Le Credit Suisse publie le «Moniteur Suisse» pour le troisième trimestre 2022.
La situation favorable du marché du travail atténue l’effet de ralentissement que la crise énergétique impose aux ménages suisses. En même temps, l’industrie des exportations ressent l’impact de la récession au sein de la zone euro. Selon les économistes du Credit Suisse, la croissance économique, actuellement de 2,5%, devrait ralentir pour atteindre 1% en 2023. Concernant le thème central de la publication, ils démontrent que le risque d’une spirale salaires-prix est faible. Bien que nombre d’entreprises aient déjà procédé à des ajustements de salaire exceptionnels cette année, le potentiel des prochaines négociations salariales semble limité.
La Suisse est moins sensible à la crise énergétique actuelle que ses voisins, mais elle est loin d’être à l’abri des hausses de prix et des rationnements. Dans leurs prévisions, les économistes du Credit Suisse partent du principe que les rationnements peuvent être évités. Cependant, dans les secteurs à forte consommation d’énergie tels que les industries métallurgique et chimique, il est possible que nous observions des interruptions de la production en raison d’un manque de rentabilité. Dans le même temps, la récession attendue dans la zone euro pèsera sur l’industrie axée sur les exportations. En particulier, les industries mécanique, électrique et métallurgique ainsi que le secteur chimique doivent prévoir une baisse de la demande provenant de l’étranger. En revanche, les exportations de produits pharmaceutiques seront peu affectées par les changements de la situation économique à court terme. La paire de monnaies EUR/CHF se maintiendra sous la parité. Cependant, grâce à l’inflation nettement moins élevée en Suisse, l’industrie des exportations s’accommode relativement bien du taux de change EUR/CHF actuel, car les hausses de coûts plus faibles réduisent le désavantage concurrentiel tarifaire.
En raison du plein emploi, la situation professionnelle des ménages reste intacte, malgré les préoccupations conjoncturelles répandues, et celle-ci est généralement déterminante pour la consommation. Par ailleurs, l’inflation n’est globalement pas en mesure de réduire le pouvoir d’achat dans notre pays. Grâce à la croissance de l’emploi et au décalage vers des postes mieux rémunérés, la somme des salaires payés a enregistré une augmentation de 6,3% au premier semestre 2022, dépassant ainsi l’inflation (2,5%). En outre, l’immigration connaît une nouvelle accélération, ce qui contribue à la croissance de la consommation. Pendant ce temps, les prix élevés du marché de gros de l’énergie n’ont qu’un impact limité sur le comportement des consommateurs en raison de la régulation des prix et du faible poids de l’énergie sur le budget des ménages. Selon les économistes du Credit Suisse, le taux d’inflation se maintiendra à plus de 3% jusqu’à la fin de l’année, mais chutera ensuite lentement pour atteindre des valeurs assimilables à la stabilité des prix.
Dans le principal sujet du nouveau numéro du Moniteur Suisse, les économistes du Credit Suisse présentent des indices clairs démontrant que le risque d’une spirale salaires-prix est faible. Face au fort renchérissement et à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée, les salaires connaissent leur plus forte hausse depuis plus de dix ans (prévisions 2022: 2%, 2023: 2,3%), mais une modération générale des salaires semble à l’œuvre. En règle générale, et en particulier en période d’incertitude conjoncturelle comme aujourd’hui, les salariés semblent disposés à renoncer à des augmentations salariales maximales à court terme afin de réduire le risque de chômage et donc de garantir leur prospérité à long terme. Cette vision à long terme est payante pour les salariés, sachant que la part de la performance économique versée sous forme de salaires est extrêmement élevée dans notre pays. Entre-temps, outre le salaire, les entreprises mettent en œuvre d’autres mesures pour assurer leur attractivité en tant qu’employeurs sur un marché du travail tendu. Par exemple, elles misent de plus en plus sur la flexibilisation des conditions de travail, comme l’a récemment démontré une enquête menée auprès de plus de 150 entreprises suisses par le Credit Suisse en collaboration avec procure.ch.