Or et argent: craintes de guerre au Moyen-Orient

Carsten Menke, Julius Baer

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Après une réaction initialement bénigne aux attaques en Israël, les prix de l'or et de l'argent ont commencé à augmenter suite au risque d'une escalade du conflit.

Il va sans dire que le risque d'une escalade du conflit au Moyen-Orient est très présent dans les esprits, mais qu'il est pratiquement impossible de déterminer ce qu'il adviendra. La géopolitique représente généralement un facteur de confusion temporaire plutôt qu'une dynamique fondamentale. Hormis lors des deux crises pétrolières, l'or et l'argent n'ont pas connu d'antécédents particulièrement importants liés aux risques géopolitiques. Si l'on ajoute à cela notre très forte conviction quant aux tendances économiques établies, à savoir l'absence de récession aux Etats-Unis, des taux d'intérêt plus élevés sur le long terme et l'absence de tensions bancaires systémiques, nous ne voyons pas la nécessité de suivre le rallye actuel sur l'or et l'argent.

Les traders spéculatifs à court terme sur les marchés de l'or et de l'argent traversent actuellement une période difficile. Pariant sur une hausse des prix, ils ont été pris à contre-pied lorsque la récession américaine tant attendue ne s'est pas concrétisée et que la Réserve fédérale américaine a indiqué que les taux d'intérêt resteraient élevés à plus long terme. Après avoir ajusté leurs positions et parié sur une baisse des prix, ils ont à nouveau été pris à contre-pied.

Par le passé, les conflits entre Israël et le Hamas n'ont pas fait bouger les marchés de l'or et de l'argent durablement.

Les craintes d'une guerre au Moyen-Orient ont commencé à se répandre après les attaques terroristes en Israël et après les préparatifs du gouvernement en vue d'une attaque en règle du Hamas. Cela a eu pour effet une hausse des prix de l'or et de l'argent de plus de 8% par rapport à leurs niveaux les plus bas. Cette flambée à court terme reflète les mouvements antérieurs liés aux chocs géopolitiques, principalement le passage des marchés financiers d'un état d'esprit favorable au risque, à un état d'esprit défavorable au risque, ainsi que les prises de position des traders spéculatifs à court terme sur le marché des contrats à terme, plutôt qu'une véritable demande envers les valeurs refuges. Une augmentation de la demande de valeurs refuges dépendra fortement de l'évolution de la situation.

Bien entendu, le risque d'une escalade du conflit en direction du Liban et/ou de l'Iran est une préoccupation majeure. Bien qu'il soit presque impossible de l’anticiper, il semble que le conflit ait éclaté le long des lignes de conflit établies. Par le passé, et conformément au schéma géopolitique général, les conflits entre Israël et le Hamas n'ont pas fait bouger les marchés de l'or et de l'argent durablement.

La géopolitique est donc généralement un facteur de troubles temporaires plutôt qu'une dynamique de fond - à moins qu'il n'y ait des conséquences plus importantes et prolongées sur les marchés financiers et/ou l'économie. En dehors des deux crises pétrolières de la fin des années 1970 et du début des années 1980, l'or et l'argent n'ont pas connus de revers liés à des événements géopolitique. Bien que nous ne puissions pas exclure une escalade du conflit, nous restons convaincus des tendances économiques établies: absence de récession aux Etats-Unis, des taux d'intérêt plus élevés à plus long terme et aucun stress bancaire systémique. Ces tendances devraient se traduire par un nouvel essoufflement de la demande de valeurs refuges, telles que pour l'or et l'argent.

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