Je suis fort tenté d’acheter vite fait 100’000 signatures afin de lancer une initiative visant à supprimer le mois de septembre.
Ce gredin confirme une fois encore qu’il est un mois compliqué pour les actions. Oh il n’a pas eu à se forcer cette année, le marché joue à se faire peur depuis la publication du rapport mensuel sur l’emploi américain du 2 août, qui a entrouvert la porte aux doutes quant à la santé de la première économie du monde. Rebelote ce vendredi, tout un chacun attend nerveusement la nouvelle publication mensuelle dudit rapport, qui indique clairement un ralentissement modéré de la croissance économique américaine, avec une légère baisse du taux de chômage à 4.2% au mois d’août (le précèdent était de 4.3%). Les créations nettes d’emplois sortent à 142'000 postes, contre 165'000 prévus. La réaction du marché met du temps à venir, on ne sait trop comment interpréter cette statistique, qui montre dans l’absolu que plus de postes ont été créés en août qu’en juillet et que le taux de chômage a reculé d’un tick, inversant donc une tendance préoccupante. En parallèle, les économistes attendaient plus, le débat se concentre donc logiquement sur la Fed et ce qu’elle annoncera le 18 septembre. 25 points de base de coupe ? 50 ? Quid des deux réunions suivantes en 2024 ? Les Fed Funds continuent pour leur part de prédire quatre coupes de 25 points de base chacune, il faudrait donc selon eux que la Réserve Fédérale dégaine 50 points d’un coup à l’une des trois fenêtres de tir qui lui restent en 2024. La peur d’une récession reste clairement présente dans les esprits, on a rangé l’inflation dans le tiroir des dossiers à classer, en parallèle, la vague autour de l’IA, qui a aussi porté les indices d’actions, est en train de ralentir, le marché semble en manque de visibilité et de carburant pour repartir vers le nord.
Sur le marché obligataire, les taux long fléchissent après le rapport sur l’emploi vendredi après-midi, les taux courts reculent encore plus et permettent à la courbe des taux 2 / 10 ans de passer en territoire positif, ce matin de 5 points de base. Il est plutôt cocasse d’observer ce mouvement alors que les craintes de récession énervent littéralement les investisseurs depuis un mois. Le 10 ans US vient tester son support de 3.67% vendredi (3.6443% en bas de séance), pour repasser au-dessus et traiter ce matin à 3.74%, le niveau de 3.67% est donc conforté en l’état dans son rôle, si toutefois il est cassé, ensuite on regardera la zone 3.50% - 3.00%.
L’indice S&P500 (SPX) se prend bien les pieds dans le tapis vendredi, il termine sa journée quasiment au plus bas du jour, dans des volumes d’échanges en reprise, le breadth est sans appel à 4 contre 1 négatif. Au chapitre des secteurs, hormis l’immobilier qui clôture à l’équilibre, ça appuie fort du côté des services de communication, de la consommation discrétionnaire et de la tech. Tesla semble déchargée, le titre chute de 8.4%. Sur la semaine le SPX abandonne 3.3%, le Nasdaq 4.7% et le Russell2000 (RTY) des petites capitalisations 5.1%. Ce n’est guère mieux en Europe, le Stoxx Europe 600 (SXXP) recule de 4.4% le Swiss Performance Index (SPI) abandonne 4.1%. L’indice S&P500 équipondéré (SPW) fait un peu moins mal que le SPX, on prend. Notons que c’est la première performance hebdomadaire négative des actions US après trois consécutives dans le vert.
Au chapitre des performances notables de la semaine, le constructeur automobile chinois Nio gagne 24.2% après avoir annoncé une réduction de 16% de ses pertes et un quasi doublement de son chiffre d’affaires dans le segment voitures électriques. Le géant néerlandais des semi-conducteurs ASML chute de 16%, le gouvernement néerlandais impose de nouvelles règles sur les exportations. Les fournisseurs d'équipements de lithographie à ultraviolets doivent obtenir une autorisation pour exporter hors de l'Union européenne. La raison ? Ces équipements peuvent fabriquer des semi-conducteurs pour des applications militaires. Les règles, en vigueur dès samedi, vont obliger ASML à demander des licences pour exporter certains modèles vers la Chine. Bien évidemment la baisse de Nvidia de 13.8% n’aide pas, la firme continue d’être sanctionnée par le marché, ses résultats n’ont pas été suffisamment stratosphériques au goûts d’investisseurs de plus en plus exigeants, en parallèle les intervenants se tournent progressivement vers des valeurs plus cycliques et longtemps délaissées par le marché. Hermès et LVMH reculent de 12% et 9.2% sur la semaine, c’est encore et toujours le consommateur chinois qui leur met des bâtons dans les roues, les doutes quant à la croissance américaine n’aident pas. La baisse des taux à venir de la Fed pourrait profiter à l’immobilier, aux sociétés pénalisées par leurs endettements et aux petites capitalisations.
