le podium de la séance de vendredi se compose des titres de consommation de base, des utilitaires et des valeurs de la communication. On se désintéresse quelque peu des actions dites de valeur, le flux de nouvelles est peu alimenté. Les indices réduisent leurs pertes après que le Sénat américain a voté la prolongation d’une semaine du financement de l’Etat fédéral, évitant ainsi un «shutdown» des services fédéraux ce vendredi soir. Le projet de budget pour l’exercice 2021 (qui devrait inclure le fameux plan de soutien face au Covid) devra être approuvé avant vendredi prochain. Le SPX réalise sa pire performance hebdomadaire depuis octobre, en reculant de… 0,96% sur les 5 dernières séances. Seul l’indice Russell2000 (RTY) des plus petites capitalisations US progresse et gagne 1% sur la semaine.

La volatilité rebondit quelque peu, l’indice VIX gagne 3,5% et revient à 23,31. Le dollar tente de faire de même mais semble se faire attaquer par les vendeurs à chaque tentative de rebond. Le Dollar Index (DXY) traite à 90,74 ce matin, la paire eur/usd à 1,2147, le récent top de 1,2178 est à garder en tête. Le rendement de l’emprunt US se pose à 0,90% après s’être approché des 1% mardi. L’or traite à 1833 dollars l’once et le pétrole est bien entouré, le baril de WTI light Crude est revenu à 47 dollars, l’air de rien.

Sur le plan macro-économique, le moral des Américains tient bon en ce début décembre malgré la progression de l’épidémie de coronavirus et le retour de mesures de restriction dans de nombreux Etats. L’indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains, mesuré par l’Université du Michigan, a ainsi grimpé à 81,4 en décembre contre un consensus de marché de 76, et après 76,9 en novembre. L’indice des prix à la production a augmenté de 0,1% en novembre en comparaison au mois antérieur, en ligne avec le consensus des économistes.

Au chapitre du plan de relance, Steven Mnuchin et Nancy Pelosi font tous deux état de «progrès» dans les négociations, mais Mme Pelosi émet des doutes en estimant qu’il n’est pas exclu que les discussions se poursuivent au-delà de Noël. Selon la presse américaine, les discussions sont ralenties par les réticences du président républicain du Sénat, Mitch McConnell, dont le soutien est essentiel pour voter un nouveau plan. McConnell aurait posé des conditions, exigeant notamment que le plan de soutien prévoie de protéger les entreprises de poursuites judiciaires liées au Covid-19. Il semble de plus en plus difficile de faire adopter un plan avant la fin de la législature (en principe vendredi prochain, 18 décembre. Un échec reporterait d’au moins un mois l’adoption d’un nouveau package, qui serait soumis au nouveau Congrès entrant en fonction en janvier, mais qui ne devrait pas voter de lois avant l’investiture du président élu Joe Biden prévue le 20 janvier.

Pendant que Donald réinvente la définition du mot «ridicule», Mickey pète la forme et le clame haut et fort. L’action Walt Disney décolle de 13,6% vendredi, à l’occasion de son Investor Day, au cours duquel la firme dévoile des données et des ambitions impressionnantes pour ses services de vidéo en streaming, dont Disney+, lancé il y a à peine plus d’un an. Disney+ a ainsi conquis 86,8 millions d’abonnés à la date du 2 décembre, contre un peu plus de 73 millions en fin de Q4, achevé le 3 octobre. En incluant Hulu et ESPN+, les services de streaming du groupe comptent au total environ 137 millions d’abonnés. À l’horizon de la fin 2024, Disney vise 260 millions de clients pour Disney+ et 350 millions pour Disney+, Hulu et ESPN+ réunis, ce qui correspond à tripler ses ambitions initiales faites à l’automne 2019 (80 à 90 millions d’abonnés à Disney+)... Fort du succès de Disney+, le groupe annonce une hausse du prix de l’abonnement Disney+ aux Etats-Unis, à 7,99 dollars par mois, soit 1 dollar supplémentaire, à partir de mars 2021. En Europe, l’abonnement à Disney+ coûtera 2 euros de plus, soit 8,99 euros par mois, au lieu de 6,99 euros, à partir du 23 février 2021.

Le calendrier des résultat de sociétés est quasiment vide cette semaine, bien que les rapports de FedEx et Nike pourraient influencer leurs secteurs respectifs. Le 17 décembre, le comité consultatif de la FDA sur les vaccins et les produits biologiques connexes examinera l’ensemble des données de sécurité et d’efficacité du vaccin mRNA-1273 COVID-19 de Moderna. La Réserve fédérale sera sous les feux de la rampe avec une annonce du FOMC le 16 décembre et des tests de stress sur les grandes banques qui arriveront après la fermeture le 18 décembre. Cette semaine, on attend aussi la Banque Nationale Suisse et la Banque d’Angleterre jeudi ainsi que la Banque du Japon vendredi. L’euphorie des investisseurs face aux récentes introductions en bourse sera également surveillée de près.

