La dette émergente, une classe d’actifs à (re)découvrir

Vincent Juvyns, J.P. Morgan Asset Management

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La baisse des taux de la Fed a historiquement été positive pour la performance de la dette émergente.

L’automne commence dans l’hémisphère Nord, les feuilles des arbres jaunissent et tombent petit à petit tandis que sur le plan économique la croissance ralentit et les banques centrales baissent leurs taux directeurs pour éviter que ce ralentissement automnal ne se transforme en récession hivernale.

Si le cycle des saisons est immuable, on peut néanmoins toujours changer de latitude pour profiter d’une météo plus clémente dans le Sud. C’est également le cas pour les investisseurs puisque la baisse des taux dans les pays développés renforce généralement l’attractivité des marchés obligataires des pays émergents ou les taux comme les températures sont sensiblement plus élevés.  

C’est d’autant plus vrai que les banques centrales émergentes ont entamé leur cycle d’assouplissement monétaire il y a déjà un an et que par rapport aux banques centrales occidentales, elles sont plus proches de la fin de ce processus que du début. Le taux directeur médian  dans les pays émergents est ainsi passé de près de 7% fin août 2023 à 6% fin août 2024, ce qui reste beaucoup plus élevé qu’en Europe et aux États-Unis.

Ces taux relativement plus élevés doivent naturellement compenser d’une part, une inflation généralement plus élevée qu’en occident et d’autre part, un risque crédit souvent supérieur lui aussi. Cependant, même corrigés de ces facteurs, les taux réels  émergents n’en demeurent pas moins attractifs, s’élevant par exemple à 3,25% en Chine, à 3,9% en Indonésie, à 5,8% au Mexique et même à 6,5% au Brésil, alors que depuis le début de l’année 70% des révisions de rating crédit dans les émergents par les trois principales agences de notation ont été positives.

La dette émergente est devenue au fil des années une classe d’actifs trop importante que pour être ignorée.

Outre des taux réels relativement élevés, les indices de dette émergente ont d’autres caractéristiques qui les rendent attractifs dans le cadre de la construction d’un portefeuille diversifié.

En effet, les indices J.P. Morgan EMBIG Diversified, J.P. Morgan GBI EM Global Diversified et J.P. Morgan CEMBI Broad Diversified affichent notamment des «durations» relativement faibles, comprises entre 4 et 6 ans, ce qui est intéressant dans le contexte actuel d’inflation moins stable et donc de risques tant haussiers que baissiers sur les taux. En outre la corrélation  de ces indices avec les obligations souveraines occidentales, à l’instar des bons du Trésor américain à 10 ans, est très faible puisqu’elle oscille entre 0,28 pour le J.P. Morgan CEMBI Broad Diversified et 0,38 pour l’indice J.P. Morgan EMBIG Diversified.

En plus de ces fondamentaux attractifs, les indices de dette émergente devraient également bénéficier du cycle d’assouplissement monétaire récemment initié par la Réserve Fédérale américaine. En effet, la réduction de l’écart de taux entre les États-Unis et les pays émergents devrait, toutes choses étant égales par ailleurs, conduire à un affaiblissement du dollar par rapport aux devises émergentes et, pour rappel, au cours des cinq derniers cycles de baisse de taux de la Fed, les indices de dette émergente ont toujours affiché de solides performances tant dans l’absolu qu’en relatif.

Ainsi, à titre d’exemple, l’indice J.P.Morgan Emerging Markets Index Plus (ELMI +), qui suit la performance de titres monétaires dans les pays émergents et qui a l’avantage d’être l’un des plus anciens indices émergents, a affiché une performance moyenne de plus de 16%  dans les deux ans qui ont suivi les 5 derniers cycles de baisses de taux de la Fed.

Enfin, au-delà de ces caractéristiques attractives en termes de diversification de portefeuille et de performances, la dette émergente est devenue au fil des années une classe d’actifs trop importante que pour être ignorée. En effet, alors qu’elle ne représentait que 1,4% de la capitalisation des marchés obligataires mondiaux au début des années 1990, elle en représente aujourd’hui 26,6% soit 40 trilliards de dollars de capitalisation.

En conclusion, la dette émergente est une classe d’actifs à (re)découvrir à l’heure où les baisses de taux se multiplient en Occident.

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