Gonet: l'actualité des marchés au 10 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Dow +1,03%, S&P 500 +0,71%, Nasdaq +0,60%, Russell +0,26%, SOX +1,06%, Eurostoxx +0,68%, SMI +0,93%.

Pendant que le monde se tourne de plus en plus du côté obscur de la force militaire, que la planète nous envoie des signaux de détresse chaque jour un peu plus nombreux et que Michel Barnier doit se sentir bien seul au monde ce matin, le joyeux royaume des actions continue de planer comme jamais, indifférent aux aboiements des ours (je sais…), la caravane boursière passe encore et encore…

Les indices Dow Jones et S&P500 (SPX) atteignent de nouveaux records historiques à la cloche, c’est le 44e plus haut de tous les temps du SPX cette année. Les minutes de la dernière réunion de la Fed montrent qu'une «majorité substantielle» de responsables de l'institution a soutenu une baisse des taux inhabituelle de 50 points de base à cette occasion. Il y a toutefois eu un consensus sur le fait que cette décision n'engage pas la banque centrale américaine à respecter un quelconque seuil ou calendrier pour réduire davantage les coûts d'emprunt. Les indices clôturent au plus haut de la séance, les mastodontes de la tech sont mitigés, Alphabet (GOOG -1,59%) termine en baisse après que le département américain de la Justice a fait savoir qu'il pourrait demander à un juge de contraindre Google, détenu par le géant technologique, à se séparer de certaines de ses activités. L'inquiétude à propos de Google fait reculer le secteur des services de communication. Pour la plupart, les secteurs majeurs du S&P-500 progressent (podium du jour: santé, tech, industrielles). On observe par ailleurs la baisse de Boeing (BA -3,4%), les discussions entre la firme et un important syndicat d'ouvriers sont dans l'impasse. La croisière s’amuse hier, Norwegian Cruise Line décolle de 10,9% après que Citi a relevé sa recommandation pour le groupe de croisières maritimes. Autres entreprises du secteur, Carnival et Royal Caribbean terminent aussi dans le vert. Arcadium Lithium s’envole 30,9% à la suite de l'annonce de son rachat par Rio Tinto pour 6,7 milliards de dollars.

L’indice Nasdaq100 (NDX) n’est pas en territoire de record historique pour sa part, il lui manque environ 2% pour cela, en revanche hier il conforte un peu plus son niveau de 20'000 points (20'268 pts à la cloche). Le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations) est à la traine, il parvient cependant à se maintenir tout juste au-dessus du niveau de 2200 points, le genre de détail qui parait insignifiant à tout un chacun et se révèle précieux au moment de faire les comptes. En Europe ce n’est pas vraiment la même musique, l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) tente de suivre le rythme de sa grande sœur américaine à grand peine, l’ambiance est à la rigueur budgétaire sur le vieux continent, particulièrement en France et au Royaume-Uni alors que le consommateur européen n’est pas fait du même bois que son alter ego américain, le taux d’épargne de ce dernier est nettement inférieur que «par chez nous». Le bon vieux SMI (Swiss Market Index) parvient ceci dit à récupérer une énième fois sa moyenne mobile à 100 jours en clôture, sacré combat en Helvétie boursière, à suivre.

Assez logiquement, la volatilité se replie, le VIX recule de 2,6% à 20,86, en revanche le MOVE (l’indice de volatilité du marché obligataire américain) reste tendu comme une corde de violon et ne rend quasiment pas les gains récents, il évolue toujours au-dessus de son niveau du 5 août. Le rendement du 10 ans US remonte à 4,07%, il tente en ce moment-même de casser sa moyenne mobile à 100 jours, s’il y parvient il visera ensuite sa 200 jours à 4,16%. Les investisseurs ajustent leurs positions depuis le rapport mensuel sur l'emploi supérieur aux attentes publié vendredi passé, qui a convaincu le plus grand monde que l'économie américaine se trouve dans une meilleure situation que prévu. Le marché attend désormais le rapport sur les prix à la consommation (cet après-midi à 14h30) qui donnera de nouveaux éléments sur l'inflation et sur les possibles mesures de la Fed le mois prochain. Disons que si le CPI sort autour des attentes il ne devrait pas trop influencer le marché, qui se concentre désormais sur la partie croissance. En revanche si le chiffre est nettement supérieur aux estimations il pourrait y avoir du grabuge sur la partie obligataire et, par ricochet sur les autres classes d’actifs.

