Gonet: l'actualité des marchés au 10 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow -0,35%, S&P 500 -0,79%, Nasdaq -1,94%, Russell 2000 -0,82%, Sox -2,89%, Eurostoxx +0,09%,SMI +0,35%.

Wall Street cède du terrain, les intervenants continuent de focaliser sur la vaccination et les négociations politiques en cours pour adopter un nouveau plan de soutien budgétaire aux Etats-Unis. C’est clairement le secteur de la technologie qui appuie sur les indices. Prenez par exemple le S&P500 (SPX), qui recule de 29 points à la cloche. Si l’on considère sa version «equal weight», celle qui attribue le même poids à chaque secteur, cette dernière ne perd que quelques miettes en clôture. Cela se confirme lorsqu’on observe le «market breadth», l’indicateur permettant de voir le nombre de titres à la hausse vis-à-vis de ceux en baisse. Et bien le market breadth du SPX hier est de 1 pour 1 alors que celui du NDX est de 1 titre à la hausse pour 2 en baisse. Le Nasdaq100 (NDX) d’ailleurs, qui se prend les pieds dans le tapis, pénalisé avant tout par les FAANGs (Apple -2%, Facebook -2%, Netflix -4%, Tesla -7%). On peut résumer la séance d’hier par une sous-performance des valeurs de croissance plutôt qu’une surperformance des titres de valeur. Hormis ce coup de chaud sur la technologie, c’est une journée plutôt calme que celle d’hier, sans événement macro-économique notable à signaler. Les volumes d’échanges repartent quelque peu avec 12 milliards de titres traités sur le NYSE (New York Stock Exchange).

L'étau se resserre sur les géant de l'économie numérique. On s’attaque notamment aux abus de position dominante. Aux Etats-Unis, l'autorité antitrust et la quasi-totalité des Etats fédérés américains viennent de lancer une procédure formelle visant Facebook, centrée sur la stratégie du groupe consistant à racheter ses concurrents avérés ou présumés pour maintenir son statut incontournable. D'autres enquêtes pourraient suivre contre Google, Amazon et Apple. Dans le contexte du partage des rémunérations entre les différents acteurs, notamment dans la sphère médiatique, la résistance des éditeurs s'organise. Plusieurs pays s'activent sur les contenus, on l'a vu récemment avec la France et l'Australie où des accords ont été trouvés pour rémunérer les fournisseurs professionnels d'informations qui alimentent les plateformes. Troisième enjeu: la régulation. Le Financial Times révèle ce matin que l'Union européenne devrait annoncer la semaine prochaine un dispositif forçant les «très grandes plateformes» à assurer elles-mêmes la responsabilité de leurs contenus, en prévoyant des amendes pouvant aller jusqu'à 6% de leurs revenus annuels en cas de manquement. Il s'agit par exemple de lutter contre la contrefaçon sur les sites marchands. On parle aussi ici d’opinions ou d’idées exprimées. Enfin, le dernier enjeu est celui de la fiscalité, qui crée logiquement des remous non seulement entre Etats et entreprises mais aussi entre Etats eux-mêmes. On le constate, l'environnement est en train de se durcir sur plusieurs fronts vis-à-vis des grandes entreprises technologiques, à suivre.

Sur le front politique, le suspense se poursuit sur la possibilité d'adopter un nouveau plan de soutien aux Etats-Unis, face à la crise du Covid-19 avant la fin de la législature actuelle, prévue à la fin de la semaine prochaine. Deux projets d'un montant presque équivalent sont désormais en discussion: 1) d’un montant de 908 milliards de dollars, a été déposé la semaine dernière par un groupe bipartisan de sénateurs démocrates et républicains. 2) d'un montant de 916 milliards de dollars, a été présenté mardi soir par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. La leader démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et le leader des démocrates du Sénat Chuck Schumer saluent des «progrès» dans les négociations, mais le président républicain du Sénat, Mitch McConnell, dont le soutien est essentiel pour voter un nouveau plan, n'a pas encore rallié un projet, continuant pour le moment de défendre son propre plan minimaliste de 500 milliards de dollars.

