Se constituer un portefeuille résistant

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Le Parti républicain a conservé sa courte majorité à la Chambre des représentants. Avec quelles conséquences? Décryptage.

© Keystone

 

Donald Trump a commencé à lever le voile sur la composition de son cabinet: Marco Rubio sera son prochain secrétaire d’Etat, Mike Waltz son conseiller à la sécurité nationale et Pete Hegseth son secrétaire à la défense, entre autres nominations.

Quelle marge de manœuvre?

Le président élu a fait campagne sur la prolongation des réductions d’impôt sur le revenu des personnes physiques, la baisse de l’impôt sur les sociétés, la déréglementation, les droits de douane, le contrôle de l’immigration et la révision du rôle des Etats-Unis dans les affaires du monde. La vague rouge devrait lui conférer une plus grande marge de manœuvre pour mettre en œuvre ce programme.

Toutefois, une courte majorité au Congrès pourrait entraver l’adoption de certaines mesures, d’autant plus que le déficit budgétaire rapporté au PIB est aujourd’hui deux fois plus important qu’au début du premier mandat de Donald Trump. Il se peut que les promesses de campagne ne soient pas mises en œuvre immédiatement et que les textes de loi adoptés en soient une version édulcorée.

Néanmoins, la politique de l’administration Trump aura probablement de vastes répercussions et la volatilité des marchés pourrait s’accentuer à mesure que ces changements prendront forme. Même si l’incertitude pourrait persister, les investisseurs devraient sans doute renforcer leur portefeuille en se positionnant sur plusieurs tendances durables potentiellement moins sensibles à la politique américaine. Explication en trois points.

La rémunération des liquidités devrait diminuer à mesure que les banques centrales à travers le monde réduiront encore leurs taux dans l’année à venir.

  1. Les taux d’intérêt devraient encore baisser, tout comme la rémunération des liquidités

L’indice des prix à la production (PPI) en octobre aux Etats-Unis est ressorti en hausse de 0,2% en glissement mensuel, contre une hausse de 0,1% en septembre, en raison notamment de l’augmentation des coûts des services. Auparavant, l’indice des prix à la consommation était lui aussi ressorti en hausse de 0,2% sur fond de réaccélération de la hausse des loyers.

Si l’on tient compte de ces deux séries de données dans les prévisions relatives à l’indice des prix des dépenses de consommation personnelles (PCE), l’inflation globale et l’inflation sous-jacente devraient toutes deux enregistrer une accélération en octobre.

Néanmoins, dans la mesure où les taux d’intérêt actuels sont encore nettement restrictifs et où la détente du marché de l’emploi américain se poursuit, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait rester encline à assouplir sa politique. Son président, Jerome Powell, a déclaré récemment que, compte tenu du dynamisme de l’économie américaine, la Fed n’est pas pressée de baisser ses taux. Toutefois, il a précisé que la Fed entendait ramener les taux directeurs dans «la fourchette plausible de leur niveau neutre».

La rémunération des liquidités devrait diminuer à mesure que les banques centrales à travers le monde réduiront encore leurs taux dans l’année à venir. Les investisseurs qui disposent d’importantes liquidités seraient bien avisés de s’intéresser aux obligations investment grade, aux stratégies obligataires diversifiées et aux stratégies sur actions axées sur les valeurs de rendement pour améliorer le niveau de revenu de leur portefeuille.

  1. La tendance séculaire de l’intelligence artificielle devrait continuer à stimuler la croissance

Le directeur général de Microsoft, Satya Nadella, a déclaré lors de la récente conférence téléphonique de présentation des résultats de l’entreprise que l’adoption grandissante de l’intelligence artificielle (IA) «par des clients issus de tous les secteurs» serait un levier de création de valeur.

Son homologue d’Alphabet, Sundar Pichai, a souligné que l’IA permet aux ingénieurs de Google d’en «faire plus et d’aller plus vite». A en juger par la détermination des géants technologiques à investir dans l’IA, on n’est sans doute qu’au début d’un formidable essor de l’investissement dans un contexte d’avancées technologiques susceptibles de bouleverser en profondeur l’ensemble des secteurs économiques.

La création de valeur induite par l’IA pourrait s’élever à 1160 milliards de dollars d’ici à 2027 et on recommandera aux investisseurs de s’exposer suffisamment à des valeurs de qualité dans les segments des semi-conducteurs et des géants technologiques.

  1. L’or devrait rester une couverture de portefeuille efficace

Le cours de l’or a chuté d’environ 8% depuis la fin octobre, les rendements des bons du Trésor américain et le dollar ayant poursuivi leur progression après la victoire de Donald Trump. Cette correction semble excessive et les fondamentaux devraient rester porteurs pour l’or. Par exemple, la poursuite de la baisse des taux directeurs aux Etats-Unis devrait stimuler les achats d’ETF.

La perspective d’une administration Trump pourrait inciter plus que jamais les banques centrales à diversifier leurs réserves au détriment du dollar et stimuler la demande des investisseurs privés qui cherchent à se couvrir. La Recherche d’UBS maintient son objectif de cours de 2900 dollars l’once en décembre 2025.

Diversifier son portefeuille

Par ailleurs, la Recherche d’UBS considère toujours qu’un portefeuille bien diversifié est le moyen le plus efficace de gérer les risques à court terme, tout en permettant une appréciation du capital à long terme.

Les investisseurs feraient bien de s’intéresser aussi aux actifs alternatifs, pour peu qu’ils soient en mesure de tolérer les risques inhérents tels que l’illiquidité et l’effet de levier.

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