Wall Street recule légèrement hier après avoir atteint de nouveaux records historiques mercredi. La macro du jour contrarie un chouia les intervenants, l’indice des prix à la consommation des Etats-Unis est un petit peu plus élevé que prévu en septembre et confirme que la dernière ligne droite pour ramener le CPI à l’objectif de 2% de la Fed est la partie la plus compliquée du processus. En parallèle les demandes hebdomadaires d’allocations chômage sortent nettement au-dessus des attentes, Barron’s assure que c’est la faute de la météo mais qu’importe, les investisseurs sont déçus (un peu) mais pas déprimés (du tout), le marché se concentre désormais plus sur la partie croissance / emploi que sur l’inflation, le CPI publié hier n’est pas exagérément élevé, on passe à autre chose dans les salles de marchés tandis que les Fed Funds ajustent encore un peu leurs attentes de baisses de taux à venir de la Fed. Ce matin on en est à 85% de probabilités de 25 points de base en novembre et 96% pour une rebelote en décembre, on est donc moins convaincu aujourd’hui dans le marché que la Fed réduira bel et bien ses taux de deux fois 25 bps cette année encore, la faute probablement à Raphaël Bostic, le boss de la Réserve Fédérale d’Atlanta, qui dit au Wall Street Journal qu’il est ouvert à l’idée de zapper la baisse de taux prévue en novembre, quel toupet quand même…

Le podium du jour du SPX se compose de l’énergie (les tensions ne faiblissent pas entre Israël et l’Iran) et le secteur de l’assurance, l’ouragan Milton semble avoir fait moins de dégâts que prévu. Les volumes sont particulièrement faibles, la séance d’hier est franchement ennuyeuse, voulons-nous nous en plaindre avec des indices qui évoluent à leur firmament ou presque? Le marché obligataire est un peu moins nerveux qu’hier, l’indice MOVE recule de 5%, il repasse en-dessous de son niveau du 5 août, c’est un petit pas vers la sérénité, à suivre. Le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4,07%, le 17 septembre il évoluait à 3,60%, il se bat actuellement avec sa moyenne mobile à 100 jours (@4,06%), s’il parvient à la franchir, ensuite il regardera sa 200 jours qui évolue actuellement à 4,17%. Le dollar marque une pause après huit séances consécutives de hausse. Le Dollar Index (DXY) traite à 102,92, sa 100 jours se situe à 103,25. La paire EUR/USD évolue à 1,0934, elle bataille fermement avec sa 100 jours (@1,0935). La volatilité du marché des actions n’évolue guère hier, rappelons qu’elle a tendance à augmenter peu avant l’élection présidentielle américaine, surtout lorsque cette dernière s’avère extrêmement disputée, ce qui est le cas cette année.

Le CPI (Consumer Price Index) américain de septembre est donc un peu plus élevé que le consensus, tant pour le CPI global que pour le CPI de base. L'alimentation et le logement sont les principaux moteurs de l'inflation, bien que l'inflation du logement se soit ralentie après une hausse importante en août. Les prix des soins médicaux, des billets d'avion et des voitures d'occasion ont également augmenté. Les demandes initiales hebdomadaires d’allocations chômage sortent à 258K, bien au-dessus du consensus de 229K et le niveau hebdomadaire le plus élevé depuis août 2023 (bien qu'il y ait probablement des impacts liés à la météo). Austan Goolsbee, de la Fed de Chicago, note que l'inflation est clairement en baisse. Thomas Barkin, de la Réserve Fédérale de Richmond, déclare qu'il est de plus en plus convaincu que l'inflation va dans la bonne direction. John Williams, de la Fed de New York, réaffirme que les taux se rapprocheront de la neutralité «au fil du temps». Mary Daly, patronne de la Fed de San Francisco, déclare qu'une ou deux réductions cette année sont probables si l'économie évolue comme prévu. 

