Gonet: l'actualité des marchés au 14 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,14%, S&P 500 +1,33%, Nasdaq +1,99%, Russell 2000 +1,30%, SOX +0,73%, Eurostoxx +0,67%, SMI +0,24%.

Un vent d’optimisme souffle sur Wall Street hier, qui illustre combien le marché est actuellement bien plus enclin à entendre les bonnes nouvelles que les mauvaises. Ce sont les statistiques macro-économiques du jour qui caressent les taureaux dans le sens du poil. Les prix américains à la production se contractent au mois de mars, les économistes prédisaient une stagnation, alors que du côté du marché de l’emploi cela se tend quelque peu avec des demandes hebdomadaires d’allocations chômages plus importantes que prévu et en hausse. Le thème de la désinflation est donc à nouveau de mise dans les gargotes financières et on ose espérer sur les parquets de trading que le marché du travail ralentisse enfin. Ce matin le marché des Fed Funds prédit 69% de probabilités d’une hausse de 25 points de base lors de la réunion de la Fed du 3 mai.

L’appétit au risque prend les commandes et les mastodontes de la cote sont recherchés à nouveau (notamment TSLA +3%, AAPL +3,4%, MSFT +2,2%, AMZN +4,7%, META +3%, NFLX +4,6%). Vous conviendrez que lorsque les généraux montent sur la colline, l’armée suit bien souvent le mouvement. C’est ce qui se produit hier Downtown Manhattan avec un seul secteur qui boude la fête, l’immobilier. Le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose des services de communication, de la consommation discrétionnaire et de la technologie. Les shorts se couvrent, la volatilité se prend les pieds dans le tapis (le VIX perd 6,8% à 17,80, il a techniquement de la place jusqu’à 15 et alentours). L’indice MOVE (grand frère obligataire du VIX), perd encore 7,5% et revient à 119,95. Bien qu’évoluant toujours à un niveau historiquement élevé, le MOVE a perdu 40% depuis son top incroyable du 15 mars, il se remet donc lentement la tête à l’endroit. On apprend d’ailleurs ce matin que les banques réduisent encore leurs emprunts auprès de la fenêtre d'escompte de la Fed, un signe que la crise de confiance envers le secteur bancaire s’évapore doucement.

Sur le front obligataire, on assiste à des désengagements qui coïncident avec l’ouverture du NYSE, ce qui indique de potentielles réallocations des obligations vers les actions hier. Le rendement du 10 ans US recule à 3,37% après la publication du PPI, pour évoluer ce matin à 3,44%. Le 2 ans suit le mouvement, baisse à 3,89% après les statistiques macro et revient à 3,97%. L’or ne lâche rien, l’once évolue ce matin à 2039 dollars, on rappelle la résistance majeure qui se profile à l’horizon: 2075 dollars atteints en séance du 7 août 2020. À tout loser tout honneur, le dollar est à mis à genoux par les statistiques macro du jour, il casse sa résistance de 1,1033 et traite à 1,1066 ce matin, ce qui lui ouvre une voie royale vers 1,1221, soit 61,8% de retracement Fibonnacci de la baisse de 1,2263 à 0,9536. Je me demande combien de temps la BCE va mettre à réagir, les entreprises exportatrices européennes doivent passer quelques coups de fils à Christine Lagarde et ses collègues depuis quelques jours. Le SPX récupère aisément le niveau de 4’100 points, il clôture à 4’146 points, son plus haut niveau depuis février. Techniquement, sa prochaine résistance se situe à 4’198 points, il s’agit du retracement Fibonnacci de 23,6% de la hausse de 2’191 pts à 4’818 pts. L’indice n’est pas encore suracheté, lorsque le VIX s’approchera des 15 le temps viendra de penser à couvrir une partie des expositions en actions, une volatilité faible permet de le faire à bon compte.

En Europe, l’Eurostoxx50 gagne 0,67% hier tandis que le CAC40 français surperforme et avance de 1,13%, merci au secteur du luxe, d’ailleurs les résultats de Hermès publiés ce matin sont dans la foulée de ceux de LVMH, même que ça va mieux pour Hermès que pour son concurrent aux Etats-Unis.