Les investisseurs surveillent aussi avec anxiété la situation sanitaire, qui continue de se dégrader aux Etats-Unis mais aussi, hier en Allemagne, où Angela Merkel appelle hier à de nouvelles restrictions jusqu'à la mi-janvier dans l'ensemble de l'Allemagne. «Le nombre de contacts entre personnes est trop élevé, la réduction du nombre de contacts est insuffisante». Et la chancelière exhorte à réduire «au minimum» les contacts d'ici les fêtes, évoquant même la possibilité d'avancer le début des vacances scolaires. Aux Etats-Unis, le nombre de cas de Covid-19 vient de flamber de 1 million (passant de 14 à 15 millions) en seulement 5 jours, et la Californie du Sud a été placée en confinement depuis lundi. Mardi, la FDA a publié un rapport d’experts encourageant, estimant que le vaccin était hautement efficace, confirmant le seuil de 95% annoncé par les laboratoires, et qu'il ne présentait pas de risque de sécurité susceptible d'empêcher son autorisation. De son côté, l'agence européenne du médicament (EMA) devrait se prononcer avant la fin décembre sur ce vaccin.

Au registre macro-économique,  les créations de postes aux Etats-Unis sont ressorties au nombre de 6,652 millions en octobre, contre 6,3 millions de consensus. Dans le vert en début de journée, les cours du pétrole changent de sens après l'annonce d'une énorme hausse des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine passée. Le baril de WTI Light Crude résiste finalement bien et traite à 45,60 dollars ce matin.

Caramba! Les négociateurs du Brexit ont jusqu'à dimanche pour trouver un accord, après que les discussions entre Boris Johnson et Ursula von der Leyen se sont terminées sans avancée hier soir. Les positions des deux parties restent «éloignées», tweet von der Leyen après le dîner. La livre en prend acte et recule contre le dollar, le Câble à 1,3311 ce matin.

Du lourd aujourd'hui en Europe avec le PIB mensuel britannique (meilleur qu’attendu), la production industrielle française (nettement meilleure que prévu), puis la décision de la BCE sur sa politique monétaire à 13h45. Aux États-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'indices des prix à la consommation de novembre sont programmés à 14h30, avant à 20h00 l'annonce du budget mensuel.

La FTC et 46 Etats américains accusent Facebook d'entrave à la concurrence. Starbucks en vive hausse post-séance après l'annonce de perspectives solides post-pandémie. TUI accuse une perte nette de 3 milliards d’euros et doit durcir son plan d'économies. General Electric va payer 200 millions de dollars pour solder des poursuites de la SEC pour des informations trompeuses aux investisseurs sur la période 2015 à 2017. Entrées en bourse en fanfare pour DoorDash (+86%) et C3.ai (+130%). Airbnb devrait arriver aujourd'hui sur le marché à 68 dollars l'action, au-delà de la fourchette prévue. AT&T vend Crunchyroll à Sony pour 1,175 milliard de dollars. Softbank a dépensé 680 millions de dollars pour monter à 25% de DoorDash en 3 ans et se retrouve avec 11,9 milliards de dollars de valorisation avec l'IPO.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en baisse avec Tokyo qui recule de 0,23% à la cloche, Hong Kong qui perd 0,47%, Shanghai qui grappille 0,04% et Séoul qui recule de 0,33%. Le future SPX traite en léger repli et l’Europe ouvre en petite baisse. Le dollar s’est repris, la paire eur/usd traite à 1,2088, l’or en pâtit et revient à 1834 dollars par once et le rendement de l’emprunt US à 10 ans baisse quelque peu, à 0,92%. L’aversion au rique tente un timide retour, très timide même, mais c’est à suivre.

A lire aussi...