Le gouvernement français, confronté à une envolée du déficit public au-delà de 6% cette année, a présenté hier un projet de budget pour 2025 qui prévoit des économies massives de 41,3 milliards d'euros et 19,3 milliards d'euros de recettes supplémentaires via une hausse significative des impôts. Bouclé en un temps record après plus de deux mois de paralysie politique consécutifs à la dissolution de l'Assemblée nationale et à des élections législatives anticipées sans véritable vainqueur, le projet de loi de Finances (PLF), présenté en conseil des ministres avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), est désormais suspendu à un cheminement parlementaire à hauts risques. Michel Barnier évoque un budget «perfectible». «Il y aura possibilité d'amender le budget, de l'améliorer. Je suis ouvert aux idées», déclare le Premier ministre. Ce budget d'«effort partagé» met l'accent sur la réduction des dépenses, à hauteur de 40 milliards d'euros, soit deux tiers de l'effort de redressement. L'Etat sera le premier mis à contribution, avec une ponction de 21,5 milliards d'euros, ministères (5 milliards d'euros, outre les crédits gelés) et opérateurs étatiques confondus. L'objectif est de ramener le déficit public de la France à 5% du PIB en 2025 avec un retour à 3%, dans les «clous» européens, à l'horizon 2029. Le PLF se fonde sur une prévision de croissance de 1,1% du PIB l'an prochain, à l'identique de 2024, avec un taux d'inflation à 1,8% en moyenne annuelle (source: Reuters).

Tesla dévoile le prototype de son robotaxi, appelé Cybercab (c’est original). Ce dernier devrait coûter moins de 30'000 dollars selon Elon Musk, qui précise que la production du véhicule est prévue pour 2026 en ajoutant qu’il a tendance à être optimiste en ce qui concerne les délais. Elon Musk livre peu de détails, explique tout de même que le Cybercab sera totalement autonome, sans volant ni pédale et qu’il constitue le futur du transport, en omettant un léger détail, Waymo, filiale de Google, dispose déjà de 700 véhicules de ce genre, dont 300 rien qu’à San Francisco, et assure 100'000 courses payantes par semaine dans 5 villes des Etats-Unis. En résumé, la grande annonce de ce matin n’accouche même pas d’une souris, ce qui n’étonne probablement personne tellement le personnage est fantasque. Elon Musk en profite pour dévoiler une nouvelle version de ses robots humanoïdes Optimus, destinés à aider les humains pour des tâches ménagères, là encore en restant avare sur les détails. 

Plus sérieusement et beaucoup plus important pour le marché, les investisseurs s'attendent à ce que Pékin annonce demain un plan de relance pouvant atteindre 2 000 milliards de yuans (283 milliards de dollars). La Chine renforcera la surveillance économique et augmentera les efforts de macro-contrôle, selon le chef de l'agence de planification économique dans un «article d'opinion». 

Les résultats trimestriels des banques américaines commencent aujourd'hui, avec le chiffre d'affaires de JPMorgan considéré comme robuste grâce à l'augmentation des revenus de trading et des commissions de la banque d'investissement. La croissance des commissions dans les activités de Wells Fargo liées aux dépôts et à la gestion des investissements ne suffira probablement pas à compenser la baisse du revenu net d'intérêts.

Au menu macro-économique de ce vendredi, on démarre avec la seconde lecture de l'inflation allemande de septembre et le PIB mensuel du Royaume-Uni (en ligne en Allemagne, légèrement en dessous au Royaume-Uni). A 14h30, les Etats-Unis publieront l'indice des prix à la production, puis à 16h00, l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan.

Zalando relève ses perspectives de chiffre d'affaires pour l'exercice 2024. Iberdrola prévoit d'investir 15,7 milliards de dollars sur 4 ans dans sa filiale Scottish Power. La FDA homologue l'anticancéreux Inavolisib de Roche aux USA. Flughafen Zürich enregistre une hausse de 5% du trafic passagers en septembre. Boeing dépose une plainte pour pratique déloyale de travail contre le syndicat qui pilote la grève qui affecte l'industriel. Berkshire Hathaway est passé sous la barre des 10% du capital de Bank of America. AMD lance des puces de calcul haute performance axées sur l'IA, baptisées MI325X. Tim Cook a vendu pour 50 millions de dollars d'actions Apple début octobre. Toyota revient en F1 avec un partenariat technique avec Haas.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,57% à la cloche, Hong Kong est fermée, Shanghai perd 2,54%, Séoul égare 0,09% et le Nifty50 recule de 0,21%. Le future SPX est inchangé et l’Europe est indiquée en très légère hausse à l’ouverture de 9 heures.