Gonet: l'actualité des marchés au 7 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,19%, S&P 500 -0,39%, Nasdaq -0,58%, Russell -0,21%, SOX -0,72%, Eurostoxx +0,68%, SMI +0,34%.

Le marché est un peu comme nous, lorsqu’il s’offre un festin, une phase de digestion plus ou moins longue s’impose. Or novembre peut-être sans conteste qualifié de mois pantagruélique ou gargantuesque. On pourrait même affirmer que la hausse de novembre fut brutale et que, logiquement, une pause s’impose.

Troisième séance consécutive de repli pour l’indice S&P500 (SPX) hier, qui s’effondre de 0,44% sur ces trois séances (je sors…). On l’aura compris, il n’y a là pas de quoi fouetter un taureau ni réveiller un ours en hibernation, le SPX est en orbite et semble simplement en train de reprendre son souffle. En plus hier il est fortement pénalisé par le secteur de l’énergie, lui-même taclé par la faiblesse crasse du baril de WTI Light Crude, qui teste actuellement le niveau de 70 dollars. L’OPEP+ a beau organiser des réunions et affirmer vouloir réduire sa production et on va voir ce qu’on va voir, le marché n’en a cure, il tape sur le baril comme rarement, qui s’il casse les 70 dollars regardera ensuite 67,05 dollars, le bas en séance du 28 juin. Et dire qu’une death cross (un signal technique baissier) se profile à l’horizon…Ce qui est sympa avec le repli du pétrole, c’est qu’il met plus ou moins tout le monde d’accord, ce phénomène est désinflationniste et entretient la machine optimiste qui prévoit des baisses de taux par la Fed de plus en plus proches de nous. Cependant il y a un mais, un pétrole qui recule trop est aussi susceptible de refléter des attentes d’atterrissage brutal de la croissance économique dans le marché. C’est peut-être dans cette direction que la réflexion générale est en train de se diriger: le débat entre les bienfaits de la désinflation en cours et les risques que l’économie se prenne un râteau en pleine figure, ce qui nous ramène ô surprise… à la Fed et ça tombe bien! La vénérable institution a du pain sur la planche ces prochains jours avec le rapport sur l’emploi demain, l’indice des prix à la consommation mardi et sa dernière réunion de 2023 mercredi soir prochain.

Le SPX termine sa séance au plus bas du jour, je note que les petites capitalisations continuent de ressortir du lot et que les rendements obligataires sont surexcités par la macro du jour, qui montre que le secteur privé américain a créé nettement moins de postes de travail que prévu au mois de novembre. Cette statistique fait suite au rapport JOLTS de la veille, qui indiquait déjà que l’économie américaine offre moins d’emplois à ses travailleurs que les économistes n’anticipaient. Le rapport de demain n’en revêt que plus d’importance, et les rendements obligataires US de fortement reculer hier après-midi, avant de se calmer quelque peu. Le 10 ans US donc, qui chute à 4,10% hier et revient ce matin à 4,15%, pile sur son support, le suivant se situe à 4,02% (moyenne mobile à 200 jours). Le 2 ans glisse à 4,55% après le rapport ADP, il est de retour ce matin à 4,60%, sa 200 jours évolue à 4,66%. Au chapitre de la volatilité, le VIX semble être entré en catatonie, il clôture quasiment inchangé à 12,97, un niveau fort bas rappelons-le.

Rien de particulier à signaler sur les principaux indices US d’un point de vue technique, en revanche de l’autre côté de l’Atlantique ça balance pas mal avec le DAX qui ne s’arrête plus, malgré son incursion en territoire massivement suracheté. Le Stoxx Europe 600 atteint sa résistance de 470 points à la cloche hier soir, le prochain niveau est tout proche à 472,69 (top en séance du 27 juillet), l’indice est suracheté mais une golden cross semble se profiler à court terme. Et qui voilà de retour à 11’000 points? Le bon vieux SMI, qui y est arrivé sans se presser, c’est le moins qu’on puisse dire mais passons…

