Gonet: l'actualité des marchés au 5 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,59%, S&P 500 -0,58%, Nasdaq -0,52%, Russell 2000 -1,81%, SOX -1,81%, Eurostoxx +0,10%, SMI -0,18%.

La journée d’hier est un cocktail de gueule de bois du secteur de l’énergie, de braises soufflées sur le secteur bancaire et de craintes de ralentissement économique qui s’invitent au débat du moment.

Le secteur de l’énergie manque de peps hier, il a tellement fêté l’annonce de l’OPEP d’une réduction prochaine de sa production qu’il rend une petite partie des gains enregistrés lundi. Mais hier le marché se concentre surtout sur les nouvelles macro-économiques du jour, qui montrent les ouvertures de jobs (JOLTS Job Openings) ont reculé significativement aux Etats-Unis en février, ce qui constitue à priori une bonne nouvelle, le marché de l’emploi est un des principaux indicateurs que suit la Fed. En revanche, les commandes aux entreprises reculent plus que prévu et suggèrent que la faiblesse du secteur industriel se poursuit au premier trimestre. C’est donc logiquement que les rendements obligataires prennent la direction du sud hier, mais le joyeux royaume des actions refuse d’applaudir, soudainement inquiet à nouveau que dame croissance le laisse en plan, rappelons ici que la saison des résultats de sociétés au premier trimestre débute en fin de semaine prochaine, avec les principales banques américaines, ce qui m’offre une superbe transition vers ce secteur, que le marché commençait à mettre en page deux de ses nouvelles du jour. Et puis Jamie Dimon monte sur scène, ou plus précisément écrit une lettre aux actionnaires de JP Morgan, dans laquelle il indique que la crise bancaire régionale n’est pas encore terminée et qu’elle aura des répercussions dans les années à venir. Et paf l’empêcheur de monter en rond…

Des craintes ravivées de ralentissement économique, additionnée à un secteur bancaire supposément pas encore guéri, cela fait un peu trop pour Wall Street, qui se met en mode défensif. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des utilities, des services de communication et de la santé, tandis que la pression vendeuse monte sur les industrielles, l’énergie, les materials et les financières. Le SPX parvient tout de même à défendre le niveau de 4'100 points à la cloche, malgré un marché obligataire qui se tend à nouveau, l’indice MOVE rebondit de 7% à 147,75, la poussière n’est donc pas encore retombée sur la crise de confiance dans le secteur bancaire. Le 2 ans US traitait à 3,99% juste avant la publication des statistiques du jour, il évolue ce matin à 3,86%. Le 10 ans traite à 3,36% contre 3,46%. Ce matin on parle de moins en moins de hausse de taux lors de la réunion de la Fed du 3 mai, les Fed Funds prévoient désormais 48% de probabilités d’une hausse de 25 points de base, tandis que la première baisse semble de plus en plus convaincre, en fin d’année.

Le dollar est dans les cordes. La paire EUR/USD se hisse à 1,0951, elle regarde désormais 1,1033, son top en séance du 2 février. Le pétrole se maintient à 81 dollars le baril de WTI Light Crude.

Oh my Gold ! La relique barbare se met en mode Space-X et casse les 2’000 dollars par once, ce matin elle évolue à 2024 dollars, objectif 2075 dollars (le top en séance du 7 août 2020) puis la lune ou presque, je n’ose vous mentionner le niveau indiqué par certains chartistes… ce mouvement de l’or est dû à la faiblesse du dollar, au repli des rendements obligataires mais peut-être aussi au fait que les investisseurs s’y positionnent à nouveau dans une idée défensive.

En résumé, hier le marché boursier ne réagit pas favorablement à la baisse des rendements, car il a le sentiment que l'affaiblissement de la toile de fond économique se traduira par de nouvelles réductions des estimations de bénéfices. Ceci dit, je note tout de même une certaine forme de résilience de la part du SPX, qui non content de défendre les 4'100 points le fait en étant suracheté à court terme. Notons aussi que le principal indice de Wall Street est soutenu par quelques mastodontes (Alphabet (GOOG +0,2%), Amazon (AMZN +1,5%), Meta Platforms (META +0,8%)).

Le kiwi bondit de 1,1% après que la RBNZ (la Banque Centrale de Nouvelle Zélande) a augmenté de façon inattendue son taux officiel de 50 points de base à 5,25% pour maintenir son rythme de resserrement même si l'économie se dirige vers la récession. La plupart des économistes prévoyaient un relèvement de 25 points de base. «L'inflation est encore trop élevée et persistante, et l'emploi est au-delà de son niveau maximum durable», déclare la banque.

Donald Trump plaide non coupable de 34 chefs d'accusation criminels liés à des versements d'argent occultes. Le procureur de Manhattan, Alvin Bragg, déclare que Trump «a falsifié de manière répétée et frauduleuse des dossiers commerciaux de New York pour dissimuler des crimes qui ont caché des informations préjudiciables au public votant lors de l'élection présidentielle de 2016.» Le juge exhorte les parties à éviter les déclarations susceptibles d'inciter à la violence. La prochaine audience en personne pour cette affaire est fixée au 4 décembre, selon CNN.

Loretta Mester (ne vote pas au FOMC) indique que les taux devraient augmenter au-dessus de 5% et rester à ce niveau pendant un certain temps afin d'étouffer l'inflation. Le niveau exact dépend de la rapidité avec laquelle les pressions sur les prix s'atténuent, mais pour l'instant, la politique monétaire doit se déplacer «un peu plus loin dans le territoire restrictif», déclare la boss de la Fed de Cleveland.

Le président chinois Xi reçoit Emmanuel Macron aujourd’hui, peut-être dans le but de créer de la distance entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. Quant au chef de l’état Français, son but à lui est de créer un maximum de distance entre lui et les syndicats français, pendant qu’Elisabeth les reçoit ce jour, probablement pas pour un aimable afternoon tea…

Au menu macro-économique du jour, les indicateurs PMI définitifs dans les services, notamment pour la zone euro (10h00) et les Etats-Unis (15h45). Outre-Atlantique, les investisseurs attendent aussi le rapport ADP sur l'emploi (14h15) et l'ISM des services (16h00). Enfin, à 16h30, place aux stocks de brut du DOE.

Barry Callebaut: les revenus semestriels sont inférieurs aux attentes mais les résultats sont meilleurs que prévu. Contre toute attente, le CEO Peter Boone quitte son poste pour des raisons personnelles et sera remplacé par Peter Feld. Johnson & Johnson propose de verser 8,9 milliards de dollars pour mettre un terme au procès géant du talc. L'UE et la Banque d'Angleterre valident l'opération d'UBS sur le Crédit Suisse. Google affirme que son supercalculateur d'IA est plus rapide et plus écologique que celui de Nvidia, et toc !  Walmart annonce que 65% de ses magasins seront automatisés en 2026, et maintient ses prévisions. Ryanair annonce une hausse de 12% du trafic en mars, à 12,6 millions de passagers. 5’000 salariés acceptent l'offre de départ volontaire de Ford. Amazon supprime 100 employés dans ses divisions jeux vidéo. Kuehne + Nagel ouvre un centre logistique à Dallas au Texas. Holcim s'offre Sivyer Logistics, un spécialiste du recyclage. Vontobel rompt les relations avec les clients domiciliés en Russie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse pour Tokyo, qui abandonne 1,68% à la cloche, tandis que Séoul progresse de 0,59%. Hong Kong et Shanghai sont fermées. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en léger repli

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