De plus en plus de personnes profitent du processus de création de richesses. Le pourcentage d’adultes appartenant à la tranche de fortune la plus basse (moins de 10'000 dollars) a diminué de moitié depuis le tournant du siècle. La plupart d’entre eux sont passés à la tranche supérieure, allant de 10'000 à 100'000 dollars. Dès lors, les individus ont trois fois plus de chances de devenir millionnaire qu’il y a 23 ans, selon un rapport présenté mercredi par UBS à la presse, qui porte sur 56 pays et qui correspond à 92% de la richesse globale. Il en ressort qu’au total, les millionnaires représentent 1,5% de la population adulte.
Le processus de normalisation a repris en 2023. La croissance de la fortune revient à 4,2% en 2023, après une contraction de 3% en 2022 qui résultait essentiellement d’un effet de change. Nous pouvons parler de normalisation dans la mesure où seules trois années ont connu une contraction des richesses (2008, 2015 et 2022), indique Paul Donovan, chef économiste auprès d’UBS Wealth Management.
La Suisse est en tête du classement de la richesse moyenne par adulte, selon UBS. Elle devance le Luxembourg, Hong Kong et les Etats-Unis. La richesse est ici mesurée en dollars. Elle est définie comme la somme des actifs financiers (actions, obligations et cash) et des actifs réels (immobilier) et réduite par la dette. Cet effet de change explique pourquoi la richesse a diminué de 6% en 2023 en Suisse alors qu’elle s’est accrue de 3,6% en francs.
«La Suisse est en tête de la richesse moyenne par adulte, selon UBS»
Une richesse moyenne par adulte de 709'612 dollars en Suisse
Contrairement à une idée largement répandue, les inégalités de richesses ont diminué en Suisse depuis 2008. La valeur médiane (nombre d’adultes fortunés est égal au-dessus et en dessous de cette valeur) atteint 171'035 dollars en Suisse et elle s’est davantage accrue que la moyenne (709'612 dollars), ce qui montre que les adultes présents dans les tranches de richesses inférieures ont davantage accru leur fortune que les autres. La croissance de la médiane atteint en effet 75,7% en francs et celle de la moyenne 42,8%.
En Suisse, les actifs financiers représentent les deux tiers du total et la dette environ un cinquième. Par ailleurs le coefficient de Gini, une mesure de l’inégalité dans un pays, a diminué depuis 2008. Selon UBS, la Suisse dénombre 1,054 millionnaires en dollars.
En 2023, les adultes les plus riches se situent dans la région EMEA ( Europe, Moyen-Orient et Afrique), avec 166 000 dollars, devant l’APAC (156'000 dollars) et les Amérique (146'000 dollars). Mais la croissance la plus lente de la richesse moyenne depuis la crise financière provient de l’EMEA (41%), laquelle est très en-dessous des Amérique (110%) et de l’APAC (122%).
«Les individus ont trois fois plus de chances de devenir millionnaire qu’il y a 23 ans».
Perspectives favorables pour la Suisse
La croissance de la richesse est en phase de ralentissement dans le monde, puisqu’elle est passée d’un taux de 7% entre 2000 et 2010 à un taux de 4,5% par la suite. Pour Paul Donovan, les causes du ralentissement sont à chercher dans la démographie et les taux de change.
A l’avenir, l’augmentation des richesses sera très différente d’une région à l’autre.
Le nombre de millionnaires devrait s’accroître de 19% en Suisse d’ici 2028, pour atteindre 1253. Ce taux d’augmentation dépasse celui des Etats-Unis et de la France (+16%) et de l’Allemagne (+14%). Il contraste surtout avec le recul que devrait enregistrer le Royaume-Uni (-17%) qu’UBS justifie par un effet de base. Le nombre de millionnaires présents au Royaume-Uni est en effet très élevé relativement à la taille de l’économie.
Un énorme transfert de richesses
Une vaste transfert de richesses, cette fois horizontal, est annoncé par UBS. Ni plus ni moins que 83 000 milliards de dollars de fortunes changeront de mains d’ici 20 à 25 ans. Le montant représente une année du PIB mondial.
En raison de la durée de vie supérieure des femmes, le transfert se fera de l’époux à sa femme, notamment aux Etats-Unis, assure Paul Donovan. Il en ressort que 9000 milliards seront transférés entre époux. Et 10% des 83'000 milliards passeront à la génération suivante. Les besoins et le profil de risque sont généralement différents d’une génération à l’autre, notamment en matière de critères ESG.