Wall-Street termine sa semaine dans le calme et dans des volumes d’échanges très faibles. L’indice S&P500 (SPX) clôture au plus haut du jour, célébrant la statistique des créations d’emplois aux Etats-Unis au mois de mars, qui bat nettement les attentes. Huitième séance consécutive de hausse donc pour le SPX, une performance que l’on n’avait plus vue depuis septembre 2017. Et en plus il y a une raison à cela. Au-delà des négociations sur le commerce entre Pékin et Washington, qui sont apparemment chaque jour un peu plus à bout touchant, si l’on observe les Fed Funds, ces indicateurs fort crédibles des actions à venir de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, et bien ces derniers indiquent désormais 75% de probabilités d’une baisse de taux par la Fed en 2019. Et ça c’est la nouveauté, la nouvelle bonne raison, ou l’excuse, que saisissent les intervenants pour acheter les actions. Sur la semaine, le SPX progresse de 2,06%, l’Eurostoxx de 2,9% et le SMI de 0,67%. Le thème de la semaine écoulée semble clair, on a vendu les valeurs défensives pour revenir dans les titres de croissance et/ou cycliques. Mettons en lumière tout ce qui a trait à la Chine mais aussi les secteurs des camions, des composants automobiles, des casinos, des compagnies aériennes, des voitures et des semi-conducteurs. Du côté obscur de la performance, la semaine passée on retrouve notamment les titres du tabac, les pharmaceutiques et les utilitaires. La volatilité recule encore, l’indice VIX en retrait de 5,4% à 12,82. Cela va devenir de moins en moins respirable, à 10 voire avant un rebond, probablement violent, est attendu. Donc protégeons-nous…

Dans cette ambiance d’appétit croissant au risque, le pétrole poursuit sa hausse, le WTI Light Crude à 63,40 dollars le baril ce matin. Notons par ailleurs que les craintes d'une escalade du conflit en Libye et d'une perturbation de la production de ce pays ont aussi joué en faveur de la hausse vendredi. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans traite à 2,49% et l’or ne fait pas grand-chose, à 1297 dollars l’once.

Boeing (-0,99%); Le PDG, Dennis Muilenburg, a reconnu jeudi la responsabilité du groupe dans les deux récents crashs de B-737 MAX. Il a assuré que Boeing avait presque achevé la mise à jour de son système anti-décrochage MCAS, qui a causé les accidents, ajoutant qu'il anticipait une certification par les autorités aériennes de la FAA et une installation dans les appareils «dans les prochaines semaines». Toutefois, vendredi, la presse américaine a fait état de la découverte par Boeing d'un deuxième problème de logiciels chez le B-737 MAX, sans rapport cette fois avec le MCAS. Un porte-parole de Boeing a estimé que ce nouveau problème était «une question assez mineure», qui aurait déjà été résolue. SNAP (+4,9%) alors que Summit Insights a relevé sa recommandation de «vendre» à «conserver». BofA Merrill Lynch a pour sa part réhaussé l'objectif de cours de 10 à 12 dollars. DOW (-4,1%) JP Morgan a entamé le suivi avec une recommandation à «sous-pondérer» sur le dossier. Apple (+0,67%) Le titre de la firme à la pomme a enchaîné 8 séances de hausse, lui permettant de retrouver sa place de première capitalisation mondiale devant Microsoft (+0,44%). Son service Apple Music aurait dépassé Spotity (+0,6%) en février aux Etats-Unis en nombre d'abonnés.

L'économie américaine continue donc de créer de très nombreux emplois, ont montré les chiffres de mars publiés vendredi. Au lieu des 180k créations de postes attendues, ce sont 196k nouveaux emplois qui ont vu le jour le mois dernier outre-Atlantique. Le taux de chômage s'est stabilisé au taux très bas de 3,8%. En revanche, le rythme de hausse des salaires s'est ralenti : le salaire horaire moyen a augmenté de 0,1% en mars sur un mois, après un gain de 0,4% en février, bien en deçà du consensus (+0,3%). Sur un an, la hausse annuelle est revenue à 3,2% en mars contre 3,4% en février.

Revenons aux négociations sur le commerce: Larry Kudlow déclare à l'agence 'Bloomberg' que les discussions se poursuivent et qu'elles sont «très productives et font bouger les choses dans la bonne direction». M. Kudlow évoque «des progrès sur beaucoup de sujets comme la vérification (post-accord), le vol de propriété intellectuelle, le transfert de technologie, l'actionnariat, le cyberespace et les matières premières». Pour l'instant cependant, aucune date n'est fixée pour un accord définitif, ni pour la rencontre attendue entre le président américain et son homologue chinois Xi Jinping pour sceller enfin cet accord commercial. «Si nous avons un accord, nous aurons un sommet», a dit jeudi le président américain, jugeant que les quatre prochaines semaines devraient permettre d'y voir plus clair.

BMW (-0.9%) déclare qu'il passerait une provision, vraisemblablement supérieure à un milliard d'euros, au vu des conclusions préliminaires d'une enquête de l'Union européenne, qui accuse le constructeur de collusion avec ses concurrents Daimler et Volkswagen dans le domaine des émissions polluantes. Swatch Group (+0,5%): dans un entretien à Finanz und Wirtschaft, le PDG s'attend à une croissance à 1 chiffre et «saine» pour 2019. Ce dernier ne voit pas de saturation du marché en Chine. Swatch et les ventes en ligne de Tissot espèrent représenter au moins 50% du total des ventes à l'avenir.

Cette semaine sera chargée en événements avec la saga du Brexit qui se poursuit, rappelons à ce sujet que le délai accordé au Royaume-Uni pour sortir de l’Union Européenne avec une solution échoit ce vendredi 12 avril. Les minutes de la dernière réunion de la Fed seront publiées mercredi, nous aurons par ailleurs droit à deux discours d’un de ses gouverneurs, Richard Clarida. Mercredi la Banque Centrale Européenne annoncera sa décision sur les taux d’intérêts et vendredi débute la saison des résultats de sociétés aux Etats-Unis, pour le premier trimestre. Cela constituera un gros test pour le bull market car les analystes s’attendent à une décroissance des bénéfices, une première depuis bien longtemps si cela se réalise. En même temps les attentes sont si basses…Hormis ces dossiers, en Chine on suivra la balance commerciale ainsi que les indices des prix à la consommation et à la production. Aux Etats-Unis seront publiées notamment la production industrielle, les commandes de biens durables et les demandes hebdomadaires d’allocations chômage. En Zone Euro nous prêterons attention à la production industrielle et à la confiance des investisseurs. Enfin le FMI publiera ses prévisions pour l’économie mondiale.

C’est un marché en léger recul que nous retrouvons à l’ouverture ce matin, en posture d’attente. Le dollar est stable, la paire euro/dollar à 1,1223. A noter dans la presse du weekend un article positif de Barron’s sur AT&T ainsi qu’un sondage, toujours effectué par Barron’s, auprès de plusieurs stratèges américains des actions, qui pensent que la hausse des indices va se poursuivre.