La demande de métaux industriels en Chine reste faible, principalement en raison du déclin continu de la construction immobilière. Par conséquent, le marché de l'aluminium fait davantage face à un problème d'offre qui a entraîné une hausse des prix des matières premières au cours des derniers mois. Le différend sur les exportations en Guinée peut être interprété, selon nous, comme un jeu de pouvoir entre le gouvernement et une société minière. Bien qu'il soit susceptible de causer quelques problèmes à court terme, il n’aura pas d'impact à plus long terme sur le marché de l'aluminium.

Coup de frein dans la demande en aluminium

La série d'indicateurs économiques mensuels de la Chine est toujours un point de convergence pour les marchés des métaux industriels. Au cours des derniers mois, les indicateurs n'ont guère donné d'impulsion, les tendances fondamentales semblant bien établies. Les chiffres de novembre publiés lundi n'ont pas réservé de surprises.

La production industrielle a connu une croissance solide grâce à une demande soutenue sur les marchés internationaux, tandis que les investissements en capitaux fixes ont donné une image diversifiée. A l'image de la croissance de la production, les investissements dans de nouvelles capacités de production ont à nouveau augmenté.

Le conflit qui a éclaté au sujet des exportations vers Abu Dhabi a fait grimper les prix de la bauxite de 40% depuis septembre.

Les investissements dans les infrastructures suivent toujours une tendance en marge, reflétant les contraintes liées au niveau d'endettement des gouvernements locaux et à l'absence de projets de grande envergure.

Les investissements dans l'immobilier se sont de nouveau contractés, en raison de la faiblesse du secteur de la construction et de la baisse continue des mises en chantier. Dans l'ensemble, cela indique un contexte de demande faible et inchangée envers les métaux industriels en Chine, et, dans le cas de l'aluminium, le marché s'intéresse beaucoup plus à l'offre ces derniers temps.

Tensions en Guinée

L'aluminium est produit à partir d'une matière première appelée bauxite, dont la Guinée est devenue un fournisseur de plus en plus important au cours des dernières années. La majorité de la bauxite guinéenne est extraite par des sociétés chinoises et expédiée ensuite vers la Chine pour y être traitée. Une minorité est extraite par une filiale d'une société établie à Dubaï et expédiée à Abu Dhabi.

Le conflit a éclaté au sujet des exportations vers Abu Dhabi, ce qui a fait grimper les prix de la bauxite de 40% depuis septembre. Notre interprétation est la suivante: le gouvernement guinéen pourrait être en train de jouer un jeu de pouvoir afin de forcer la société établie à Dubaï à construire des installations locales de traitement de la bauxite, plutôt que de l'exporter, afin d'obtenir une plus grande création de valeur domestique.

Nous avons vu des exemples similaires dans d'autres pays riches en ressources, notamment en ce qui concerne le nickel en Indonésie, où le gouvernement a appliqué une stratégie similaire. A ce jour, les expéditions vers la Chine ne semblent pas être affectées par le différend et il est peu probable que le gouvernement guinéen s'engage dans un jeu de pouvoir similaire avec la Chine. Par conséquent, nous ne pensons pas qu’il y ait un impact à long terme, suite à ce conflit, sur le marché de l'aluminium, même s'il pourrait causer des problèmes à court terme, tels que des fermetures temporaires de sites à haut rendement. De manière générale, le marché de l'aluminium n'est pas confronté à des contraintes d'approvisionnement. Les prix se négocient, selon nous, dans la partie supérieure d'une fourchette fondamentalement justifiée et nous maintenons notre position neutre.