Gonet: l'actualité des marchés au 25 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,20%, S&P 500 +0,09%, Nasdaq -0,29%, Russell 2000 -0,15%, SOX -0,46%, Eurostoxx -0,15%, SMI +0,06%.

Ça sent la veillée d’armes à plein nez sur les parquets de trading. On se concentre, on se prépare, on attend surtout, car cette semaine ça ne rigole plus, les ouvreurs laissent la place aux stars, en bref la saison des résultats de sociétés au premier trimestre entre dans son money time. Rien que dans l’indice S&P500 (SPX), 180 firmes sont attendues au contour. En Europe aussi les mastodontes sont de sortie. Tenez, aujourd’hui nous aurons notamment droit à Microsoft, Alphabet, Visa, PepsiCo, McDonald’s, Danaher, Kering et Vinci. En Suisse ce matin l’ambiance est bonne, Nestlé, Novartis, ABB et Kuehne & Nagel se portent fort bien, tandis qu’UBS espère clôturer le deal Credit Suisse en mai, bigre ce serait rapide…

On l’a remarqué depuis quelques semaines, le joyeux royaume des actions semble quelque peu perdu dans la traduction. Le SPX par exemple évolue dans une fourchette 3800 – 4200 points depuis le début de l’année, clôture hier soir à 4137 pts. L’imminence des résultats des mastodontes de la technologie, qui sont les principaux responsables de la bonne tenue des indices d’actions cette année, incite logiquement les investisseurs à quelque retenue. Pour l’instant, la saison 1 des résultats de 2023 se passe bien, rendez-vous en fin de semaine, nous y verrons déjà nettement plus clair. Le principal enjeu? La contraction des marges due à la rigidité des salaires. L’accent est également mis sur les mesures de réduction des coûts et d'efficacité des entreprises. En parallèle aux résultats de sociétés, l’ombre de la Fed plane encore et toujours sur Wall Street, qui prédit 88% de probabilités d’une hausse de 25 points de base lors du FOMC du 3 mai. Le hic, c’est que les Fed Funds donnent en parallèle 88% de chances à une baisse dans les mêmes proportions le 31 janvier prochain. Or, les prévisions de la Fed ne vont pas dans ce sens, pas aussi vite. Les prévisions d'atterrissage en douceur sont étayées par un marché de l'emploi toujours tendu et par le thème de la résilience des consommateurs, bien que les inquiétudes concernant un «atterrissage en douleur» soient toujours alimentées par les effets décalés d'un cycle de resserrement sans précédent. Ce week-end, le Washington Post a évoqué le fait que de nombreux législateurs du GOP semblent prêts à laisser les Etats-Unis se mettre en défaut de paiement sans réduction des dépenses et sans changement de politique. De nombreux rapports continuent de suggérer que McCarthy pourrait ne pas avoir les votes républicains nécessaires pour faire passer sa législation sur le plafond de la dette récemment dévoilée.

Résumons: le marché des actions progresse bien cette année (l’Europe toute proche de son plus haut historique), l’inflation n’est pas encore jugulée, les banques centrales montrent encore et toujours les dents, le tissu macro-économique est sur le point de nous livrer un verdict des plus importants et les Etats-Unis sont une énième fois pris en otage par leurs politiciens au moyen du plafond de la dette. Dans un tel contexte, le risque d’une correction des indices semble plus important qu’une continuation de la hausse. D’ailleurs, rappelons ici que le VIX (volatilité du SPX) évolue à 16,89, le niveau de 15 semble incompressible. La volatilité a donc chuté ces derniers temps, le coût de couverture d’un portefeuille investi en actions a de facto fait de même, le temps est probablement venu de se pencher sur des stratégies de «hedge». Je note au passage que de nombreux traders se sont déjà positionnés dans ce sens. Le prix de la couverture, mesuré par l'écart entre la volatilité implicite des options de vente et d'achat, monte en flèche et vient de dépasser le dernier sommet atteint en mars, au plus fort de la crise bancaire. Ça c’est plutôt une bonne nouvelle, plus les intervenants sont couverts, moins le risque qu’ils vendent leurs titres en cas de correction est élevé.

On revient à Wall Street avec une première séance de la semaine dépourvue de nouvelles majeures. Notons surtout que les investisseurs reviennent quelque peu dans les bons du Trésor US, le rendement du 2 ans recule à 4,06%, le 10 ans revient à 3,45%. Le dollar reste faible, la paire EUR/USD teste en ce moment sa résistance de 1,1033, si elle la casse elle regardera ensuite 1,1076, son top en séance du 14 avril. L’or tente d’en profiter, l’once revient très légèrement en-dessous des 2'000 dollars par once. Le pétrole fait de même, le baril de WTI Light Crude remonte à 78,78 dollars.

Les deux factions belligérantes du Soudan acceptent un cessez-le-feu de trois jours, selon Antony Blinken. Le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhan et le chef des forces paramilitaires de soutien rapide, Mohamed Hamdan Dagalo déclarent qu'ils cesseraient les combats. M. Blinken évoque également la possibilité de discuter d'un cessez-le-feu permanent, bien que les deux parties aient jusqu'à présent résisté aux efforts déployés pour les amener à la table des négociations.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'indice FFHA du prix des logements (14h30) sera suivi des chiffres de l'immobilier neuf (16h00) et de l'indice de confiance du Conference Board, accompagné de l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (16h00). Sur le front micro-économique, Alphabet sera surveillé de près pour tout plan visant à contrer les rivaux de l'IA qui empiètent sur son service de recherche. Microsoft pourrait faire état d'un ralentissement de la demande dans le domaine de l'informatique dématérialisée. Spotify pourrait annoncer de nouveaux paliers d'abonnement. Les résultats de Visa seront surveillés pour savoir comment l'inflation affecte les dépenses de consommation.

ABB: une croissance à deux chiffres, hausse des marges et prévisions de chiffre d'affaires revues à la hausse. Bayer confirme ses prévisions de ventes et de bénéfices pour 2023. First Republic: les dépôts chutent de 41% au premier trimestre, alors que la banque prévoit des suppressions d'emplois. Le titre plonge de 22% hors séance. Nestlé dépasse ses estimations de ventes trimestrielles en raison d'une forte hausse des prix. Novartis relève ses objectifs 2023. UBS: les bénéfices trimestriels divisés par deux sous le coup de provisions. Johnson & Johnson veut lever 3 milliards de dollars en introduisant en Bourse sa filiale Kenvue. Apple remporte son procès en appel contre Epic Games au sujet des règles de l'App Store. Microsoft va cesser de grouper son logiciel Office avec son appli de vidéoconférence Teams pour éviter une enquête antitrust formelle de la part des régulateurs de l'UE, a rapporté le Financial Times. L'Italie et Lufthansa prolongent les négociations exclusives sur ITA Airways. General Motors et Samsung SDI envisagent de construire une nouvelle usine de batteries aux Etats-Unis. Netflix va investir 2,5 milliards de dollars en Corée du Sud pour la production de contenus. ASML va construire un nouveau site de recherche sur le campus de l'Université de Technologie d'Eindhoven.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Tokyo qui grappille 0,09% à la cloche. Hong Kong abandonne 1,65%, Shanghai perd 0,45% et Séoul rend 1,37%. Le future SPX et l’Europe reculent de 0,25%.

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