Gonet: l'actualité des marchés au 6 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,24%, S&P 500 -0,25%, Nasdaq -1,07%, Russell 2000 -0,99%, SOX -1,8%, Eurostoxx -0,39%, SMI +0,38%.

Le joyeux royaume des actions joue en défense. Les investisseurs commencent à craindre l’avènement d’une récession, le repli des taux obligataires ne résonne plus vraiment comme de la musique d’opéra (si vous n’appréciez pas l’opéra, veuillez immédiatement cesser de lire cette chronique) aux oreilles échaudées d’intervenants qui ont le sentiment qu'une toile de fond économique plus faible se traduira par de nouvelles révisions à la baisse des estimations de bénéfices. La pression vendeuse se concentre sur les valeurs technologiques, le Nasdaq100 (NDX) rend 1,62% cette semaine, ce qui n’est pas si grave dans l’absolu, mais la nervosité créée par la crise de confiance dans le secteur bancaire est restée latente ces derniers jours, en bref la sérénité n’est pas de mise à Wall Street, pas encore. Le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose des utilities, de la santé et de l’énergie, l’aversion au risque est de retour sur les parquets de trading, où l’on accumule des bons du Trésor US, le rendement du 2 ans recule à 3,74%, tandis que le 10 ans évolue ce matin à 3,29%. Le SPX ne parvient pas à défendre le niveau de 4'100 points à la cloche et le dollar retrouve quelques couleurs, la paire EUR/USD tente de casser les 1,0900 à la baisse ce matin. Notons au passage que l’or reste bien demandé, l’once évolue à 2015 dollars.

Le vénérable Dow Jones s’en sort nettement mieux que ses jeunes pairs, porté par Johnson & Johnson et United Health. La volatilité du SPX remonte très légèrement, le VIX clôture à 19,08. En revanche côté obligataire, cela se tend encore un peu plus, l’indice MOVE gagne 4% et clôture à 153,90, c’est à suivre de près, on ne m’ôtera pas de l’esprit que la sérénité du marché des actions passe par un retour au calme de son grand frère obligataire.

Les données macroéconomiques hier montrent un indice ADP (emploi privé aux Etats-Unis) pour mars plus faible que prévu (145’000 créations de postes contre 205'000 attendues), le déficit commercial de février qui se creuse plus que prévu (70,5 milliards de dollars contre 69 milliards de dollars) avec des baisses mensuelles des exportations et des importations et l'indice ISM non manufacturier de mars qui ressort plus faible que prévu (51,2% contre 54,5%). La principale conclusion que l’on peut tirer est que l'activité dans le secteur le plus important de l'économie américaine ralentit sensiblement avec une baisse du taux de croissance des nouvelles commandes.

Le marché des Fed Funds s’attend désormais à un taux terminal de la Réserve Fédérale américaine à 4,90% en mai. Il donne 47% de probabilités d’une hausse de 25 points de base le 3 mai, suivie de 4 baisses d’ici la fin de l’année.

Johnson &  Johnson (JNJ +4,52%) progresse après avoir appris que sa filiale LTL Management s'était à nouveau placée volontairement sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites pour résoudre les litiges liés au talc cosmétique et qu'elle allait payer un règlement de 8,9 milliards de dollars. United Health (UNH +3,27%) est relevée à «Strong Buy» chez Raymond James. Outre UNH et JNJ, d'autres valeurs individuelles progressent: FedEx (FDX +1,52%), stimulée par le plan de consolidation, et qui annonce par ailleurs une augmentation de son dividende. Walmart (WMT +1,66%) réitère ses prévisions pour le premier trimestre et l'année fiscale dans le cadre de sa journée des investisseurs. Conagra (CAG +1,84%) bat les attentes et relève ses prévisions de marge. Palantir (PLTR -4,4%) annonce l'autorisation de soutenir les charges de travail du DoD américain. Simply Good Food (SMPL -4,78%) revoit à la baisse ses prévisions d'EBITDA. Western Alliance Bancorp (WAL -12,38%) chute lourdement mais clôture nettement au-dessus de son bas du jour après une mise à jour montrant que les sorties de dépôts se stabilisent. Microsoft (MSFT -0,99%) et Amazon (AMZN -2,74%) font l'objet d'un examen réglementaire au Royaume-Uni en raison de leur position dominante dans le domaine de l'informatique dématérialisée.