En parallèle à ces préoccupations macro, la saison des résultats de sociétés au troisième trimestre prend réellement son envol demain avec plusieurs grandes banques américaines, JP Morgan et Wells Fargo notamment. A plus long terme, l’approche de l’élection présidentielle américaine induira probablement de la volatilité dans le marché autour du 5 novembre, enfin le 7 novembre la Fed se réunit à nouveau, le marché prévoit 85% de probabilités d’une baisse de 25 points de base à cette occasion, puis 100% de chances d’une rebelote le 18 décembre. Gardons en tête que le SPX et le NDX progressent déjà de presque 22% cette année, après un cru 2023 exceptionnel. Les nombreuses incertitudes qui se dressent devant le marché des actions ne semblent pas l’effrayer en l’état, lorsqu’on se penche sur les indicateurs internes de marché, quasiment tous montrent un momentum intact, dernier contrôle en date aujourd’hui même avec la constatation que le vénérable Dow Jones (que l’on ne peut accuser d’être mené par le bout du nez par la tech) a réalisé l’exploit de monter 61% du temps sur les 250 dernier jours, une régularité extrêmement rare, la meilleure ou presque en 124 ans.

Les minutes du FOMC de septembre montrent qu'une grande majorité des participants était favorable à une réduction de 50 points de base du taux d'intérêt, la quasi-totalité d'entre eux convenant que les risques d'inflation s'étaient atténués. Cependant, la plupart des participants ont déclaré que les risques à la baisse pour l'emploi avaient augmenté. Les perspectives du comité s'attendent à ce que l'économie reste solide. L'impact des minutes est limité par le rapport sur l'emploi de septembre. Lorie Logan de la Fed de Dallas (ne vote pas au FOMC) déclare qu'une trajectoire plus graduelle est plus appropriée, avertissant que l'inflation pourrait rester bloquée au-dessus de l'objectif de 2%. Susan Collins, de la Fed de Boston (ne vote pas au FOMC) souligne la dépendance de la Fed aux données macro, tout en préservant les conditions économiques favorables actuelles. Le vice-président Jefferson répète que le marché de l'emploi se refroidit sensiblement, mais que la Fed prendra ses décisions au fur et à mesure des réunions.

La Banque Populaire de Chine (PBOC) lance un programme de swap de 500 milliards de yuans (environ 65 milliards d’euros) afin de permettre aux sociétés cotées, aux fonds et aux assurances d’obtenir des liquidités et de les injecter dans le marché des actions, c’est simple la finance non? Cette enveloppe fait partie d'un vaste plan de relance présenté fin septembre par le gouverneur de la PBOC.

En France, c’est le grand jour pour le premier ministre Michel Barnier, qui va présenter son projet de loi de finances à l’Assemblée Nationale. En résumé, Monsieur Barnier doit économiser 60 milliards d’euros afin de démarrer une réduction du déficit budgétaire du pays, sous l’œil attentif d’un marché obligataire fort sceptique, qui exige déjà de la France de payer 3,04% sur sa dette à dix ans, soit plus que l’Espagne et près de la même chose que la Grèce. En comparaison avec la dette allemande, les OAT françaises traitent 77 points de base plus haut, c’est beaucoup, c’est trop et Michel Barnier devra se transformer en magicien aujourd’hui pour ne pas déclencher une vague de mécontentement au sein de la communauté obligataire. Il devra composer sans majorité, avec des oppositions même du côté de certains de ses soutiens (Gabriel, si tu nous lis…). On peut probablement affirmer que, ce matin en France, absolument personne ne souhaite être à sa place.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'indice des prix à la consommation de septembre et les dernières inscriptions hebdomadaires au chômage seront annoncés à 14h30. 

Le CEO de Stellantis Carlos Tavares va proposer un remaniement de la direction. Airbus a livré 497 appareils sur neuf mois. La famille Arnault (LVMH) et Red Bull prendraient des parts dans le Paris FC, selon L'Equipe. Deutsche Telekom veut racheter jusqu'à 2 milliards d’euros d'actions en 2025. Les ventes de Givaudan au troisième trimestre dépassent les attentes des analystes. HSBC envisage un plan de réduction des coûts pour économiser jusqu'à 300 millions de dollars, selon le FT. Avolta prolonge le contrat à l'aéroport international de Milwaukee. Selon le WSJ, The Toronto-Dominion Bank devra payer 3 milliards de dollars de pénalités et de restrictions de croissance dans le cadre d'un accord conclu aux États-Unis. Les déboires antitrust de Google s'accumulent dans les affaires de recherche, d'applications et d'annonces aux États-Unis. Amazon ajoute l'Apple TV+ à son service de streaming Prime Video aux États-Unis. 

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,26% à la cloche, Hong Kong gagne 2,7%, Shanghai avance de 1,32%, Séoul prend 0,19% et le Nifty50 monte de 0,15%. Le future SPX recule de 8 points et l’Europe ouvre en recul de 0,2%. Le dollar est stable, la paire EUR/USD traite à 1,0940, le pétrole évolue à 73,69 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or en est à 2616 dollars l’once, tenu en respect par des rendements obligataires en hausse et un billet vert plutôt fort.

Attachez vos ceintures ! aujourd’hui est le jour de la présentation par Tesla de son robotaxi. La firme d’Elon Musk compte lever le voile sur sa première voiture autonome en auto-partage, censée concurrencer Waymo. On se calme ceci dit, son homologation devrait prendre des années mais on regardera quand même à quoi il ressemble.

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