Sur le front de l’analyse technique, à 5408 points le SPX est proche de sa moyenne mobile à 100 jours, s’il la casse il regardera ensuite sa 200 jours à 5147 points. Mais le véritable support se situe pile à 5'000 points, c’est là que passe le bas du canal haussier entamé en octobre 2022. 5'000 points, c’est 7.5% plus bas qu’aujourd’hui, sachant que le SPX a déjà abandonné 4.3% depuis son haut récent et qu’il progresse encore de 13% cette année, après un grand cru 2023. Les investisseurs orientés long terme peuvent dormir tranquille, les traders en revanche c’est une toute autre histoire.
La volatilité décolle à nouveau vendredi, le VIX grimpe de 12.5% à 22.38 points. Il voit une résistance à 23.08, s’il la casse ensuite il visera 30 points.
Sur la partie des monnaies, le dollar rebondit quelque peu contre l’euro, la paire traite ce matin à 1.1057. L’or repasse en-dessous des 2500 dollars l’once, le métal jaune subit probablement le rebond du billet vert. Ce matin le pétrole tente enfin un rebond, le baril de WTI Light Crude remonte à 68.62$, après que les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+) ont décidé de retarder l'augmentation prévue de leur production d'or noir.
Donald Trump s’engage à imposer des droits de douane de 100% sur les marchandises provenant de pays qui fuient le dollar. Il devance Kamala Harris de 48% à 47% dans un sondage NYT-Siena College, ce qui suggère que la vague de soutien de la vice-présidente pourrait s'être arrêtée. Selon Realclearpolitics, Madame Harris est créditée de 48.1% contre 46.7% à son opposant, qui grignote un peu de terrain tandis qu’elle en rend légèrement, une confirmation d’une forme d’essouflement du momentum Kamala Harris engendré par le retrait de Joe Biden de la course à la présidence. Prochaine étape le débat de la nuit de mardi à mercredi.
Au menu macro-économique du jour, les stocks des grossistes américains seront publiés à 16h00.
BNP Paribas confirme sa trajectoire financière pour 2024 dans une présentation investisseurs. AstraZeneca s'associe à Roche pour le diagnostic compagnon des biomarqueurs du cancer du poumon non à petites cellules. Palantir, Dell et Erie Indemnity vont faire leur entrée dans le S&P500. American Airlines Group, Etsy et Bio-Rad Laboratories en font les frais. Les Etats-Unis ouvrent aujourd'hui un second procès contre l'abus de position dominante de Google, cette fois dans la publicité. Le nouvel iPhone d'Apple utilisera la technologie de puce de nouvelle génération d'Arm Holdings pour l'IA. DirecTV dépose une plainte auprès de la FCC contre Walt Disney pour pratiques anticoncurrentielles. Boeing met fin à une grève dure en accordant de substantielles hausses de salaires.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices ont une mine automnale. Tokyo rend 0.48% à la cloche, Hong Kong abandonne 1.87%, Shanghai perd 1.06%. Séoul recule de 0.33% et le Nifty50 traite à l’équilibre. Le future SPX récupère 28 points et l’Europe ouvre en hausse de 0.6%.
En Chine, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 0,6% sur un an en août, selon les données publiées lundi par le Bureau national des statistiques. Ce chiffre est inférieur à la hausse de 0,8% attendue par les économistes interrogés par le Wall Street Journal, bien qu'il marque une accélération par rapport à la hausse de 0,5% enregistrée en juillet. Par ailleurs, le gouvernement chinois va réduire de 31 à 29 sa liste de secteurs d'activités pour lesquels les investissements étrangers sont interdits ou limités, ont annoncé conjointement dimanche la Commission nationale du développement et de la réforme et le ministère chinois du Commerce. Cette nouvelle liste entrera en vigueur le 1er novembre.