Les actions des banques régionales américaines (l’ETF SPDR S&P Regional Banking KRE -1%) reculent encore, atteignant de nouveaux planchers après l'effondrement de SVB, les grandes banques glissant également BAC -1,22%, C -0,69%, JPM -0,63%. Mais hier, les nouvelles se concentrent sur WAL.

Kiev est prêt à discuter de l'avenir de la Crimée avec Moscou si ses forces atteignent la frontière de la péninsule occupée par la Russie, déclare un haut conseiller de Volodymyr Zelenskiy au FT. Andriy Sybiha indique que le président et ses collaborateurs discutent de la question alors que l'armée ukrainienne est sur le point de lancer une contre-offensive.

La vague de liquidités qui afflue vers les fonds monétaires les plus sûrs pourrait s'accroître de 1’500 milliards de dollars supplémentaires au cours de l'année prochaine, selon Barclays. Les coffres des fonds monétaires exclusivement gouvernementaux – qui ciblent les bons du Trésor et les pensions – ont déjà gonflé. Alors que les inquiétudes concernant la solvabilité des banques s'atténuent, «les investisseurs institutionnels ont remarqué qu'ils ne recevaient pas autant de compensation pour avoir pris des risques bancaires non garantis», a déclaré Joseph Abate de Barclays Capital.

Le casse-tête fiscal de Pékin: les gouvernements provinciaux chinois sont confrontés à un endettement sans précédent à la suite de l'effondrement des ventes de terrains, du ralentissement de l'économie et de l'augmentation des dépenses liées aux tests Covid et aux fermetures d'usines. Les experts réclament des taxes et des ventes d'actifs.

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle allemande de février (sortie nettement mieux qu’attendu) précède les inscriptions hebdomadaires au chômage américain (14h30).  Cette nuit, la banque centrale indienne a maintenu son principal taux directeur inchangé à 6,5%, comme prévu. En parallèle, l'indice Caixin des Services chinois en mars a accéléré à 57,8 points, au-dessus des attentes.

Givaudan: J.P. Morgan passe de sous-pondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 2840 à 3100 francs. AbbVie: annonce une baisse de son bénéfice ajusté au premier trimestre en raison des dépenses de recherche et développement, et révise ses perspectives pour 2023. La Suisse annule ou réduit les primes des principaux dirigeants du Credit Suisse. Ford promet une réduction drastique de la complexité de ses modèles dans les années à venir. Vodafone réfléchirait à l'avenir de sa filiale espagnole, selon Bloomberg. Inditex (Zara) reçoit le feu vert pour vendre ses activités russes au groupe Daher. Peter Spuhler et Martin Haefner achètent chacun 7% des actions des actions Rieter auprès de Luc Tack. Boeing reprend les livraisons des B767 après une pause de trois mois.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo abandonne 1,22% à la cloche, Hong Kong égare 0,07%, Shanghai traite à l’équilibre et Séoul rend 1,44%. Le future SPX recule très légèrement et l’Europe ouvre en hausse de 0,2%. Les principaux marchés seront fermés demain, ce sera Vendredi Saint. Et demain nous aurons droit au très important rapport mensuel sur l’emploi américain, le marché en tiendra donc compte lundi, puis mercredi ce sera le tour de l’indice des prix à la consommation, autant dire que la digestion de Pâques risque d’être intéressante. Nous voici donc face à un marché du travail et une industrie des services apparemment en souffrance aux Etats-Unis, il reste à vérifier cela mais aussi à établir si le consommateur de la première économie du monde reste stoïque, ça c’est pour le 14 avril.

 

L’actualité des marchés revient mardi 11 avril, Joyeuses Pâques à toutes et tous.

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