À propos d’IPOs (Initial Public Offering), la communauté des investisseurs est tellement en recherche de croissance qu’elle se rue sur les nouveaux venus, souvent sans réfléchir. L’hebdomadaire Barron’s rapporte que le volume d’options calls sur ABB, j’ai bien écrit notre bonne vieille ABB en Suisse, a explosé la semaine passée, les investisseurs se trompant de code en pensant acheter des options à la hausse sur ABNB (AirBbn)… de nombreux observateurs tirent la sonnette d’alarme en rappelant à notre mémoire la bulle Dot.Com de la fin des années 1990. Ces réactions sont probablement dues à la valorisation accordée par le marché à ces nouveaux venus, AirBnb ne faisant pas exception. Un professeur réputé de l’université de New York, Scott Galloway, estimait mercredi que ABNB devrait atteindre une capitalisation boursière de 100 milliards de dollars à la fin de l’année 2022. Le marché en a décidé autrement et cela s’est produit jeudi soir déjà. AirBnb avait initialement fixé sa fourchette de lancement entre 44 et 50 dollars. Le titre a été pricé à 68 dollars et a ouvert à 142 dollars. Les investisseurs semblent ne plus prêter attention à la valorisation en ce moment, ils recherchent les poches de croissance, quel qu’en soit le prix. Si l’on considère la seule AirBnb, il semble que le comportement du marché à son égard relève de l’exubérance irrationnelle et que le scénario de 1999/2000 soit en peut-être train d’être rejoué. La question est de savoir si la fin sera la même qu’en 2000.

Boris Johnson et Ursula von der Leyen ont convenu de laisser les négociations de Brexit se poursuivre au-delà de la date limite d’hier. Dans une déclaration commune, ils déclarent que «malgré l’épuisement après presque un an de négociations», ils feraient «un effort supplémentaire». Ils ne fixent pas de nouvelle date butoir.

Londres va probablement passer dans la catégorie la plus restrictive du Tier 3 anglais alors que le maire Sadiq Khan a demandé au gouvernement de fermer les écoles dès demain, rapporte le Telegraph. L’Allemagne entre dans une phase de confinement dur à partir de mercredi. Alors que les États-Unis se préparent à lancer un vaccin, Donald Trump déclare que les hauts fonctionnaires recevront le vaccin Pfizer-BioNTech «un peu plus tard», et qu’il n’est pas prévu de le vacciner.

La Cour suprême des États-Unis met effectivement fin aux efforts juridiques de Donald Trump pour renverser l’élection. Les juges rejettent la tentative du Texas de porter plainte directement devant la haute cour pour annuler les résultats dans quatre autres États. Cela permet au Collège électoral de ratifier officiellement les résultats de chaque État et du district de Columbia aujourd’hui. Trump déclare à Fox que les États-Unis pourraient avoir un président «illégitime».

La production industrielle européenne d’octobre sera dévoilée à 11h00. Aucun indicateur n’est programmé aux Etats-Unis. Ce matin, l’indice manufacturier japonais Tankan est ressorti moins dégradé que prévu en novembre.

Astrazeneca rachète la biotech américain Alexion pour 39 milliards de dollars en numéraire et en titres, pour une valorisation de 175 dollars l’action, contre 120,98 dollars en clôture vendredi. La Californie va se joindre à la plainte visant Google.  La FDA autorise l’utilisation en urgence du vaccin de Pfizer et BionTech.  Le patron de Fiat, Mike Manley, favori pour prendre la direction de Ferrari, selon Il Messaggero. Après Elon Musk, Oracle va quitter la Silicon Valley pour s’installer au Texas. State Street pourrait se séparer de sa branche gestion d’actifs, selon Bloomberg. ABB va rembourser 100 millions de dollars au groupe public Eskom en Afrique du Sud.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,30% à la cloche, Hong Kong recule de 0,51%, Shanghai avance de 0,66% et Séoul recule de 0,28%. Le future SPX monte de 19 points et l’Europe est indiquée en hausse d’un demi pourcent. Le report de la date butoir du Brexit fait probablement du bien au sentiment général, la Livre Sterling le salue en rebondissant contre le billet vert, à 1,3370.

Bienvenue dans la dernière «semaine qui compte de 2020».

A lire aussi...