Le dollar est stable, le Dollar Index (DXY) traite à 103,88, sa 200 jours est à 103,57. c’est une toute autre histoire que vit la paire EUR/USD, ce matin à 1,0778. Ici on peut clairement parler de faiblesse de l’euro, les récentes déclarations colombes de membres de la BCE ne sont pas passées inaperçues. La 200 jours se situe à 1,0822, la 100 jours à 1,0767. Alors vous me direz que tout cela n’est pas si étonnant que ça, convenons-en. Sauf que ces tribulations rhétoriques de la BCE impactent aussi notre cher (c’est le mot) franc suisse, la paire EUR/CHF traite ce matin à 0,9421. Pour mémoire, le support avant le grand plongeon technique se situe à 0,9410 (plus bas en séance du 26 septembre 2022). Si on casse ce niveau, ensuite une forme de trou noir technique peut théoriquement envoyer la paire à 0,8517, niveau utopique qui fut atteint un jour maudit de janvier 2015…

L’or semble congelé à 2031 dollars.

Les pays de l’UE et les législateurs se sont mis d’accord sur des règles régissant les systèmes d’IA, rapporte Reuters. Il se murmure dans les réseaux sociaux autorisés que le projet de loi sera rédigé par Chat GPT dans dix minutes en 20 secondes et adopté par Bruxelles dans environ 10 ans.

Les républicains du Sénat bloquent une aide d’urgence de 66 milliards de dollars à l’Ukraine, augmentant ainsi le risque de voir les fonds américains se tarir en raison d’une impasse partisane sur l’immigration. Joe Biden exhorte le Congrès à nouveau d’adopter le projet de loi avant les vacances de fin d’année.

Au chapitre «tout le monde s’en fiche mais tout un chacun devrait probablement garder un œil attentif dessus», la demande pour une facilité rarement utilisée de la Réserve fédérale atteint son plus haut niveau depuis 2020 cette semaine, signalant potentiellement qu’une ou plusieurs banques se préparent à de futures tensions sur les liquidités alors que le désendettement de la banque centrale s’accentue. Les contreparties ont fait appel à la Standing Repo Facility (SRF) de la Fed - où les banques éligibles peuvent emprunter des réserves en échange de titres du Trésor et d’agences - pour 203 millions de dollars le 5 décembre. C’est le montant le plus élevé depuis juillet 2020, mais c’est un montant minuscule pour une facilité qui, à son apogée, a attiré 153 milliards de dollars en mars 2020. La demande pour la facilité est retombée à 6 millions de dollars mercredi. «Le bruit court qu’une banque spécifique vient de se mettre en place pour le SRF et l’a testé», déclare un stratège de Deutsche Bank.

On file au Japon avec les paris sur un changement de politique lors de la réunion de décembre de la BOJ qui augmentent après les récents commentaires du gouverneur et de son adjoint. Les swaps indexés sur le taux au jour le jour indiquent près de 45% de probabilités que la BOJ mette fin aux taux négatifs lors de sa réunion des 18 et 19 décembre, contre seulement 3,5% il y a deux jours.

La BCE a fini de relever ses taux et, sauf surprise, pourrait envisager de les abaisser l’année prochaine, déclare François Villeroy à La Depeche du Midi. Alors que certains traders parient sur un assouplissement dès le mois de mars, Christine Lagarde s’efforcera de déterminer dans quelle mesure elle doit s’opposer à ces prédictions par le biais des prévisions de la BCE et des messages qui les accompagnent.

Au menu macro-économique du jour, en Allemagne, la production industrielle recule plus que prévu au mois d’octobre. Aux Etats-Unis, les licenciements de Challenger seront annoncés à 13h30, les nouvelles demandes d’allocations de chômage à 14h30 et les stocks de grossistes à 16h00.

Sanofi tient aujourd’hui sa journée R&D, pour présenter ses perspectives et ses produits, dont 12 ont le potentiel de devenir des blockbusters. AbbVie serait proche de racheter Cerevel à 45 USD l’action, soit une facture de 8,7 milliards de dollars. McDonald’s lance une nouvelle chaîne, CosMc’s, aux Etats-Unis. Apple va lancer de nouveaux iPads et un MacBook Air M3 pour lutter contre la baisse des ventes. Meta va commencer à crypter entièrement les messages sur Facebook et Instagram, selon le WSJ.  Un tour de table évalue SpaceX 175 milliards de dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo rend 1,76% à la cloche, Hong Kong perd 0,71%, Shanghai abandonne 0,09%, Séoul recule de 0,13% et le Nifty 50 égare 0,11%. Le future SPX traite pile à l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,3%.

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