Wall Street a célébré les deux ans de son bull market en cours le weekend passé, en toute discrétion, appliquant le célèbre adage que je viens d’inventer: «pour aller plus haut vivons cachés».

Les nouvelles ne se pressent pas au portillon en ce lundi de Columbus Day, le marché obligataire fait dodo, pas de statistiques macro en vue, ni de résultats de sociétés américaines, cela n’empêche pas les intervenants d’appuyer sur le bouton vert, surtout lorsqu’il s’agit de semi-conducteurs, on recherche encore et toujours la locomotive du marché Nvidia, qui progresse de 2,43%, atteint un nouveau record historique à la cloche et se trouve désormais dans le rétroviseur d’Apple. Le seul secteur à bouder (un peu) hier est celui de l’énergie, échaudé par le fort repli du pétrole (le baril de WTI Light Crude perd 5% après que le Washington Post a rapporté que Benjamin Netanyahu a informé la Maison Blanche qu’il est prêt à frapper l’armée iranienne plutôt que les installations pétrolières ou nucléaires). Le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de la tech, des utilities et de l’immobilier 46ème record historique cette année pour le SPX, ça devient presque lassant. Le vénérable Dow Jones fait de même et passe l’épaule au-dessus de la barre des 43’000 points, sa toute première fois. Le Nasdaq100 (NDX) est en train de rattraper son retard sur ses compères, il ne traite plus qu’à environ 1% de son record de tous les temps, posté en séance du 10 juillet à 20'690 points, clôture hier à 20'439 pts. En Europe on tente de suivre le rythme effréné imposé par Wall Street, mais le vieux continent compte très peu de valeurs technologiques, difficile de suivre un bolide lorsqu’on roule en 4L électrique…

La volatilité recule un chouia, le VIX perd 3,76% à 19,70, son pendant obligataire le MOVE gagne un peu de terrain, il progresse de 1,64% et reste préoccupant, les intervenants du marché obligataire ne voient manifestement pas le monde avec les mêmes yeux que ceux du joyeux royaume des actions. Le dollar profite depuis quelques temps de l’ajustement à la baisse des attentes de baisses de taux par la Fed dans le marché, le Dollar Index (DXY) traite ce matin à 103,25, il tente de casser sa moyenne mobile à 100 jours (@103,23). La paire EUR/USD évolue à 1,0891, sa 200 jours est en vue qui évolue actuellement à 1,0874, nul doute que les cambistes vont venir la tester, on en est trop proches, et que les «conversations» à ce niveau seront animées. L’or évolue ce matin à 2651 dollars l’once, la force du billet vert lui barre probablement  le chemin pour poursuivre sa hausse alors que le rendement du 10 ans US, qui recule légèrement à 4,08%, reste également un facteur bloquant après sa forte hausse récente.

Le marché sera confronté à des obstacles potentiellement majeurs dans les jours à venir. La dernière série de rapports sur résultats d’entreprises devra être à la hauteur des valorisations élevées, tandis que les incertitudes concernant le Moyen-Orient et l’élection américaine de 2024 continueront probablement à provoquer des poussées de volatilité. N’oublions pas non plus les inquiétudes économiques et l’incertitude quant à l’évolution des taux d’intérêt.

Neel Kashkari, de la Fed de Minneapolis, indique que l’économie est sur le point de ramener l’inflation à 2%, tout en précisant que des réductions de taux modestes restent appropriées et qu’il n’est pas clair à quel point la politique est réellement restrictive. Le gouverneur Christopher Waller discute de plusieurs scénarios possibles, y compris une pause en cas de retour de l’inflation, mais souligne que sa ligne de base est toujours de réduire les taux progressivement au cours de l’année prochaine. Jeudi sera le grand jour pour la macro de la semaine avec aux Etats-Unis les ventes au détail, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage, la production industrielle, l’indice de la Fed de Philadelphie et l’indice NAHB du marché du logement. En parallèle, la BCE annoncera sa décision sur les taux, le marché attend une baisse de 25 points de base.

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle européenne et l’indice ZEW de confiance des financiers allemands sont attendus à 11h00. Aux Etats-Unis, l’indice d’activité Empire Manufacturing suivra à 14h30.

Ericsson dépasse les attentes de bénéfices au troisième trimestre. Selon l’agence Bloomberg, les Etats-Unis songeraient à limiter l’accès de certains pays (notamment dans le Golfe Persique) aux puces de Nvidia et à celles d’AMD. Blackstone va investir 7,5 milliards d’euros en Espagne. La plus grosse IPO japonaise en six ans, Tokyo Metro, a eu lieu dans le haut de la fourchette de prix.  Petrobras prévoit de réduire ses investissements pour 2025 en raison de la hausse des coûts et des retards dans l’octroi des licences.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo gagne 0,77% à la cloche, Hong Kong et Shanghai baissent de 3,79% et 2,53%, Séoul avance de 0,39% et le Nifty50 rend 0,24%. Le future SPX traite à l’équilibre tandis que l’Europe ouvre en progression de 0,3%. En Suisse Logitech mène la danse depuis hier, la firme fait partie des happy few membres du club de la tech, le vent en provenance de la Silicon Valley la pousse affectueusement vers le haut.