Le marché d’actions américain ne se résume pas au secteur technologique

Vincent Juvyns, J.P. Morgan Asset Management

2 minutes de lecture

Même si les fondamentaux et les perspectives de ce secteur demeurent positives, il sera probablement difficile de maintenir le rythme actuel de croissance bénéficiaire.

Au cours des dix dernières années, le marché d’actions américain a largement dominé les autres places financières mondiales. La performance annualisée sur 10 ans du S&P 500 s’est en effet établie à 14,5% en euros contre 7,8% pour le Topix, 7,1% pour l’Europe et 5,3% pour les marchés émergents.

Le secteur technologique américain et principalement les «Sept Magnifiques1» ont été le principal moteur de cette (sur)performance puisque depuis 2021, ces derniers ont contribué en moyenne2 pour 50% à la performance totale du S&P500.

Si le lancement de Chat GPT et l’enthousiasme que celui-ci a généré autour du développement de l’intelligence artificielle ont suffi à soutenir les performances des «Sept Magnifiques» en 2022 alors que leur croissance bénéficiaire était négative3, depuis 2023, c’est bien l’envolée de cette croissance bénéficiaire4 qui a soutenu leurs cours de bourse.

Les performances insolentes des «Sept Magnifiques» et plus généralement du secteur technologique reposent donc aujourd’hui sur des bases solides, ce qui n’était pas le cas au début des années 2000 lors de l’éclatement de la bulle technologique.

Cependant, même si les fondamentaux et les perspectives du secteur demeurent positives, il lui sera probablement difficile de maintenir son rythme actuel de croissance bénéficiaire, de l’ordre de 20% par an, au cours des prochaines années et compte tenu de sa valorisation relativement élevée5, il n’est donc pas à l’abri de prises de bénéfices.

Dans ce contexte, et sachant que ce secteur pèse 31% au sein du S&P 500, il est donc important de veiller à diversifier son exposition au marché US en recherchant également des relais de croissance au-delà du secteur technologique.

A cet égard, il est intéressant de noter que lors de la publication des résultats du deuxième trimestre 2024, la croissance bénéficiaire du S&P 500 (hors Sept Magnifiques) a été positive pour la première fois depuis le 4e trimestre 2022. Le secteur technologique n’est donc plus aujourd’hui le seul contributeur à la croissance bénéficiaire du S&P 500 puisque des secteurs comme les «soins de santé», les «services aux collectivités» ou la «consommation discrétionnaire» ont tous affiché des croissances bénéficiaires à deux chiffres le trimestre dernier.

La perspective d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine conjuguée aux baisses de taux de la Réserve Fédérale (Fed) est en outre de bon augure pour ces différents secteurs. En effet, alors que le secteur technologique réalise près de 60% de son chiffre d’affaires à l’export, les secteurs des «soins de santé» et «consommation discrétionnaire» réalisent 70% de leurs chiffres d’affaires aux Etats-Unis et ce chiffre monte même à plus de 98% pour le secteur des «services aux collectivités». Ces secteurs sont en outre plus gourmands en capital et, à ce titre, ils devraient être les principaux bénéficiaires des baisses de taux attendues de la part de la Fed au cours des prochains mois.

Enfin, après les excellentes performances du S&P 500 au cours de derniers mois, nous pourrions rentrer dans une phase de marché plus volatile, notamment en raison des élections présidentielles du mois de novembre, et les vecteurs de performance pourraient donc évoluer. Ainsi, les secteurs plus défensifs pourraient surperformer les secteurs plus cycliques tandis que, dans une dynamique de marché potentiellement moins favorable, le rendement des dividendes et des rachats d’actions propres pourrait devenir plus important au sein du rendement total. Or, le secteur technologique offre l’un des rendements les plus faibles (2,1%6) alors que ceux des autres secteurs oscillent entre 2,3% pour la «consommation discrétionnaire» et 7,1% pour «l’énergie».

Dans ce contexte, même si nous maintenons une surpondération des actions américaines dans nos fonds diversifiés et même si nous restons convaincus du potentiel à long terme du secteur technologique, nous estimons qu’il est aujourd’hui opportun de diversifier son exposition au marché américain au-delà du secteur technologique.

Cela suppose une approche active de ce marché, avec des déviations assumées vis-à-vis de l’indice tant les positions «longues» que dans les positions «à découvert» dans les stratégies qui le permettent.

 

 

1Nvidia, Meta, Alphabet, Amazon, Microsoft, Tesla, Apple
233% en 2021, de 56% en 2022, de 63% en 2023 et de 45% en 2024 (au 31 aout 2024)
3EPS pro forma sur base annuelle -14%
431% en 2023 et 33% en 2024
5Ratio cours bénéfices attendus au cours des 12 prochains mois de 28,5x contre 21x pour le S&P 500
6Soit 0,7% de rendement de dividende + 1,4% de rendement de rachats d’actions

A lire aussi...