Une pause tarifaire, pas une accalmie

Axel Botte, Ostrum AM

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La pause tarifaire américaine rassure brièvement les marchés actions, mais les tensions sur les taux et l’inflation latente prolongent l’incertitude.

©Keystone

 

L’annonce d’une pause de 90 jours des tarifs au-delà de 10% offre un peu de répit aux marchés d’actions mais l’escalade des mesures entre la Chine et les Etats-Unis. Les tensions sur les taux longs inquiètent avec un 30 ans qui s’affiche au-delà de 4,90%. L’or rebondit à mesure que le dollar décroche.

Rebond des actions, mais tempête sur les taux

Le rebond historique des actions à l’annonce de la pause (+9,52% mercredi sur le S&P 500) cache mal le malaise des marchés de taux. Le 30 ans connait sa pire semaine depuis 1987 avec une hausse de plus de 40pb. Le violent resserrement des swap spreads traduit à la fois le stress sur les bilans bancaires et la prime de crédit souverain désormais intégrée dans les taux à long terme américains. Parallèlement, les sorties de fonds d’actifs risqués (high yield, leveraged loans) sont d’une ampleur inédite depuis le covid. La baisse du dollar est le signe ultime de la fuite de capitaux. Dans ce contexte complexe, la Fed ne veut pas apparaitre comme le sauveur de Donald Trump et de sa politique délétère pour l’économie et les relations internationales. La Chine, qui ne bénéficie pas de l’allègement des tarifs accordé au reste du monde, s’engage dans une escalade qui vise in fine à isoler les Etats-Unis. Il faut avoir à l’esprit que la pause des tarifs à 10% combinée à la hausse à 145% des tarifs sur les biens chinois augmente la ponction tarifaire moyenne par rapport aux annonces du 2 avril.

Le caillou dans la chaussure de la Fed reste les anticipations d’inflation des ménages qui s’envolent à 6,7% à l’horizon d’un an selon l’enquête du Michigan d’avril.

Sur le plan conjoncturel, la seule bonne nouvelle réside dans la baisse du prix du baril. Du moins pour les pays importateurs, l’analyse étant plus nuancé pour les Etats -Unis où les producteurs de pétrole de schiste communiquent déjà sur une réduction de leurs investissements. L’indice des prix à la consommation hors énergie et alimentaire ralentit aussi à 2,8% compte tenu des arbitrages effectués par les consommateurs réduisent leurs dépenses discrétionnaires. Les billets d’avion plongent par exemple de 5% après -4,6% au mois de février. Les prix à la production s’ajustent aussi à la baisse, quoi que les indices sous-jacents restent supérieurs à 3% sur un an. Le caillou dans la chaussure de la Fed reste les anticipations d’inflation des ménages qui s’envolent à 6,7% à l’horizon d’un an selon l’enquête du Michigan d’avril.

Sur les marchés d’actions, la volatilité reste considérable. Le VIX a évolué entre 32 et 60% entre lundi et vendredi. La pause de 90 jours déclenche des rachats et des performances journalières à deux chiffres sur le Nasdaq mercredi, permettant un rebond de 4% sur l’ensemble de la semaine. Les actions européennes perdent 2% pénalisées par le rebond de l’euro à 1,14 dollars. La seule tendance ferme concerne les taux longs américains. Le 10 ans se tend de 55pb sur la semaine soit la plus forte hausse hebdomadaire depuis 1982. Les réallocations vers le Bund s’accélèrent de sorte que la courbe allemande s’aplatit fortement sur les maturités longues. Le 30 ans s’inscrit en baisse de 11pb à l’inverse des 50pb sur le T-bond. La partie coure est sous pression dans l’attente d’une baisse probable de la Banque Centrale Européenne et de la chute du baril. L’inflation anticipée à 2 ans (swap) ressort à 1,37% à la clôture vendredi ce qui semble extrêmement bas. Les spreads souverains sont relativement stables, grâce sans doute aux flux internationaux sur l’euro. L’OAT cote à 79pb en hausse de 4pb. Les sorties s’accélèrent sur les fonds de high yield en Europe comme aux Etats-Unis avec toutefois des réallocations sur les stratégies de crédit court. L’iTraxx Crossover termine une semaine folle sous le seuil de 400pb.

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