La poussière retombe sur un premier trimestre intense en rebondissements. Au final, en observant le niveau des principaux indices au 31 mars, on pourrait presque se dire qu’un long fleuve tranquille a coulé ces trois derniers mois, et pourtant…

À tout seigneur tout honneur, rendons au Nasdaq100 (NDX) ce qui lui appartient, soit une hausse historique de 20,49% sur la période, notamment permise par un décollage en bonne et due forme des mastodontes de la technologie: META +76,1%, AAPL +26,9%, AMZN +23,0%, MSFT +20,6% et GOOGL +17,6%. Le streaming (NFLX +17,2%) tire également son épingle du jeu. Les semi-conducteurs sont littéralement bluffants avec l’indice SOX qui s’envole de 27,6%. Nvidia (NVDA +90,1%) mène le rallye du secteur. Du côté des logiciels, Salesforce (CRM +50,7%) montre la voie. Tesla (TSLA +68,4%) contribue à la surperformance du secteur de la consommation discrétionnaire au premier trimestre. Les constructeurs de maisons connaissent un bon trimestre avec l’ETF XHB (SPDR S&P Homebuilders) qui prend 12,3%. Les croisiéristes sont solides avec Royal Carribean (RCL +32,1%) et Carnival (CCL +25,9%). Les casinos se redressent avec Wynn Resorts (WYNN +35,7%) et MGM +32,5%. Les restaurants progressent. Au niveau des indices, le trade du trimestre était short Brésil (-7%) long la technologie américaine. Paris progresse de 13,1%, Le Dax gagne 12,3%, l’indice Stoxx Europe 600 avance de 7,8%, il fait légèrement mieux que le S&P500 (SPX) qui progresse de 7%. Le SMI récupère 3,5% (notamment pénalisé par Roche), Hong Kong grappille 2,5% et l’Inde perd 4%.

Avant de se pencher sur la séance de vendredi de Wall Street, un mot sur le pétrole, qui grimpe de 5% ce matin après que l’OPEP a annoncé une réduction de sa production de 1,1 million de barils par jour à partir du mois de mai. C’était inattendu, bien que Goldman Sachs nous rappelle que l’OPEP est là pour piloter les prix de l’or noir et que sa capacité à fixer les prix est plus importante que le passé. Le baril de WTI Light Crude rebondit à 79,58 dollars, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’inflation, mais le marché ne semble pas en prendre trop ombrage en ce début de lundi. En parlant d’inflation, les statistiques macro de vendredi envoient des signaux plutôt encourageants. L'indice américain des prix PCE ralentit à 5,0% en glissement annuel en février, contre 5,3% en janvier, tandis que l'indice des prix PCE de base, l'indicateur d'inflation préféré de la Fed, chute à 4,6%, contre 4,7%. L'orientation de ces mouvements est bienvenue, mais le rythme auquel ces indices ralentissent laisse quelque peu à désirer. Les investisseurs réagissent également à l'enquête de l’université du Michigan sur le moral des consommateurs pour le mois de mars, qui montre que les prévisions d'inflation pour l'année à venir ont ralenti à 3,6%, contre 3,8% en lecture préliminaire et 4,1% en lecture finale pour le mois de février.

Disons-le, le trimestre ne se termine pas bien pour les ours. Les principaux indices accélèrent vers le nord en fin de séance vendredi, probablement encouragés par les statistiques macro du jour. Le SPX réalise le petit exploit de repasser au-dessus des 4100 points à la cloche, il s’est remis la tête complètement à l’endroit depuis quelques séances et peut désormais viser 4195 points, son haut en séance du 2 février. Notons au passage que l’indice n’est pas suracheté. Le NDX est en mode Space-X, il consolide le niveau de 13'000 points, traite au plus haut de l’année et peut désormais regarder 13'720 points comme objectif à atteindre, il s’agit du plus haut du 16 août 2022. L’indice est sur le point d’entrer en territoire suracheté. Au chapitre des secteurs, tout le monde termine la journée dans le vert, le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, de l’immobilier et des services de communication. Les mastodontes de la technologie font le reste. La volatilité poursuit sa décrue, le VIX perd 1,7% à 18,70, il a de la place jusqu’à 15. Son pendant obligataire, l’indice MOVE, perd aussi du terrain, il revient à 135,90, un niveau toujours élevé mais la direction prise est la bonne. Le dollar est calme, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0827, l’or recule à 1960 dollars par once. Côté Fed Funds, on ne se résout toujours pas à prédire une hausse de 25 points de base par la Fed le 3 mai, les prévisions sont actuellement de 63% de probabilités.

