Le mois de Janvier est bientôt terminé, le joyeux royaume des actions se porte comme un charme, ravi de constater que la croissance des bénéfices de sociétés reste forte aux Etats-Unis et que l’inflation, même si elle refuse de nous quitter, semble moins vigoureuse que l’on pourrait le craindre. En plus, depuis lundi les intervenants écoutent le tube de Dalida «paroles, paroles» en boucle, Donald Trump ne cessant de pérorer à tout va qu’il va imposer des tarifs à quiconque n’accrochera pas un tableau de sa sérénissime au-dessus de son lit et on verra bien ce qu’on va voir. Certes, certes, sauf que dans les faits à ce jour le désormais ancien ex de l’Amérique n’a rien signé de concret dans ce sens, même pas à l’encontre de ses petits poucets de voisins que sont le Mexique et le Canada. Hier soir il remet ça en s’adressant aux participants du World Economic Forum de Davos en visio-conférence, leur intimant d’investir dans son pays, faute de quoi il imposerait des tarifs aux contrevenants. Le président des Etats-Unis semble avoir fait école buissonnière lorsqu’il s’agissait d’assister aux cours d’économie. Il peut augmenter les droits de douane dans tous les sens, ces augmentations seront à coup presque certain répercutées sur les prix des marchandises importées par les Etats-Unis, apportant dans leur valise du carburant pour Dame Inflation et démentant une des promesses majeures du candidat Trump.
Le nouveau maître de Washington DC affirme aussi hier qu’il veut que la Fed «baisse ses taux immédiatement». C’est assez cocasse, rappelons ici que Jerome Powell, garant indéfectible de l’indépendance de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, a été nommé en 2018 par qui vous savez. Son mandat se termine en février 2026, le premier banquier du monde a tout loisir de pourrir la vie de Donald Trump d’ici là, sachant qu’en septembre dernier il affirmait que «Nous faisons notre travail au service de tous les Américains. Nous ne servons aucun politicien, aucune personnalité politique, aucune cause, aucun problème, rien. Il s'agit simplement de maximiser l'emploi et la stabilité des prix au nom de tous les Américains». Je crois que c’est clair, la situation actuelle ne justifie en rien des baisses de taux supplémentaires (l’inflation reste aux aguets, l’économie se porte bien), oncle Donald devra patienter et ne peut pas démettre oncle Jay de ses fonctions.
Apparemment en forme olympique, hier, lors de son discours au WEF, le président américain exhorte l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à réduire les prix mondiaux du pétrole. Il exprime sa déception que cette mesure n'ait pas été prise plus tôt et suggère que des prix du pétrole plus bas pourraient contribuer à mettre fin à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en réduisant les revenus pétroliers qui financent l'effort de guerre de Moscou. En outre, Trump annoncer son intention de demander à l'Arabie saoudite et à l'OPEP de diminuer le coût du pétrole, tout en sollicitant de Riyad une augmentation de ses investissements aux États-Unis à hauteur de 1’000 milliards de dollars (quel manque d’ambition…). Le baril de WTI Light Crude recule à peine à 74,75 dollars.
Enfin, Donald Trump menace d'imposer un tarif de 10% sur les produits chinois importés aux États-Unis à partir du 1er février mais en parallèle il exprime son espoir d'améliorer les relations entre les États-Unis et la Chine, soulignant sa «très bonne» relation avec Xi Jinping, malgré les importants déficits commerciaux avec Pékin. Et voilà, nous sommes en plein dans la chanson de Dalida, ça cause dans tous les sens et rien de concret au final, c’est cela que Wall Street retient en premier lieu, rallye de fin de journée c’est parti!
L’indice S&P500 (SPX) termine sa journée proche du plus haut du jour, il établit un nouveau record historique à la cloche et récupère le niveau de 6100 points. Son podium du jour est composé de la santé, des industrielles et de l’immobilier, le breadth est positif, les actions de la tech passent la grande partie de leur journée au coin, on doute dans les salles de marchés de la faisabilité du plan massif d’investissement dans l’IA de 500 milliards de dollars annoncé plus tôt dans la semaine par qui vous savez, mais la tech retrouve de belles couleurs en fin de séance. La volatilité est aux abonnés absents, le VIX évolue autour de 15, le MOVE (volatilité du marché obligataire) recule encore, le rendement du 10 ans US remonte cependant à 4,62%, deux ticks en-dessous de sa résistance. Le dollar lâche quelque peu prise face à l’euro, la paire EUR/USD évolue à 1,0477, elle a cassé sa moyenne mobile à 50 jours.
On se prépare à la semaine prochaine sur les parquets de trading. De nombreuses grandes entreprises, dont LVMH, SAP, Microsoft, Meta et Tesla, publieront leurs résultats.
La Banque du Japon relève son taux directeur à 0,5%, en réponse à une inflation persistante et à la hausse des salaires. Cette décision marque un pas vers la normalisation monétaire et provoque une appréciation du yen. Le mouvement était attendu par le marché. La paire USD/JPY traite à 155,07 contre 156,41 au plus bas du jour, elle teste actuellement sa moyenne mobile à 50 jours (@154,95). Bloomberg Economics prévoit deux hausses supplémentaires, en avril et en juillet.
Au menu macro-économique du jour, les indicateurs d'activité PMI des grandes économies pour janvier seront annoncés tout au long de la journée. Les Etats-Unis auront droit en plus à l'indice de confiance de l'Université du Michigan et aux chiffres de l'immobilier ancien (16h00).
Ericsson a amélioré ses résultats au quatrième trimestre, hors dépréciations d'actifs, et a déclaré qu'il voyait de nouveaux signes de stabilisation de son marché. Givaudan dépasse ses estimations de ventes pour 2024 grâce à une forte croissance sur tous les marchés. Volkswagen a pour objectif de doubler sa part de marché aux États-Unis d'ici 2030 et est actuellement en pourparlers avec Rivian et d'autres constructeurs automobiles en vue de la création d'une entreprise commune. Texas Instruments perd 4,6% hors séance après ses trimestriels. Trump accuse Bank of America et JPMorgan Chase de ne pas faire affaire avec les conservateurs. Boeing prévoit une perte plus importante que prévu en 2024 en raison des difficultés rencontrées dans le secteur de la défense et des grèves. Tesla a lancé une nouvelle variante plus chère du modèle Y aux États-Unis, au Canada et en Europe.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo égare 0,07% à la cloche, Hong Kong avance de 1,69%, Shanghai monte de 0,7%, Séoul prend 0,85% et le Nifty50 recule de 0,1%. Le future SPX rend 7 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%.
L’once d’or atteint 2771 dollars, record historique à portée de mains.
C’est Disney qui a inventé la phrase «il en faut peu pour être heureux». Mise en application hier par son CEO, Bob Iger obtient une augmentation de salaire de 30%, à 41.1 millions de dollars par an.