On en parle depuis un petit moment déjà, l’indice MOVE (volatilité du marché obligataire américain) refuse se détendre depuis près d’un mois, il progresse encore de près de 5% hier et atteint le niveau de 129, le 5 août il se situait à 121. Son niveau actuel nous dit que les traders du marché obligataire sont nerveux et cela se remarque chaque jour un peu plus dans le comportement du rendement du 10 ans US, qui traite ce matin à 4,21%, depuis le 17 septembre il a rebondi de 61 points de base, voyons de quoi il retourne.
Le marché réalise chaque jour un peu plus que la croissance économique des Etats-Unis semble partie pour ne même pas atterrir, on parle désormais de «no landing» dans les salles de marchés. Les récents rapports sur le marché de l’emploi et sur l’inflation ont conforté cette pensée. Il y a peu, les Fed Funds prédisaient 75 points de base de baisse de taux supplémentaires par la Fed cette année encore. Ce matin ils envisagent 89% de chances d’une coupe de 25 bps le 7 novembre et 70% d’une rebelote le 18 décembre. Cette vigueur de la première économie de la planète ne suffit pas à expliquer à elle seule ce puissant rebond des rendements obligataires un peu partout. Il faut aussi regarder du côté des sondages de l’élection présidentielle américaine, qui laissent penser que Donald Trump pourrait l’emporter. Son retour aux affaires impliquerait un protectionnisme accru, source potentielle d’inflation et une fiscalité allégée, qui alourdirait le déficit, du moins dans un premier temps. C’est probablement cela qui explique la hausse plutôt brutale observée sur les rendements obligataires. Cerise sur le gâteau, plusieurs membres de la Fed parlent hier et se font les avocats d’un assouplissement plus lent.
Cette incertitude sur les taux réveille Wall Street, qui avait pris plaisir à planer vers de nouveaux sommets sans se poser trop de questions. Les secteurs de l’immobilier, de la santé et de la finance boudent la séance d’hier, tout comme les petites capitalisations qui détestent des taux élevés. On qualifiera la baisse d’hier de «repli ordonné», le Nasdaq100 (NDX) faisant exception et progressant légèrement, porté par devinez qui? Nvidia pardi, qui s’envole de 4,2%, réalise un nouveau record historique à la cloche, bénéficie de recommandations d’achat de Bank of America et Goldman Sachs, n’est même pas surachetée et vous salue bien. Gardons en tête l’annonce récente faite par son CEO que la demande pour sa puce Blackwell est «insane». La bagarre de préau visant à déterminer qui a la plus grosse capitalisation boursière entre Nvidia et Apple est à nouveau d’actualité, la première pesant 3525 milliards de dollars, la seconde 3595 milliards. Alors certes, ces satanés rendements obligataires en hausse peuvent jouer le rôle d’empêcheurs de monter en rond à court terme, mais il semble de plus en plus que l’épisode ASML de la semaine passée a constitué une opportunité pour les retardataires, je pense ici aussi à TSMC. Et puis en Europe on note SAP et Logitech qui relèvent toutes deux leurs prévisions. Ceci dit, le vieux continent n’est pas en forme olympique hier, par exemple en France où le CAC40 recule de 1% supplémentaire, lesté par son secteur du luxe tandis que le débat autour du «budget impossible» débute sous haute tension à l’Assemblée Nationale.
La volatilité des actions remonte légèrement mais reste faible, le VIX gagne 1,9% à 18,37, le ratio put/call rebondit très légèrement à 0,49, le moins que l’on puisse dire c’est que la peur n’est pas de retour sur les parquets de trading en equities.
Le dollar est demandé, le Dollar Index (DXY) traite à 103,89, sa moyenne mobile à 200 jours évolue à 103,80. La paire EUR/USD est à 1,0828, elle a cassé sa 200 jours (@1,0871). La force des rendements obligataires et du billet vert n’empêchent pas l’or de poursuivre sa hausse, c’est plutôt étonnant et à suivre. L’once atteint ce matin 2734 dollars. Le pétrole pour sa part n’y arrive toujours pas, le baril de WTI Light Crude se débat avec le niveau de 70 dollars.
Nouveau bloc en formation? Vladimir Poutine sera l’hôte du sommet de trois jours des BRICS qui commence aujourd’hui à Kazan. Les dirigeants de 32 pays ainsi que des hauts fonctionnaires d’organisations régionales et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, y participeront, selon le Kremlin, ce qui montre que le président russe est loin d’être isolé.
Au menu macro-économique du jour, l’indice manufacturier de la Fed de la Fed de Richmond aux Etats-Unis (16h00).
Fitch revoit la perspective de la notation BBB+ de Stellantis de positive à négative. Le marché automobile européen s’est contracté de 4,2% en septembre, selon les données de l’ACEA. HSBC va se réorganiser en quatre entités (Hong Kong, UK, CIB et gestion de fortune). SAP relève ses prévisions après des résultats en hausse au 3e trimestre grâce à l’IA. AP Moller Maersk relève sa prévision d’Ebitda annuel. Logitech revoit à la hausse ses perspectives pour l’année. Microsoft lance des «agents IA» à créer soi-même. Walt Disney compte désigner début 2026 le successeur de Bob Iger. Nike prolonge de 12 ans son partenariat avec la NBA et la WNBA. Qualcomm revoit ses puces pour téléphones portables afin de les adapter à l’IA, et signe avec Samsung et d’autres entreprises. Lucid affirme que son augmentation de capital lui permettra de disposer d’une «marge de manœuvre financière» jusqu’en 2026.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse à l’exception de Shanghai qui progresse de 0,54%. Tokyo perd 1,39% à la cloche, Hong Kong égare 0,04%, Séoul rend 1,31% et le Nifty50 recule de 0,63%. Le future SPX perd 12 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.