Le marché obligataire semble se calmer lentement, comme l’illustre l’indice MOVE. Le rendement du 2 ans US se situe à 4,10% ce matin, tandis que le 10 ans traite à 3,53%. Attention à un retour trop rapide de la complaisance, le ratio put/call évolue à 0,66, ce qui nous indique que les intervenants achètent plus de calls que de puts, ils sont donc haussiers, ce qui n’est fondamentalement pas grave, mais on sait ce qu’il advient du boxeur qui baisse sa garde. Dans ce contexte, on peut rester attentif au VIX, s’il se rapproche des 15 la complaisance pourra être décrétée.

La première ministre finlandaise, Sanna Marin, concède les élections législatives à la Coalition nationale, ses sociaux-démocrates arrivant en troisième position derrière le Parti des Finlandais, d'extrême-droite. Pendant ce temps, les cinquièmes élections législatives bulgares en deux ans ne donnent pas de vainqueur clair, les partis des anciens premiers ministres Kiril Petkov et Boyko Borissov terminant au coude à coude. Au Monténégro, Jakov Milatovic remporte le second tour des élections présidentielles face au président sortant Milo Djukanovic, qui a été président ou premier ministre presque sans interruption depuis 1991.

La Taïwanaise Tsai Ing-wen s'entretiendra avec un groupe de législateurs dirigé par les républicains cette semaine, lors de son retour du Guatemala. Elle devrait également rencontrer le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. Cette semaine également, Emmanuel Macron se rend en Chine, où il devrait tenter de convaincre Xi Jinping de modifier sa position sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Donald Trump plaidera non coupable lorsqu'il comparaîtra demain devant un tribunal de Manhattan pour faire face à des accusations liées à des paiements occultes présumés à une star du porno pendant la campagne présidentielle de 2016, déclare son avocat à CNN. Son équipe envisage également de demander le transfert de l'affaire à Staten Island, un arrondissement plus conservateur de New York, craignant qu'il ne bénéficie pas d'un procès équitable.

Au menu macro-économique du jour, S&P publiera tout au long de la journée les indicateurs manufacturiers définitifs des grandes économies pour mars (France 9h50, Allemagne 9h55, Europe 10h00, USA 15h45). Outre Atlantique, il y aura aussi l'ISM manufacturier et les dépenses de construction (16h00).

Le rapprochement entre UBS et la Crédit Suisse pourrait entraîner 25’000 à 36’000 réductions de postes, selon le SonntagsZeitung. Par ailleurs, le FT affirme que la justice suisse a ouvert une enquête sur l'opération. Tesla livre un peu moins de 423’000 véhicules au premier trimestre, très près mais légèrement en deçà du consensus. ENI est engagé dans cinq projets de captation du carbone financés par le gouvernement britannique d'une valeur de 20 milliards de livres sterling. Lafarge, désormais propriété d'Holcim, a été «infiltré» en Syrie «par les services français», selon l'ex-CEO, Bruno Lafont. Holcim qui finalise par ailleurs le rachat de l'américain Duro-Last. La Californie et trois autres États se joignent à la lutte menée aux États-Unis pour empêcher JetBlue de racheter Spirit Airlines.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo gagne 0,52% à la cloche, Hong Kong rend 0,30%, Shanghai avance de 0,72% et Séoul perd 0,18%. Le future SPX rend 8 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. C’est une semaine écourtée qui débute, vendredi la plupart des places financières européennes et américaines feront relâche pour Pâques, on peut s’attendre à un ralentissement marqué de l’activité à partir de mercredi.