USA: l’inflation a continué d’accélérer en décembre 2024

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L’indice PCE est monté à 2,6% sur un an contre 2,4% un mois plus tôt. Sur un mois, le renchérissement a aussi accéléré, à +0,3%, contre 0,1% en novembre, une hausse conforme au consensus des analystes.

Le rythme de l’inflation a augmenté pour le troisième mois d’affilée en décembre aux États-Unis, selon des données officielles publiées vendredi, et alors que les prix risquent d’être secoués par les droits de douane voulus par le président Donald Trump.

La Maison Blanche a annoncé vendredi que les droits de douane promis par le chef de l’Etat entreraient bien en vigueur dès le lendemain.

«Le président va imposer demain 25% de droits de douane sur le Mexique, 25% de droits de douane sur le Canada et 10% de droits de douane sur la Chine», a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Ces taxes, payées par les importateurs américains, sont de nature à relancer l’inflation dans le pays, s’accordent de nombreux experts.

Or le républicain a promis de mettre fin à l’inflation, tout en reconnaissant qu’il serait impossible de ramener les prix - qui ont augmenté de 30% ces trois dernières années sur certains produits essentiels - à leur niveau d’avant la pandémie.

Pour l’heure, bien que ramenée largement en dessous du pic de 2021-22, l’inflation résiste.

Le mois dernier, l’indice PCE a progressé de 2,6% sur un an contre +2,4% un mois plus tôt. Cet indice publié vendredi par le département du Commerce sert de référence à la Réserve fédérale américaine (Fed) pour savoir si la première économie mondiale se rapproche de sa cible de 2%.

Sur un mois, l’inflation a également rebondi, à +0,3% contre 0,1% en novembre, une hausse conforme au consensus des analystes compilé par MarketWatch.

L’indice excluant les prix volatils de l’énergie et de l’alimentation a accéléré sur un mois (+0,2% contre 0,1% en novembre) mais est resté stable sur un an à 2,8%, ce qui était aussi anticipé.

Le manque de progrès sur l’inflation pourrait conforter la banque centrale américaine dans l’idée qu’il lui faut encore patienter avant de diminuer ses principaux taux directeurs, surtout en l’absence de signes de faiblesse du marché du travail et d’essoufflement de la consommation.

Mercredi, la Fed a décidé à l’unanimité de laisser ses taux inchangés, déclenchant les foudres du président Donald Trump qui voulait les voir diminuer «immédiatement».

«Incertitude»

«Si votre mesure de référence augmente, la dernière chose que vous aurez l’idée de faire, c’est de baisser les taux», surtout avec une consommation qui «se porte bien», avait déclaré jeudi à l’AFP Dan North, économiste pour Allianz Trade North America.

Lors de sa réunion de décembre, la Fed avait indiqué qu’elle envisageait deux baisses de taux, d’un quart de point chacune, en 2025.

L’inflation étant «têtue», «on considère qu’il pourrait n’y avoir plus qu’une baisse cette année», avait estimé Dan North, ajoutant que «la balance pourrait finalement pencher vers zéro».

Pour Kathy Bostjancic, chef économiste chez Nationwide, la tendance est toujours au ralentissement de l’inflation sur une plus longue période, «en particulier grâce à l’inflexion des prix des loyers».

Toutefois, souligne-t-elle dans une note, ce mouvement pourrait être mis à mal par les droits de douane. Tout dépend «de leur ampleur et de leur durée», ajoute-t-elle.

Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a reconnu vendredi, lors d’une interview sur la chaîne CNBC, qu’il y avait une «grande incertitude politique» pour la suite.

En attendant, il considère que le pays est toujours sur la «bonne voie» pour rattraper la cible de 2% d’inflation, ce qui plaide selon lui pour des taux «relativement plus bas».

Dans une autre tonalité, la gouverneure de la Fed Michelle Bowman a déclaré vendredi depuis le New Hampshire qu’elle souhaitait «constater des progrès» sur le front de l’inflation avant «de décider de modifier davantage» la politique monétaire.

Au vu de la «solidité actuelle de l’économie et des prix des actions nettement plus élevés qu’il y a un an, il semble peu probable que le niveau des taux d’intérêt exerce une restriction significative» sur la marche des affaires, a-t-elle même ajouté.

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