En termes de mouvements de titres individuels, Delta Airlines (DAL -1,1%) émet des prévisions supérieures pour le deuxième trimestre et mentionne la force de la demande sous-jacente. Amazon (AMZN +4,7%) Le CEO déclare que les consommateurs dépensent, mais font très attention à ce qu'ils achètent, tandis que les entreprises sont en mode d'optimisation des coûts. Softbank a décidé de vendre la quasi-totalité de ses actions restantes dans Alibaba (BABA +2,48%), s'étant délesté de plus de 7 milliards de dollars au cours des derniers mois après une vente record de 29 milliards de dollars l'année dernière. IBM -0,5% explorerait la vente de son activité météorologique, qui pourrait rapporter plus d'un milliard de dollars.

Edward Scicluna, Robert Holzmann et Martins Kazaks de la BCE s’expriment sur la politique monétaire. Ils mentionnent tous la nécessité d'une action plus poussée, avec la possibilité d'une augmentation de 25 ou 50 points de base lors de la réunion du 4 mai. «Je ne vois aucune raison de ralentir prochainement les hausses de taux d'intérêt, car l'inflation reste très élevée», déclare M. Kazaks. M. Holzmann indique à CNBC qu'une hausse d'un demi-point est «envisageable».

Les plus grands prêteurs américains sont prêts à donner le coup d'envoi de la saison des résultats, avec JPMorgan, Citi et Wells Fargo qui doivent publier leurs chiffres aujourd'hui. Sans surprise, «la question la plus importante pour les banques concerne les dépôts, à la fois pour le trimestre et pour le mois de mars», déclare Mike Mayo de Wells Fargo. Et malgré la récente volatilité du secteur financier, les activités de négociation auront probablement encore souffert; les revenus de négociation des cinq plus grandes banques de Wall Street pourraient avoir chuté de 10% pour atteindre 29,9 milliards de dollars. Trêve de conjectures, place à la grande saison des confessions dès cet après-midi, qui permettra probablement au marché de choisir la direction à prendre ces prochains mois.

Le Conseil constitutionnel français se prononcera aujourd'hui sur le projet d'Emmanuel Macron d'augmenter l'âge de la retraite, un moment décisif pour une réforme qui a suscité des manifestations de masse. Un rejet global, le moins probable, serait désastreux pour M. Macron (et l’envoyer en retraite anticipée?). D'autres possibilités incluent un feu vert total ou la censure de certains éléments périphériques.

Au menu macro-économique du jour, plusieurs statistiques américaines figurent à l'ordre du jour avec les ventes de détail à 14h30, avant la production industrielle (15h15). Celle-ci sera suivie de l'indice de confiance de l'Université de Michigan (16h00).

Boeing suspend les livraisons de certains 737 MAX  en raison d'un problème de production. Tesla réduit les prix des véhicules Model 3 et Model Y à Singapour afin de soutenir la demande. Amazon lance de nouveaux services liés à l'intelligence artificielle et renforce ainsi la concurrence de l'IA face à Microsoft et Alphabet. Pfizer conclut un accord de coopération avec le groupe chinois Sinopharm. JPMorgan se désengage du secteur des métaux de base en Asie selon Bloomberg. Volkswagen demande un report de la mise en œuvre des nouvelles règles d'émissions de l'UE. Le groupe canadien Teck Resources refuse l'offre révisée du géant zougois Glencore. Enel vise 2 millions de stations de recharge de véhicules électriques en Amérique du Nord d'ici 2030. Un consortium dirigé par BAE Systems obtient un contrat pour la conception et le développement de l'avion de combat Tempest. Tencent émet plus de 9 millions d'actions dans le cadre d'un plan d'attribution d'actions.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, Tokyo progresse de 1,20% à la cloche, Hong Kong avance de 0,40%, Shanghai prend 0,60% et Séoul gagne 0,38%. Le future SPX traite en très léger repli, il reprend son souffle, tandis que l’Europe ouvre en progression de 0,2%.

 

L’actualité des marchés revient lundi 24 avril.

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